La blessure de Marc Marquez a eu l’effet d’un test de résistance brutal pour Ducati. Tant que le n°93 était là, tout semblait simple : la GP25 gagnait, le titre tombait dans l’escarcelle de Borgo Panigale, et le monde continuait de tourner autour de cette combinaison infernale : le meilleur pilote + la meilleure moto.
Puis l’accident en Indonésie. Et soudain, la réalité, nue, inquiétante : sans Marquez, le rouge Ducati n’est plus un rouleau compresseur.
Avec Marc la domination officielle est totale. Sur 19 courses, l’usine Ducati a gagné 16 fois — dont 11 rien que pour Marquez. Avec lui, la GP25 semble pilotée par un extraterrestre.
Sans Marc la vulnérabilité est exposée. Sans le n°93 dans les parages, Bezzecchi a gagné des courses, Aprilia est devenue la menace déclarée, Acosta met la KTM sur le podium. Raul Fernandez l’a rappelé à Phillip Island : la flèche rouge italienne tombe loin du centre de la cible.
Alors, la Ducati est-elle toujours la meilleure moto ? Peut-être, mais plus pour tout le monde. La Desmosedici peut emmener n’importe quel pilote sur un podium. Même la GP25, pourtant décrite comme brutale et capricieuse.
Mais voilà le vrai problème : seul Marc Marquez en tire 100% du potentiel. Bagnaia s’y perd. Di Giannantonio navigue entre coups d’éclat et naufrages. Et quand le pilote qui dicte le développement s’absente… Ducati se retrouve aveugle.
Le piège pour Ducati est là : Honda 2.0
Et on se souvient soudainement que Honda avait misé exclusivement sur Marquez. Résultat ? Une moto conçue pour un seul génie, des pilotes de la marque détruits les uns après les autres et un déclin sportif et technique.
Chez Ducati, la tentation est grande : suivre aveuglément la voie Marquez, puisqu’elle mène à la victoire immédiate. Mais l’histoire du MotoGP dit que lorsque l’on bâtit une moto autour d’un seul homme, on devient esclave de son corps. Et ce corps, l’Espagnol l’a déjà sollicité au prix fort.
2026–2027 promet d’être le vrai carrefour stratégique. Marc sera-t-il prêt pour les tests à Valence ? Qui validera la GP26 s’il manque l’appel ? Ducati doit-elle écouter Pecco, Alex, Diggia au risque de perdre en performance ? Si Ducati mise tout sur Marc, elle gagne aujourd’hui… mais pourrait tout perdre demain.
La marque de Borgo Panigale a besoin de Marc Marquez. Mais Ducati doit apprendre à survivre sans lui. La victoire facile est séduisante. Le développement durable est vital. Mais sans équilibre… La plus grande force de Ducati pourrait devenir sa faiblesse fatale.
