Le constat est accablant. Enea Bastianini, pilote Red Bull KTM Tech3, dresse le bilan d’une saison 2025 « difficile » en tirant une leçon aussi cruelle que révélatrice : « J’ai appris à ne pas ouvrir la bouche quand quelque chose ne va pas » Aveu sidérant d’un champion étouffé par une moto ingérable.
Le pilote italien ne mâche pas ses mots sur l’enfer vécu : « c’était une saison difficile, content que ce soit fini. Trop de hauts et de bas, il y avait un peu de nervosité ». Un euphémisme qui cache mal la descente aux enfers d’un talent pourtant confirmé. Le pire ? Cette terrible lucidité : « commencer un week-end, puis un autre, puis un autre, sans sortir de la 18e place, c’est une défaite ». L’humiliation permanente pour un pilote qui connaît sa valeur.
La déclaration la plus explosive reste son « apprentissage » forcé : se taire. Quand Bastianini affirme avoir appris à « ne pas parler à tort et à travers sur quelque chose », il dépeint un box où la critique est devenue inutile, voire contre-productive. « Parfois, se plaindre trop est juste une perte de temps » – la phrase qui résume l’impuissance totale d’un pilote face à des problèmes structurels insurmontables.

Tech3 en pleine réorganisation et la résignation comme stratégie de survie pour Enea Bastianini
Preuve que le malaise est profond, l’équipe opère un remaniement complet : nouvelle structure technique pour 2026, arrivée d’Andrés Madrid comme chef-mécanicien.
Des changements qui sentent le coup de poker après une saison compliquée. Bastianini mise tout sur un nouvel aménagement de la selle, détail technique qui en dit long sur la situation générale chez KTM.
Le parallèle avec le cri de détresse d’Acosta est saisissant. Tandis que le rookie peste contre une moto qui lui « vole un an de sa vie », Bastianini, plus expérimenté, a choisi la résignation silencieuse. Deux réactions différentes pour un même constat : la RC16 2025 était une machine à briser les ambitions et les ego.
Le message est terrible : dans le MotoGP moderne, face à l’incapacité technique d’une usine, même les plus grands talents doivent apprendre à se taire et à encaisser. Bastianini entre en 2026 en pilote meurtri, contraint d’échanger sa fougue contre une patience de circonstance. KTM parviendra-t-elle à lui redonner une raison de se battre – et de s’exprimer ?





























