Pecco Bagnaia n’est pas seulement double champion du monde MotoGP : il s’est affirmé, à Valence, comme l’une des voix les plus fortes du paddock. Après une saison 2025 sous tension, marquée par plusieurs incidents graves et un climat de défiance autour de certaines décisions, l’Italien a appelé à une union sacrée entre les pilotes et la Dorna afin de garantir l’avenir du championnat.
L’affaire qui a cristallisé son agacement remonte au Grand Prix de Malaisie. Avant la course Moto3, un terrible accident a impliqué Noah Dettwiler et Jose Antonio Rueda, tous deux victimes d’un arrêt cardiaque nécessitant une intervention immédiate sur la piste. Pourtant, malgré la gravité, le programme a repris comme si de rien n’était. Pire encore, les graphiques télévisés officiels affichaient que les pilotes étaient « conscients » — ce qui s’est avéré faux.
Bagnaia, ulcéré, a été le plus virulent. Et à Valence, interrogé une nouvelle fois, il n’a pas mâché ses mots.
« Honnêtement, c’est difficile », commence Pecco. « Il est toujours difficile d’avoir une idée claire de l’extérieur. Chacun a le droit d’avoir un point de vue. »
Mais l’essentiel vient ensuite : ce que Bagnaia dit sans dire, c’est que les pilotes n’ont pas de véritable poids politique. Contrairement à la Formule 1, aucun syndicat n’existe en MotoGP. Les équipes privées ont l’IRTA, les constructeurs la MSMA… mais les pilotes, eux, n’ont rien. Et quand survient une crise, cela se ressent immédiatement.
Bagnaia le reconnaît : les décisions dans ces moments-là ne sont jamais simples. « C’est difficile, je pense qu’il est difficile de prendre des décisions dans ce genre de moments, et ils essaient de gérer les choses au mieux pour le spectacle et pour les pilotes. »

Pecco Bagnaia : « nous devons être très unis pour permettre à ce championnat de renaître »
Mais c’est précisément ici que réside le problème : le spectacle et la sécurité ne vont pas toujours dans la même direction.
« Les deux choses ne vont pas toujours dans la même direction, nous pouvons donc continuer à en parler, comme nous le faisons depuis de nombreuses années. Mais les choses sont ainsi. »
Le constat est amer, mais le message, lui, est clair : le MotoGP doit se réinventer, et cela ne se fera pas dans la division. Pour Pecco, c’est une question de survie.
« Je pense que, plus que jamais, nous devons être unis à Dorna pour permettre à ce championnat de renaître, car pour l’instant, il ne décline certes pas, mais tout change. Nous devons donc être très unis pour continuer à progresser. »
En clair : Bagnaia appelle la Dorna à intégrer davantage les pilotes dans la prise de décision, et les pilotes à se rassembler pour peser plus lourd. Sans aller jusqu’à réclamer un syndicat, il ouvre clairement la porte.
La saison 2026 sera charnière — arrivée de Liberty Media, nouvelles dynamiques de marché, transition technique vers 2027.
Bagnaia semble le sentir mieux que quiconque : sans unité, le MotoGP risque de manquer un virage historique.





























