Le destin a joué un drôle de tour à Nicolò Bulega et Toprak Razgatlioglu. Le premier, champion du monde Supersport 2023 et actuel pilote Ducati en WorldSBK, a finalement goûté au MotoGP avant son rival turc au contrat Yamaha pour 2026 déjà en poche. Une opportunité inattendue — mais aussi une leçon précieuse qu’il souhaite désormais transmettre : une MotoGP ne se pilote pas comme une Superbike.
Profitant de la blessure de Marc Marquez, Bulega a fait ses débuts sur la Ducati Desmosedici officielle. L’Italien a signé une performance honorable, parvenant à marquer un point lors du Grand Prix, mais au prix d’un effort intense.
Épuisé en descendant de la moto, il a découvert à quel point l’univers du MotoGP est exigeant, notamment à cause des pneus Michelin, bien plus sensibles que les Pirelli utilisés en Superbike.
« Je pilotais comme en Superbike, mais ça ne fonctionne pas avec le pneu avant Michelin », a-t-il reconnu après sa chute en course sprint.
« Je pilotais sans trop réfléchir, ce qui est la seule façon de prendre du plaisir, mais dimanche, je pense que je devrai faire attention. »
Et il a tenu parole. Le lendemain, Bulega a terminé quinzième, marquant le seul point Ducati officiel du jour, Pecco Bagnaia ayant abandonné.
« Les sensations avec le pneu avant sont tellement différentes », a-t-il ajouté, soulignant la difficulté d’adaptation que représente la catégorie reine.

Un avertissement clair pour Toprak Razgatlioglu
Alors que Toprak Razgatlioglu s’apprête à faire ses véritables débuts avec Yamaha en MotoGP — après un premier test privé à Aragon —, Bulega lui adresse un conseil très clair : oublier ses réflexes de Superbike.
« Le freinage de type Superbike ne fonctionne pas en MotoGP », avertit-il.
« Il va devoir adapter son freinage. Je ne connais pas la Yamaha, et Toprak est l’un des pilotes qui freinent le plus fort, mais le problème, c’est qu’ici, il faut freiner différemment, plus en douceur. C’est là toute la difficulté. »
Un message direct, presque fraternel, de la part d’un pilote qui vient de découvrir par lui-même les pièges de la catégorie reine.
Le constat de Bulega est sans appel : le MotoGP demande une approche radicalement différente, surtout en matière de freinage, de gestion des pneus et de précision. La moindre erreur de transfert ou de charge sur l’avant peut provoquer une chute instantanée.
Pour Razgatlioglu, réputé pour son style spectaculaire et ses freinages tardifs en WorldSBK, la transition promet donc d’être délicate. Les pneus Michelin ne tolèrent ni excès ni improvisation.
Toprak s’entraîne déjà sur la Yamaha M1 à Aragon avant ses débuts officiels aux essais de Valence, où il pourra mesurer la véracité des avertissements de son rival italien.
Nicolò Bulega n’a pas seulement ouvert la voie à Toprak Razgatlioglu — il lui a aussi tendu un miroir. Dans ce reflet, un message simple : en MotoGP, le talent ne suffit pas, il faut réapprendre à piloter.





























