La saison 2025 de Francesco “Pecco” Bagnaia ressemble à un long combat à contre-courant. Après avoir dominé le MotoGP en 2022 et 2023, le pilote Ducati vit une année d’adaptation douloureuse avec la Desmosedici GP25, une machine capricieuse qui ne lui a jamais offert les mêmes sensations que sa regrettée GP24. Pourtant, à deux manches de la fin, le triple champion du monde peut encore sauver l’honneur en décrochant une place sur le podium du championnat. Un accessit que le patron de la marque Claudio Domenicali vient de lui assigner comme objectif pour lui accorder la mention acceptable sur son bulletin de fin d’année.
Bagnaia, 28 ans, occupe actuellement la quatrième place du classement général avec 286 points, à seulement cinq unités de Marco Bezzecchi (Aprilia), troisième avec 291 points. Devant eux, Alex Marquez (Gresini Ducati) s’est définitivement installé à la deuxième place avec 413 points, tandis que Marc Marquez a déjà été sacré champion avec cinq manches d’avance et un total impressionnant de 541 points.
Bagnaia a connu quatre abandons sur les cinq dernières courses, dont une crevaison dramatique à Sepang alors qu’il se battait pour le podium. Son patron Claudio Domenicali, PDG de Ducati, a commenté à Sky Italia :
« Eh bien, je pense que cette troisième place est tout à fait acceptable, et reste un résultat extrêmement important. Si l’on considère que, dans un championnat aussi difficile, décrocher la troisième place du podium est assurément un excellent résultat. » Mais, pour le moment, et avant que le Grand Prix du Portugal ne livre son verdict, Pecco Bagnaia est seulement quatrième du championnat.

Le patron de Ducati n’envisage pas un Pecco Bagnaia battu par un Marco Bezzecchi sur une Aprilia
Mais derrière cette diplomatie, tout le monde sait que Pecco ne se satisfera pas d’une simple troisième place. Lui qui a disputé le titre jusqu’au bout lors des quatre dernières saisons — deuxième à 26 points de Quartararo en 2021, champion en 2022 et 2023, puis battu de dix points par Jorge Martin en 2024 —, voit cette année comme un recul plus qu’un accomplissement.
Le mal-être de Bagnaia trouve ses racines dans la Desmosedici GP25, moto sur laquelle il ne s’est jamais senti en parfaite harmonie. Trop rigide, moins intuitive, elle semble mieux convenir à Marc Marquez, qui en a tiré tout le potentiel avant sa blessure.
Le Catalan a remporté 11 Grands Prix, 14 courses sprint et signé huit poles avant d’être stoppé net en octobre.
Pendant ce temps, Bagnaia n’a remporté que deux Grands Prix, une seule course sprint et deux poles — un écart qui illustre le fossé entre les deux styles.
Et pour ne rien arranger, même Alex Marquez, sur une “ancienne” GP24, a souvent devancé le double champion Ducati. Le frère cadet de Marc totalise plus de 400 points et s’affirme comme l’un des hommes forts de la saison.
Ducati se veut rassurante : une place sur le podium serait “formidable”, selon son PDG. Mais dans l’esprit de Bagnaia, il n’est pas question de se contenter d’un lot de consolation. Lui vise le retour au sommet et travaille déjà avec ses ingénieurs pour retrouver la confiance perdue.
Malgré une année en demi-teinte, Bagnaia reste un pilier de Ducati. Le développement de la GP26, déjà lancé avec Michele Pirro, vise à corriger les failles de la GP25. Les ingénieurs promettent une moto plus fluide, plus stable, et surtout mieux adaptée au style précis et propre du champion italien.
La saison MotoGP 2025 restera comme la plus frustrante de la carrière de Bagnaia, mais aussi peut-être la plus formatrice. Entre désillusions techniques et défis mentaux, le Turinois a encore deux Grands Prix pour prouver qu’il ne faut jamais enterrer un double champion du monde.





























