Parlons MotoGP : Voici pourquoi la promotion de Diogo Moreira soulève une question importante

Hier, nous apprenions la signature de Diogo Moreira en MotoGP ; le Brésilien fera ses débuts en 2026 chez LCR Honda, aux côtés de Johann Zarco. Si vous n’êtes pas familier avec les petites catégories, vous avez parfaitement pu passer à côté, et c’est pourquoi il me semblait cohérent d’en faire un article. D’ailleurs, son cas soulève une épineuse question que je désirais aborder, alors, c’est parti !

 

Un pilote calibre MotoGP ?

 

J’ai suivi de très près l’ascension de Diogo Moreira au fil du temps. Actuel deuxième du championnat Moto2 pour le compte de l’équipe Kalex – Italtrans, il fait très bonne figure, c’est vrai. Pour autant, et je risque de vous surprendre, je n’ai jamais été estomaqué par le Brésilien. Je ne dis pas qu’il n’est pas au niveau, ni même qu’il ne vaut pas l’intérêt que lui portaient plusieurs équipes MotoGP, mais simplement qu’il ne m’est jamais apparu comme un futur crack, soit ce qu’on essaye de nous faire croire actuellement.

 

 

Revenons aux catégories de promotion. En MotoGP Red Bull Rookies Cup, il n’a jamais remporté la moindre course, et compte, pour meilleur résultat au championnat, une sixième place. Passé en Moto3 dans une récente, mais très bonne équipe, il a connu une première année solide, mais pas exceptionnelle, et une deuxième tout aussi honnête. Il s’était imposé, en 2023, pour la première fois en Indonésie, mais, hormis ce succès, sa campagne était plus décevante qu’autre chose : on l’attendait bien plus haut qu’à la huitième position. Pour vous faire une idée, son total de points était quasiment identique à celui de son exercice 2022, étant donné qu’il avait manqué une course pour blessure durant la dernière saison nommée.

Cela ne l’empêcha pas de passer en Moto2 début 2024. L’adaptation fut très, très difficile. Il connut un début d’exercice catastrophique, avant d’arriver aux avant-postes… et de se blesser. Bon, sur la fin, c’était très correct, avec son premier podium en catégorie intermédiaire acquis à Barcelone, lors de la dernière manche. Vient donc cette année 2025, où il se retrouve à jouer le titre mondial.

Sur le papier, il est tout de même intéressant : il jouit d’une bonne vitesse sur un tour et d’une régularité plutôt correcte, sans dire qu’il est un Rueda. Suite à la disqualification de Manuel Gonzalez en Indonésie, il peut carrément penser à la couronne. Il s’est imposé trois fois cette saison, et compte quatre autres podiums… pas mal, mais est-ce suffisant ?

 

 

Au regard de son parcours – et pas que d’une seule saison réussie en Moto2 –, je trouve que c’est un poil maigre pour franchir le pas. Sa carrière, pour l’instant, n’a rien d’exceptionnel au premier sens du terme. En tout cas, elle ne l’est pas autant que celle de Manuel Gonzalez, malchanceux cette année et monstrueux en 2024, ou celle d’Aron Canet. S’il vient à remporter le titre avec sa moyenne de points actuelle, cela en fera un champion honnête, vainqueur d’une grille assez relevée, mais certainement pas à retenir dans les annales.

 

Une étrange coïncidence

 

Après tout, si LCR et Honda ont jeté leur dévolu sur Moreira, c’est qu’il en vaut la peine. Mais je tenais simplement à vous rappeler que ses débuts en MotoGP coïncideront avec le retour du Grand Prix du Brésil au calendrier. On sait que le pays sud-américain est un énorme marché, très important pour le développement économique du sport. Forcément, je ne peux m’empêcher de penser que sa signature est corrélée à cet événement.

Moreira est un très bon pilote, bien sûr, mais est-il meilleur que Manuel Gonzalez ? Est-il meilleur qu’Aron Canet ? Franchement, je ne crois pas. Je n’ai toujours pas digéré le fait qu’aucune équipe n’ait parié sur Canet depuis toutes ces années, alors que ce dernier a montré, contrairement à Moreira, qu’il pouvait être rapide avec n’importe quel type de moto et dans n’importe quelle équipe. La percée de Gonzalez est plus récente, certes, mais cela fait déjà deux saisons qu’il évolue à un « niveau champion du monde », en réalité.

 

 

On sait que la DORNA souhaite conserver une certaine diversité sur sa grille MotoGP. Après tout, si ce n’est pour leur nationalité, comment expliquer la présence de Jack Miller et de Somkiat Chantra cette année ? Depuis quelques semaines, Carmelo Ezpeleta ne cache plus son désir de réduire l’importance du contingent espagnol en Grands Prix, et je me demande si la promotion de Moreira n’est pas un exemple concret de cette nouvelle politique assumée.

Manuel Gonzalez et Aron Canet, snobés par les équipes MotoGP, se sont exprimés dans la presse à ce sujet. D’après Gonzalez, c’est plus dur de passer en catégorie reine si l’on est Espagnol. Lorsque j’ai lu ceci, je n’ai pu m’empêcher de pouffer, au vu du nombre d’Ibériques qui règnent sans partage sur le sport depuis quinze ans. Mais, après réflexion, je me dis qu’il n’avait peut-être pas tort, car je ne suis pas en mesure d’expliquer, sur la seule base du potentiel et des résultats, sa non-sélection.

Je voudrais simplement vous poser quelques questions. Pensez-vous que Diogo Moreira aurait suscité autant d’intérêt s’il avait été espagnol, « comme les autres » ? N’aurait-il pas été un très bon pilote de plus au milieu de ses compatriotes ? Ce ne sont là que des interrogations que j’estime légitimes. Je souhaite de tout cœur que Moreira réussisse à accomplir ses objectifs.

Je suis curieux d’avoir votre avis sur sa sélection. Dites-le-moi en commentaires ?

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

 

Photo de couverture : Italtrans Racing