Voir Pecco Bagnaia s’enfoncer dans une saison 2025 chaotique n’a pas été simple pour Sylvain Guintoli. Consultant technique et fin analyste grâce à son passé de champion du monde Superbike et pilote d’essai MotoGP, le Français dit avoir souffert en observant le double champion Ducati lutter contre un problème récurrent : le ressenti du train avant.
Bagnaia a alterné le meilleur et le pire : trois victoires… dix courses sans point… une chute au classement en fin de saison passant de 3e à 5e au coup de sifflet final. Le tout perturbé par des vibrations violentes et une confiance en berne à l’entrée des virages.
« Pecco est un pilote fantastique. Mais on voyait qu’il souffrait vraiment. C’était difficile à suivre », confie Guintoli à Crash.net.
Guintoli est l’un des mieux placés pour expliquer le lien direct entre sensations à l’avant et performance à ce niveau :
« Vous devez être capable d’avoir cette sensation et d’arrêter la moto efficacement, sans perturber la répartition du poids vers l’avant à l’entrée du virage. On peut alors avoir un pilotage fluide, maintenir sa vitesse en virage, etc. »
« Les sensations à l’avant sont primordiales, surtout avec les spécifications actuelles des MotoGP. Tout dépend de la capacité à arrêter la moto efficacement à l’entrée du virage. Tout est lié. »
Et il ajoute : « certains pilotes sont plus sensibles que d’autres aux sensations à l’avant de la moto. Certains s’adaptent et trouvent des solutions, tandis que d’autres ont besoin d’être pleinement satisfaits de ces sensations. »

Sylvain Guintoli : « je pense vraiment que Pecco Bagnaia va revenir »
Freinage, répartition des masses, vitesse de passage… Une micro-donnée perdue et un dixième s’envole, un week-end s’effondre. Pour les pilotes les plus sensibles, cette perte de feeling devient psychologiquement assassine :
« Le pneu avant se déforme, glisse, et on le sent dans les poignets. On sent le pneu avant bouger. Surtout en MotoGP, on sent le pneu avant s’écraser et se déformer sous la moto lorsqu’on freine. »
« Même en freinant droit, on le sent. Puis, en freinant en entrée de virage, on le sent vraiment dans les poignets. Et il faut maîtriser parfaitement la manœuvre. Vous êtes en permanence à la limite. Tout doit se dérouler sans accroc pour que vous puissiez tirer le meilleur parti de la moto. C’est plus facile à dire qu’à faire ! Et Pecco, même en difficulté, ne ralentit pas. » Résultat : chutes, doutes, spirale.
Le seul week-end où tout a fonctionné — Motegi — Bagnaia a été parfait : Pole, victoire au sprint, domination totale en course. Un éclair au milieu de la tempête. « La gestion de l’avant peut aussi avoir un impact psychologique, au point de vous perturber. Mais en réalité, à l’exception de Motegi, il a toujours été confronté à un problème récurrent. Le même problème était toujours présent. »
Malgré cette saison douloureuse, Guintoli ne voit pas Bagnaia plonger durablement : « je pense vraiment qu’il va revenir. Il devait toucher le fond avant de remonter. »
Le message est clair : Pecco n’a pas perdu son talent. Seulement son cap.
En parallèle de son rôle d’analyste, Sylvain Guintoli prépare une épreuve bien plus personnelle : le marathon de Londres 2026, en hommage à son fils Luca. Un hommage qui donne encore plus de gravité à ses mots quand il parle de résilience.
Pour soutenir Guintoli dans sa collecte de fonds pour l’association PASIC, qui lutte contre le cancer infantile, rendez-vous sur : https://2026tcslondonmarathon.enthuse.com/pf/sylvain-guintoli





























