L’opération à l’épaule de Marc Marquez prive Ducati d’un atout irremplaçable : son pilote-phare ne participera pas aux dernières courses ni aux essais de Valence. Pour Davide Tardozzi et Gigi Dall’Igna, cette absence dépasse la simple blessure. C’est un séisme technique, humain et symbolique.
Le paddock est resté muet un instant. Ducati a annoncé que Marc Marquez ne reviendrait plus en 2025, contraint de se retirer après une opération délicate à l’épaule droite.
La blessure, survenue lors d’un accrochage avec Marco Bezzecchi en Indonésie, semblait d’abord bénigne. Mais les examens ont révélé une lésion profonde des ligaments, imposant une immobilisation complète du bras pendant quatre semaines.
Marc espérait revenir à temps pour le test de Valence et la première apparition de la Desmosedici GP26. Désormais, il ne montera pas sur la moto avant les essais de Sepang, en février 2026.
Toujours mesuré dans ses mots, Davide Tardozzi n’a pas tenté de dissimuler la frustration de Borgo Panigale.
« Oui, c’est évident que c’est dommage de ne pas avoir son retour sur la nouvelle moto que nous apporterons à Valence. Mais nous savons qu’il sera avec nous, même à distance. Marc est Marc. »
Derrière la diplomatie, le message est clair : Ducati perd la pièce maîtresse de son développement.
Marquez, depuis son arrivée, était devenu l’œil du cyclone technique — capable de ressentir chaque faiblesse du châssis, chaque nuance d’adhérence. En son absence, c’est toute la chaîne d’analyse qui se retrouve amputée.
L’ingénieur en chef, Luigi Dall’Igna, parle sans détour :
« L’objectif est que Marc revienne à 100 %. Nous avons décidé ensemble de prendre le temps nécessaire. Mais ne pas pouvoir utiliser ces dernières courses ni le test de Valence comme point de développement, c’est clairement un gros problème. »

Le facteur Marc Marquez dans le développement : la décision d’homologation compromise chez Ducati
Pour Dall’Igna, cette perte est double : technique et stratégique. La GP26 devait être la synthèse des données recueillies par Marquez sur la GP25, moto qu’il avait su transformer en une arme redoutable malgré des réglages encore jeunes.
Sans lui, Ducati doit compter sur Bagnaia, Alex Marquez et Di Giannantonio pour fournir les premières impressions — une base utile, mais moins incisive.
Ce que perd Ducati n’est pas seulement un champion du monde, mais un traducteur sensoriel. Marquez sait dire ce que la machine “ressent”, là où d’autres ne font que subir ou interpréter.
Sa manière d’appréhender les limites mécaniques pousse les ingénieurs à redessiner les paramètres de la moto. L’absence de ce feedback au moment du lancement du prototype 2026 risque d’handicaper l’équipe : moins de données extrêmes à analyser, un développement hivernal plus long, et une validation retardée de la direction technique.
Pecco Bagnaia, méthodique et analytique, reprendra une partie du travail. Mais comme le dit un technicien de l’équipe : “Pecco optimise une moto parfaite, Marc cherche les failles pour la rendre imbattable.” Cette différence de philosophie pourrait freiner le rythme de développement.
Pendant ce temps, Aprilia et KTM avancent vite, profitant de l’ouverture laissée par l’absence du “fou génial” de Ducati.
Et maintenant ? Trois scénarios pour 2026 …
Le retour triomphal : Marquez revient à Sepang en février et retrouve instantanément son niveau. Ducati lance la saison MotoGP 2026 sur une base solide.
La transition prudente : Bagnaia guide le projet jusqu’à mi-saison avant de céder le flambeau à un Marquez à 100 %.
Le retard structurel : Ducati perd un cycle de développement complet, et voit Aprilia ou KTM combler l’écart.
Marc Marquez avait été recruté pour repousser les limites de Borgo Panigale. Ironie du sort : c’est son absence qui les met à nu.
Tardozzi garde la foi, Dall’Igna garde la raison — mais entre eux flotte une évidence : la Desmosedici roule toujours vite, mais sans le moteur humain qui la rendait vivante.
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