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Pirelli

L’année 2025 se termine comme elle avait commencé pour Pirelli : dans l’intensité et sous pression. Mais le constructeur italien quitte Misano avec le sourire. Un test MotoGP crucial s’est déroulé sans la moindre chute, un résultat rare qui ouvre des perspectives inattendues sur les plans technique… et économique. Giorgio Barbier, directeur de la compétition chez Pirelli, a livré une analyse complète de ces essais qui pourraient marquer un tournant dans l’ère des pneus MotoGP.

Avant d’aborder le MotoGP, Barbier tient à rappeler les progrès réalisés dans les catégories intermédiaires, terrain d’expérimentation privilégié des ingénieurs :

« Un autre championnat exceptionnel vient de s’achever, notre deuxième saison en Moto2 et Moto3. Nous avons obtenu de nombreux succès, dépassant même nos attentes. »

Selon Barbier, c’est un processus collaboratif qui a permis à Pirelli d’intégrer de nouvelles solutions pour le pneu arrière, inspirées directement du Championnat du Monde Superbike.

Un transfert technologique assumé : « les retours que nous avons reçus ont été très intéressants ; en effet, en 2026, ces solutions seront intégrées à la chaîne de production de Pirelli. »

Un chiffre a circulé de box en box à Misano : 70 % d’économie sur les pièces détachées pour les équipes Moto2 et Moto3…

Moins de chutes, moins de casses, moins de réparations. Les constructeurs MotoGP, eux aussi, ont immédiatement tendu l’oreille après une journée d’essais sans un seul incident, toutes marques confondues.

Barbier confirme : « les équipes ont calculé une économie de 70 % sur les pièces détachées : moins d’accidents, moins de dégâts. »

La perspective intéresse les constructeurs de la catégorie reine, confrontés à des budgets qui explosent, à l’heure où les discussions autour d’un plafond des coûts deviennent de plus en plus pressantes.

Le test a été avancé pour profiter des conditions : “nous voulions être prêts pour décembre”. La météo a imposé son tempo.

Pirelli a insisté pour avancer le test afin de valider les prototypes au plus vite et respecter un calendrier ambitieux.

« Les conditions environnementales étaient importantes, c’est pourquoi nous souhaitions réaliser l’essai au plus vite. L’objectif était, et reste, clair : être prêts à proposer un produit utilisable en MotoGP dès décembre. »

Problème : les prototypes MotoGP 850 cc, prévus pour la nouvelle ère 2027, ne sont pas encore prêts. La solution ? Utiliser les actuelles 1 000 cc, avec l’accord unanime de Dorna et des constructeurs.

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Les équipes s’adaptent déjà au Pirelli : “Elles ont même modifié leurs réglages

Dans les stands, la curiosité a vite laissé place au travail de fond. Barbier raconte : « certaines équipes ont même modifié leurs réglages pour s’adapter à nos pneus. »

La question que tout le paddock se posait : comment les motos réagiraient-elles après onze ans d’habitude aux pneus Michelin ?

La réponse se veut optimiste : « Très bien. » Barbier rappelle cependant un point essentiel : ce que Pirelli développe pour le MotoGP n’a rien d’un produit commercialisable.

« Le MotoGP doit utiliser des pneus d’une dimension spécifique. Notre produit sera utilisé exclusivement dans ce championnat ; il ne sera pas commercialisé. Il s’agira donc d’un prototype. »

Le savoir-faire reste cependant celui de Pirelli : matériaux, carcasse, philosophie de construction.

Pirelli vise déjà la prochaine grande étape : faire rouler les pilotes d’usine.

« Nous pourrions organiser un test avec les pilotes d’usine mi-2026. Cela dépendra de l’évolution du marché de la moto. »

Le manufacturier souhaite ajouter une ou deux journées d’essais premium pour accélérer le développement avant l’arrivée du MotoGP 2027.

Alors que Pirelli vit sa dernière année comme fournisseur exclusif du WorldSBK, l’entreprise ne compte pas lever le pied.

« Nous commencerons prochainement les essais hivernaux avec de nouveaux matériaux. Nous ne cesserons pas le développement, quelles que soient les économies réalisées ou les limitations. » L’objectif : sortir de SBK en laissant un produit techniquement abouti.

Enfin, interrogé sur une collaboration élargie avec le MotoGP, Barbier ne ferme aucune porte :

« Nous sommes ouverts à un partenariat avec le MotoGP, et pas seulement à un rôle de sponsor ou de fournisseur. Si le promoteur souhaite discuter, nous en serions ravis. »

Le test de Misano vient de sceller une révolution silencieuse. Pirelli, dans l’ombre mais avec une efficacité redoutable, prépare son entrée en MotoGP avec des résultats qui font déjà trembler les équipes sur un point crucial : l’économie de coûts.

Le paysage du MotoGP 2027 pourrait bien être radicalement différent, et Pirelli compte bien en être l’un des architectes majeurs.

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