Un podium, des chronos renaissants, des rivaux qui commencent à regarder dans le rétro… Oui, Honda respire à nouveau en MotoGP. Mais alors que certains s’emballent déjà en voyant Joan Mir et ses coéquipiers jouer aux avant-postes, Romano Albesiano – cerveau du renouveau technique de la RC213V – appelle au calme.
Le directeur du développement HRC, recruté il y a moins d’un an après avoir façonné la spectaculaire Aprilia RS-GP, a choisi de jouer la carte de la prudence :
« Il faut être prudent avec les données existantes. Certes, de nouveaux composants ont été utilisés ici en février dernier, mais en octobre, nous parlons de nouvelles pièces dans tous les domaines de la moto. Ce n’est plus comparable. »
### **Sepang, le juge de paix… et des illusions**
Si Honda affiche un bond spectaculaire à Sepang, ce n’est pas un hasard. La chaleur écrasante, les freinages brutaux et les longues courbes mettent chaque centimètre carré d’une MotoGP à rude épreuve. Albesiano n’en disconvient pas :
« Il n’existe aucun autre circuit aussi complet. Traction, freinage, stabilité, vibrations, accélération — tout est mis à l’épreuve. Les motos doivent être complètes et répondre à toutes les exigences du pilote. »
Les progrès sont nets, mais le techno-chef de Honda sait que Sepang peut parfois être un mirage :
« Mon expérience m’a appris qu’après de bons essais à Sepang, on revient ici pour la course et que les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances. »

Albesiano : « la recherche aérodynamique en MotoGP ne fait que commencer »
Honda a enfin compris une leçon que Ducati applique depuis dix ans : arrêter de tout changer tout le temps, miser sur la continuité technique ET humaine :
« La grande stabilité dont nous bénéficiions déjà entre 2024 et 2025 a été un atout », note Albesiano, convaincu que la cohérence de son groupe est un facteur de progrès.
Un chantier est prioritaire : l’aéro. C’est le domaine où Honda avait des années de retard. C’est aujourd’hui son accélérateur de performance.
« L’aérodynamique est le domaine où les efforts ont le plus augmenté et où nous avons réalisé des progrès significatifs. Nous n’avons commencé à travailler massivement dans ce domaine qu’il y a un an ou un an et demi. »
Et le message est fort : « la recherche en MotoGP ne fait que commencer dans ce domaine. »
Sous-entendu ? Les progrès visibles en 2025 ne seraient qu’un début. Malgré sa réserve scientifique, Albesiano laisse filtrer un enthousiasme difficile à contenir : « je ne devrais pas être trop optimiste pour les courses, mais pour finir, je suppose que je pourrais l’être. »
En clair, Honda a trouvé la bonne direction, les progrès sont structurels, les pilotes retrouvent leurs ailes, mais il reste encore du chemin vers la victoire régulière
Honda n’est pas encore de retour au sommet du MotoGP. Mais pour la première fois depuis le départ de Marquez… « la crise » n’est plus un mot du quotidien, c’est désormais un mot du passé. Et si le plus grand exploit de la saison n’était pas la domination d’Aprilia ou le vacillement Ducati… mais le retour du géant endormi ?

MotoGP, Malaisie : classement































