pub

Aprilia

Aprilia est désormais le constructeur le plus proche de Ducati en termes de performance. Cela se voit depuis la mi-saison, où les hommes de Massimo Rivola semblent avoir trouvé un petit plus, notamment sur la moto de Marco Bezzecchi. Bon, ça, c’est bien beau, mais Aprilia pourrait-il réellement inquiéter Ducati sur une saison complète ? Analyse.

 

Un détail qui fait la différence

 

Je pense effectivement que la firme de Noale pourrait au moins rivaliser avec Ducati en tant qu’entité. Il n’est pas question de pilotes pour l’instant ; j’y reviendrai ultérieurement. Depuis 2022 et la prise d’indépendance d’Aprilia – qui travaillait auparavant avec Gresini –, les Italiens n’ont fait que s’améliorer. D’abord avec Aleix Espargaro, puis avec Maverick Vinales, notamment. Les premières victoires sont arrivées, récompense de l’incroyable travail de Massimo Rivola et Alberto Albesiano, considéré comme l’un des meilleurs ingénieurs motocyclistes du monde à l’heure actuelle.

 

Aprilia

Bezzecchi est en train de devenir une star du championnat. Photo : Michelin Motorsport

 

De 2022 à 2024, Aprilia arrivait à chatouiller Ducati, mais sans réellement pouvoir s’en approcher. Il fallait compter sur des exploits individuels pour espérer voir une victoire Aprilia, mais il était difficile de constater une réelle continuité, une dynamique durable. Cela se matérialisait, notamment, par un essoufflement progressif au fil de la saison. Aprilia n’arrivait pas à maintenir l’intensité nécessaire sur une année entière pour rattraper la Ducati, qui, elle, ne faiblissait jamais.

Voici ce qui a changé en 2025, ce fameux détail qui, d’après moi, va faire toute la différence en 2026. Pour la première fois de son histoire indépendante, l’Aprilia RS-GP est plus forte en fin de saison qu’au début. Elle est aussi plus polyvalente, avec des résultats honorables sur des circuits stop & go (Red Bull Ring) et à haute adhérence (Misano), ce qui pêchait les années précédentes. Tout cela sans perdre la moindre once de compétitivité sur des circuits aux longues courbes et aux freinages à plat, soit les profils favorables à la RS-GP depuis 2022. Désormais sous l’égide de Fabiano Sterlacchini sur le plan technique – alors qu’Albesiano fait les beaux jours de Honda –, Aprilia n’a rien perdu, et, mieux, a même gagné en régularité comme en performance.

 

Un contexte particulièrement défavorable

 

On pourrait croire qu’il s’agit là d’une simple coïncidence, qu’Aprilia réussit à menacer Ducati car KTM est en proie à des problèmes financiers ou grâce aux soucis des rouges actuellement. Que nenni. Aprilia n’évoluait pas avec un contexte favorable du tout au début de la saison, sans doute plus contraignant encore que ceux de KTM et de Ducati.

Tout d’abord, le rang de concession. Aprilia est en catégorie « C », comme KTM, ce qui signifie qu’ils devaient valider, début 2025, le moteur qui allait servir pour les saisons 2025 et 2026. Ils ne pourront donc pas le modifier. Ducati est en « A », mais ils avaient alors beaucoup d’avance au vu de la domination de la Desmosedici GP24. Les Japonais, eux, peuvent encore librement modifier cet organe essentiel à la performance. En gros, Aprilia et KTM partagent bien des contraintes avec Ducati, mais sans la performance initiale.

Vient maintenant la question des pilotes. La marque de Noale débutait l’année avec un Marco Bezzecchi en perte de confiance, auteur d’une saison 2024 très moyenne chez Ducati VR46. Jorge Martin, la recrue star qui devait insuffler l’esprit de la victoire dans la maison italienne, s’est blessé sans même avoir pu prendre la mesure de la RS-GP25. Son calvaire a continué suite à une nouvelle chute au Qatar, après être revenu trop tôt. D’ailleurs, à cause d’un énième volume au Japon, il sera sans doute absent jusqu’à la fin de saison. Comme si cela ne suffisait pas, le « Martinator » est entré en conflit ouvert avec son employeur, déclenchant une véritable affaire contractuelle dont se serait bien passé Massimo Rivola.

 

Aprilia

Aprilia est deuxième du classement constructeur à l’heure où ces lignes sont écrites. Photo : Michelin Motorsport

 

Côté équipe satellite, rien d’incroyable non plus, a priori : Raul Fernandez n’avait encore rien prouvé depuis son arrivée en MotoGP début 2022, et Ai Ogura, son coéquipier rookie, s’est blessé très tôt dans la saison.

Et pourtant, avec deux pilotes, plus ou moins – Fernandez et Bezzecchi –, Aprilia a réussi à tenir la dragée haute à KTM, qui jouit, pour sa part, d’une des plus forte line-ups de ces dernières années sur le papier (Bastianini/Vinales/Acosta/Binder). C’est très, très fort. Le plus grand succès n’est autre que le retour aux affaires de Bezzecchi, qui est, à bien des égards, l’un des pilotes les plus menaçants en MotoGP à l’heure actuelle.

 

Aprilia ne doit pas rater le coche

 

Tout cela me fait dire qu’avec un brin de chance, oui, le titre 2026 pourrait être à leur portée, comme le croit Massimo Rivola. Ducati traverse une période difficile, et commence à devenir dépendant de Marc Marquez pour performer de manière régulière, en l’absence de Bagnaia. Étant donné que Ducati ne devrait pas réaliser d’évolution majeure sur la GP25 à un an d’un changement de réglementation, j’ai du mal à croire que les Desmosedici domineront totalement la catégorie en 2026 comme c’était le cas en 2024.

Ce sera l’année ou jamais pour Aprilia, mais attention : s’ils mettent toutes les forces dans la bataille, il faudra décrocher le titre. L’exemple de KTM en 2022 devrait les alerter : cette année-là, la firme autrichienne avait énormément dépensé de ressources pour s’emparer de la couronne, mais ça ne l’avait pas fait. Encore aujourd’hui, Pit Beirer s’en mord les doigts. À un an d’un changement radical où les cartes seront rebattues, ce sera l’occasion rêvée pour Aprilia de prendre un titre pilote et/ou constructeur. Il faudra transformer toutes les occasions, ne pas gâcher comme KTM il y a trois ans, et tenir bon jusqu’au bout. Suzuki l’a fait en 2020 : une occasion, un but, avec le sacre de Joan Mir. En tout cas, je crois que c’est possible.

Partagez-vous mon analyse quant à la situation d’Aprilia ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Ducati a Marc Marquez, bien sûr, mais celui-ci peut se blesser comme c’est très souvent le cas depuis 2020. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

Tous les articles sur les Pilotes : Marco Bezzecchi

Tous les articles sur les Teams : Aprilia Racing MotoGP