À seulement 21 ans, Pedro Acosta vit l’une des périodes les plus singulières de sa jeune carrière. Toujours sans victoire en MotoGP, le prodige espagnol de KTM aborde pourtant cette fin de saison 2025 avec une sérénité nouvelle, loin de la fébrilité et de la frustration qui l’avaient traversé au printemps.
Son regard a changé. Son discours aussi. Là où d’autres voient un rêve encore inachevé, lui parle désormais d’un apprentissage nécessaire : celui de la patience.
« Je suis plutôt résigné », lâche-t-il d’emblée, sans détour. Pas abattu — résigné dans le sens d’un homme qui comprend que tout ne se commande pas.
« Je suis au sommet de ma forme », dit-il. « Plus confiant que jamais dans ma capacité à gagner des courses, plusieurs même. Mais on finit par réaliser qu’on ne peut influencer que ce qui est en notre pouvoir. »
L’Espagnol, d’ordinaire vif et impatient, a appris à composer avec une réalité plus dure : dans le monde du MotoGP, le talent brut ne suffit pas toujours. « Quand j’ai compris ça, mon état d’esprit a changé. Je me concentre sur ce qui est réalisable, pas sur ce qui manque. J’aime penser que la vie me prépare à quelque chose de meilleur. »
Au début de l’année, Acosta a même tenté de se libérer de son contrat KTM pour 2026. Sans succès. Et sans surprise, la tension était palpable.
« J’étais nerveux, oui. Mais pas seulement à cause du projet. J’ai aussi douté de moi-même. Avant le MotoGP, j’ai toujours eu la meilleure moto ; il suffisait de piloter. Si je perdais, c’était ma faute. Si je gagnais, c’est que j’avais tout bien fait. »
Mais cette équation simple a volé en éclats. En découvrant la complexité du MotoGP, Acosta a compris que même le meilleur des pilotes ne peut pas forcer une machine à gagner avant qu’elle ne soit prête.
« J’ai fait tellement confiance à la moto que je me suis mis toute la pression. Et quand les résultats n’étaient pas là, je me suis blâmé pour tout » avoue-t-il sur Motorsport.

Pedro Acosta : « je ne me préoccupe pas du marché. Si je continue à performer comme depuis l’été, les opportunités viendront d’elles-mêmes »
La sortie du tunnel s’est jouée à l’entourage. « Il faut s’entourer de bonnes personnes », dit-il avec un sourire discret. Son manager, Albert Valera, y est pour beaucoup. « Il m’a aidé à comprendre que parfois, les chutes arrivaient simplement parce qu’on voulait plus que ce que la moto pouvait offrir. »
Cette lucidité nouvelle lui permet de relativiser : « il y a des objectifs que vous ne pouvez pas atteindre, même avec tous les efforts du monde, si les conditions ne s’y prêtent pas. Dans ces moments-là, il faut rester calme, se souvenir de son potentiel. C’est la chose la plus facile à oublier. »
Alors que le marché des pilotes commence déjà à s’agiter pour 2027, Acosta refuse d’y penser. « Je ne me préoccupe pas du marché. Si je continue à performer comme depuis l’été, les opportunités viendront d’elles-mêmes. Et si KTM progresse, c’est aussi une possibilité. »
Il ne cherche plus à tout contrôler ; il veut simplement avancer.
« Les gens du paddock savent exactement ce qu’il me reste à faire pour gagner. Le reste viendra quand le moment sera juste. »
Sous ses airs détendus, Pedro Acosta reste un compétiteur de feu. Mais désormais, il ne brûle plus son énergie contre l’impossible. Il apprend à laisser venir ce que le temps lui réserve.
Et peut-être est-ce justement cela, la marque des futurs champions : savoir attendre le bon moment pour frapper.
































