L’arrivée de Toprak Razgatlioglu en MotoGP était censée être l’image de la présaison 2026. Après huit saisons de domination en Superbike, on s’attendait à le voir jeter la Yamaha V4 dans un stoppie en rentrant du box. Et on l’a vu. Mais mardi 18 novembre, sur le tracé Ricardo Tormo, la réalité a été aussi beaucoup plus prudente … et Kenan Sofuoglu, son mentor, n’a pas hésité à le dire malgré une prestation générale saluée par tous. Comme un avertissement !
Yamaha a inauguré pour tous ses effectifs son nouveau prototype V4, un moment d’une ampleur historique pour la marque d’Iwata. Mais l’usine est arrivée avec un matériel limité, une seule machine pour Toprak … et donc une obsession est rapidement apparue comme incontournable : ne rien casser.
Dans ce contexte, Sofuoglu a confié à MotoGP.com, avec une franchise déconcertante : « je vois que Razgatlioglu a un peu peur ; ce n’est pas notre Toprak. »
Puis il a immédiatement expliqué pourquoi :
« Il est prudent et il a peur pour le moment, mais il est là. Il n’y a pas beaucoup de motos en ce moment ; il n’y a qu’une seule V4 pour Toprak. »
Impossible donc de voir le Razgatlioglu flamboyant du WSBK, celui qui pose un stoppie comme d’autres posent un genou au sol.
### **Un chrono anecdotique, mais un message clair : ne rien risquer**
En piste, l’écart était net : 1,5 seconde du meilleur temps. Mais pour Kenan, ce chiffre ne dit rien :
« Honnêtement, quand on regarde le temps au tour, il est 1,5 seconde plus lent, mais moi, je ne vois pas notre Toprak. »
Le contexte joue lourdement contre lui. Le reste du paddock sortait tout juste de la course de dimanche, en pleine confiance, tandis que Toprak découvrait une nouvelle moto, un nouveau moteur, un nouveau circuit.

Kenan Sofuoglu : « vous voyez bien que Toprak Razgatlioglu n’a pas poussé à fond »
Sofuoglu le rappelle : « il y a eu une course ce week-end et tout le monde a pu se familiariser avec ce circuit. Toprak, lui, pilote une nouvelle moto sur un nouveau tracé, avec de nouveaux défis à relever. Mais il se débrouille bien pour le moment. »
Certains sont convaincus que les prototypes MotoGP étoufferont la créativité du phénomène turc, mais Kenan reste imperturbable.
« Après quelques essais, on verra le vrai Toprak, enchaînant les stoppies au freinage, les dérapages et les accélérations fulgurantes. »
« Beaucoup pensent qu’il ne peut pas reproduire ces sensations sur une MotoGP, mais ils verront tous qu’il en est capable. »
Et il réactive même la légende du Turc :
« Avant son arrivée en Superbike, personne ne pilotait comme lui. Il surprendra tout le monde par ce qu’il est capable de faire sur sa moto, car il nous surprend toujours. »
Toprak avait déjà roulé une semaine auparavant à MotorLand Aragon. Mais Sofuoglu dégonfle immédiatement l’importance de ces tours :
« À Aragon, l’objectif était surtout de rencontrer l’équipe, de découvrir la moto et de trouver la bonne position de pilotage. »
Aucun travail de performance, aucun repère valable : juste un préchauffage humain. Le message interne est limpide : on apprend, on ne brille pas.
« Je pense que nous devons nous contenter de ça. » Sofuoglu résume la stratégie Yamaha avec une sobriété glaciale : « pour l’instant, vous voyez bien qu’il n’a pas poussé à fond… On ne cherche pas à provoquer une chute pour prendre la tête du classement. On cherche à apprendre, à ralentir et à éviter de casser la moto. »
Le duel entre la discipline d’usine et l’instinct du pilote vient de commencer. Si Yamaha veut vraiment révolutionner son approche, elle devra peut-être apprendre à lâcher la bride à son nouveau prodige. Parce qu’un Toprak domestiqué n’est plus… Toprak.
La suite des essais sera déterminante : soit le Turc parvient à imposer son style, soit il devra se plier aux rigidités de la MotoGP moderne. Le choc des cultures pourrait bien impacter la suite du projet Yamaha en MotoGP.





























