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Martin

Il est l’heure de débriefer cette saison. Comme tous les hivers depuis deux ans, cette chronique analyse en détail la campagne de chaque pilote, du moins bien classé au champion du monde. Il s’agit là d’apporter un point de vue argumenté sur la performance de chacun de nos héros, afin d’en discuter tous ensemble. Vous êtes prêts pour ce deuxième volet, consacré à Jorge Martin ? C’est parti !

L’épisode d’hier était consacré à Somkiat Chantra ; retrouvez-le en cliquant ici.

 

Quelle galère

 

Il est presque étonnant que je me retrouve à parler de Jorge Martin aujourd’hui, car cela signifie qu’il a terminé avant-dernier du championnat pilotes cette saison. D’après moi, il s’agissait de l’une des campagnes les plus galères de ces dernières années : rien n’est allé comme il le souhaitait, mais il a eu sa part de responsabilité. Forcément, le pronostic que j’avais livré en début de saison est faux, c’est évident : j’avais imaginé le « Martinator » cinquième à la fin de l’année, et le voilà 21e, ne devançant que Somkiat Chantra au général.

 

Martin

On ne l’a pas beaucoup vu cette année, si bien que je manquais de photo à un moment donné ! Photo : Michelin Motorsport

 

Certes, cela s’explique. Son année cauchemardesque a débuté aux essais de Sepang, où il s’est lourdement blessé une première fois. Puis, il est revenu bien trop tôt au Qatar, et s’est blessé de nouveau, plus gravement encore. Ensuite, il y eut cette fameuse affaire contractuelle avec Aprilia, cet espèce de « clash » lors duquel Massimo Rivola eut le dernier mot. Et, enfin, une énième et dernière blessure au Japon. Pour l’anecdote, rien ne lui a été épargné : il s’est même fait voler son vélo à 20 000 € dans le paddock à Valence. À cause de ces événements, il est impossible de juger sa saison, de dire si elle était bonne ou non – d’un point de vue de la performance, bien sûr. Cependant, qu’il le veuille ou non, son statut a changé.

 

Jorge Martin n’est plus le même

 

L’image de Jorge Martin, elle, a profondément été altérée. J’ai déjà beaucoup écrit sur « l’affaire Martin », donc je ne vais pas vous refaire le film, mais je dois avouer que son attitude à l’époque m’a considérablement déçu d’un point de vue extérieur. Il faut savoir qu’il n’avait pas quitté KTM en bons termes il y a quelques années, et je ne pense pas que sa réputation en sorte grandie dans le paddock, loin de là. Heureusement pour lui, en un sens, l’Aprilia RS-GP s’est révélée être une moto à la hauteur de la Ducati Desmosedici sur la fin de saison, donc les performances de Bezzecchi ont sans doute atténué l’importance de cette dispute. Mais qu’aurait fait le « Martinator » si Bezzecchi n’avait pas réussi ? Aurait-il forcé jusqu’au procès pour rejoindre Honda ? Ça n’engage que moi, mais je trouve qu’il s’en sort particulièrement bien au vu de la gravité de la situation après le Grand Prix de France.

 

Une carrière sur le fil

 

Le titre vous a peut-être choqué, mais c’est pourtant ce que je pense. Lorsqu’on fera une rétrospective de sa carrière dans quelques années, je crois que cet exercice 2025 apparaîtra comme un moment charnière pour Jorge Martin. Au cours de cette année, il a pris quelques décisions étranges (comme revenir à Valence pour une course inutile), voire, irresponsables (je pense à Losail), et ne s’est pas démarqué par son comportement exemplaire vis-à-vis de son employeur qui désirait modifier le règlement pour lui.

Alors, oui, il a aussi connu de plus belles heures, parlons-en maintenant. Sur la piste, même s’il n’a jamais pu s’exprimer à son plein potentiel, il y a quand même du positif. Sa course référence, d’après moi, est celle qu’il a disputée en Hongrie, où il est remonté de la 17e à la 4e place sur un circuit tortueux au possible. Il reste un – valeureux – champion du monde, alors, forcément, on sait qu’il est capable de telles prouesses.

 

Martin

J’ai confiance en lui, il a le mental pour revenir d’une telle saison cauchemardesque. Photo : Michelin Motorsport

 

Mais allons au-delà du seul verdict de la piste. Voir Bezzecchi briller alors qu’il n’était que la deuxième option n’a pas dû lui plaire outre mesure, et ça pourrait représenter un problème pour le « Martinator ». D’une part, en 2026, le « Bez » aura déjà presque un an de roulage en plus sur la moto. Deuxièmement, l’Italien a gagné la légitimité pour orienter le développement de l’Aprilia. Contrairement à Martin, de fait, Marco était très fier de piloter pour Aprilia en MotoGP depuis le tout début et il l’a montré à travers ses succès. C’est pourquoi je pense que 2025 pourrait largement influencer 2026 de ce point de vue, et pourquoi Jorge Martin aura bien du mal à battre son coéquipier même s’il est en pleine forme.

Projetons-nous dans le futur. À la fin de l’exercice 2026, il n’est pas impossible que Jorge Martin soit tout de suite devenu beaucoup moins intéressant à signer pour une équipe d’usine. Il faut prendre en compte tous les facteurs déterminants : de nouveaux rookies prometteurs arrivent (Moreira, Alonso, Holgado), de nouveaux pilotes sur le marché (Quartararo, Marquez) et de nouvelles blessures peuvent encore le miner. Question : vous êtes à la tête du management Aprilia, et vous avez l’occasion de signer Quartararo pour 2027. Gardez-vous Bezzecchi ou Martin pour aller avec ? Au vu de la campagne passée, mon choix est vite fait.

Je ne dis pas qu’il ne retrouvera pas de guidon pour 2027, non, mais je m’inquiète simplement de sa valeur sur le marché des transferts à l’aube d’une nouvelle réglementation. C’est pourquoi j’aimerais voir, en 2026, un Jorge Martin flamboyant, qui rappelle à tout le monde qu’il est un champion du monde, par les prouesses en piste, certes, mais aussi par le caractère.

Le « Martinator » a l’occasion de donner un second souffle à sa carrière l’année prochaine, d’entrer dans une nouvelle dimension. S’il manque le coche une deuxième fois avec une moto capable de jouer la gagne, alors ça pourrait faire très mal et se répercuter sur les années à venir. S’il n’y parvient pas, on pointera tous 2025 comme le moment où tout à basculé lorsqu’il prendra sa retraite.

Qu’avez-vous pensé de la saison de Jorge Martin ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Martin MotoGP

Faire ce comeback sera difficile, c’est certain. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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