Toprak Razgatlioglu a posé un pied — encore discret, mais déjà lourd de symboles — dans le paddock MotoGP ce week-end à Valence. Le champion du monde Superbike entamera officiellement sa « deuxième carrière » mardi, lors des essais IRTA, mais sa présence dans le box Yamaha a déjà donné le ton : le passage du WSBK au MotoGP commence dans les coulisses, bien avant la mise en route de la M1.
Arrivé vendredi soir, Razgatlioglu a reçu un premier message clair de Yamaha : chaque geste, chaque mot compte. Tant que son contrat BMW n’est pas terminé, la prudence est de mise.
Le pilote turc a donc dû se conformer à des règles strictes, rappelées par Yamaha : comportement public mesuré, pas de commentaires techniques, et aucune allusion à la moto qui l’attend mardi.
Un exercice délicat, mais essentiel. Toprak appartient encore à BMW, tout en se préparant déjà à devenir l’un des futurs visages du projet MotoGP de Yamaha.
L’entente entre les deux constructeurs facilite l’opération : Toprak a été autorisé à effectuer un shakedown de la M1 à Aragon, et en retour, Yamaha a laissé Miguel Oliveira tester la BMW Superbike fin novembre.
Les deux hommes rouleront en combinaisons neutres, sans aucune déclaration publique. Un échange de bons procédés rare à ce niveau.
Tout au long du week-end, Razgatlioglu s’est fondu dans l’atmosphère du box Yamaha, aux côtés du pilote d’essai Augusto Fernandez, engagé en wild-card.
Il a aussi longuement discuté avec Andrea Dovizioso, devenu test rider et ambassadeur Yamaha.
Dans le garage Pramac, où Miguel Oliveira évoluait encore, Toprak n’a fait qu’un bref passage : les deux pilotes ne devaient pas se croiser de manière trop visible.
Cette prudence dit tout du moment : le paddock sait que l’arrivée de Toprak en MotoGP est un événement majeur, mais chacun joue sa partition sans faire de vagues.
Ce week-end marque également la fin d’une ère pour Yamaha. Le constructeur abandonne officiellement son moteur quatre cylindres en ligne : dès mardi, seul le prototype V4 — prévu pour 2026 — sera utilisé.

Toprak Razgatlioglu est attendu avec le n°7
Paolo Pavesio, responsable du programme MotoGP, annonce une séance d’essais charnière :
« Nous avons des pièces avec nous. De nouvelles pièces aérodynamiques et un châssis de développement sur l’une des motos d’Augusto. Cela pourrait orienter notre stratégie cet hiver ; nous devons encore prendre une décision. »
Le discours est clair : l’hiver 2025-2026 sera décisif. Pavesio insiste sur l’enjeu crucial du moteur :
« L’objectif est clair : il nous faut plus de puissance. Les tests au banc le confirment. À ce niveau, on ne parle plus d’un ou deux chevaux : nous avons déjà gagné, mais il nous en faut davantage. »
Et souligne les compromis nécessaires : « notre point fort, c’est l’adhérence. Nous devons progresser dans les virages. Nous ne voulons pas perdre cet avantage, mais nous savons qu’il faudra trouver un équilibre. Sinon, nous construirions une moto parfaite. »
Information confirmée : Razgatlioglu courra en MotoGP avec le numéro 7. À Valence, Toprak n’a pas encore roulé. Il n’a pas encore parlé. Il n’a pas encore enfilé sa future combinaison Yamaha.
Mais tout indique que le passage est lancé : Yamaha change de moteur, le paddock s’organise autour de sa venue, BMW joue le jeu, et Toprak Razgatlioglu observe, écoute, engrange.
Mardi, la page se tournera réellement. Mais à Valence, l’histoire a déjà commencé.





























