L’année 2025 restera sans doute comme la plus cauchemardesque de la carrière de Jorge Martin. Le champion du monde en titre, victime d’une succession de blessures et de rechutes, a manqué 14 courses cette saison — un effondrement brutal pour celui qui incarnait encore, il y a un an, le fer de lance de Ducati.
Recruté par Aprilia après l’épisode Marquez-Ducati qui avait fait grand bruit, Martin devait symboliser la revanche. À la place, il a vécu une descente aux enfers médicale et psychologique.
Tout a commencé lors des essais de présaison à Sepang, en Malaisie, quand Martin s’est fracturé la clavicule et le poignet. Depuis, le corps n’a plus suivi. Chaque tentative de retour s’est transformée en nouvelle épreuve.
Il avait pourtant retrouvé de la vitesse et de la confiance avant de chuter à nouveau au Japon, replongeant dans la convalescence. Une répétition douloureuse qui hante désormais son entourage.
« Il semble motivé et en pleine forme », a expliqué le Dr Angel Charte au Diario AS. « Mon impression ? Sans avoir vu de tests, c’est qu’il va beaucoup mieux, mais j’ai des doutes. »
Selon le médecin catalan, une reprise prématurée pourrait être risquée, et beaucoup au sein du paddock estiment que le mieux serait d’attendre 2026 pour un retour à 100 %.
Le pilote espagnol devrait effectuer son retour à Valence, théâtre de la finale 2025 — une date plus symbolique que sportive.
Il a choisi de faire l’impasse sur le Grand Prix du Portugal, là même où il avait connu en 2021 un effroyable accident qui avait failli mettre un terme à sa carrière.
S’il prend le départ à Valence, même un simple top 15 lui permettrait de prolonger une statistique impressionnante : cinq saisons consécutives sans jamais finir une course hors des points.
Un détail, certes, mais révélateur de la constance et du niveau d’exigence qui ont toujours défini Martin.

La confiance d’Aprilia est intacte : « Jorge Martin est un pilote de pur talent, et nous voulons construire autour de lui »
Lorsque Massimo Rivola, patron d’Aprilia Racing, a signé Martin fin 2024, beaucoup ont levé les sourcils. Ducati venait de lui préférer Marc Marquez pour l’équipe usine 2025, une décision vécue comme une trahison par l’Espagnol.
« Je ne comprends pas que Ducati l’a laissé filer », admet aujourd’hui Rivola. « Mais cela a été notre chance. Jorge est un pilote de pur talent, et nous voulons construire autour de lui. »
Malgré son absence, Aprilia a progressé. La RS-GP s’est imposée comme une arme redoutable sur les circuits rapides, confirmant les énormes pas en avant réalisés en aérodynamique et en motricité.
Et si 2025 a été une année blanche pour Martin, elle pourrait bien préparer la revanche de 2026.
« Aprilia et Jorge se comprennent maintenant parfaitement », commente un ingénieur de l’équipe. « Leur complicité sera leur plus grande force quand il reviendra. »
Les observateurs, comme Neil Hodgson, voient en 2026 une année cruciale. L’ancien champion du monde Superbike pense que si Aprilia rate son début de saison, Martin pourrait chercher une porte de sortie.
Mais il nuance : « s’ils confirment leurs progrès, Jorge aura enfin la machine pour se battre à armes égales avec Ducati. Et là, il redeviendra dangereux. »
De la domination absolue de 2024 à la saison fantôme de 2025, Jorge Martin a tout connu en douze mois : la gloire, la douleur, la frustration et la patience forcée.
Pourtant, rien n’a entamé son mental de champion. Il observe, il apprend, il prépare son retour.
Et si tout se passe comme prévu, 2026 pourrait bien être son année de renaissance – celle d’un homme qui aura survécu à la chute, pour mieux reconquérir son trône.
Parce qu’un champion, un vrai, ne se mesure pas au nombre de courses disputées, mais à la manière dont il revient après la tempête.
































