À Lausanne, lors des FIM Awards 2025, Diogo Moreira n’était pas simplement un champion du monde de plus invité à la cérémonie. Il était un symbole. À seulement 20 ans, le Brésilien est entré dans l’histoire en devenant le premier champion du monde de vitesse moto de son pays, un exploit qui dépasse largement le cadre du sport.
Quelques mois plus tôt, son nom circulait déjà dans le paddock. Sur Moto.it, Livio Suppo avait dressé son portrait, insistant sur une caractéristique rare chez les jeunes pilotes : une sérénité presque désarmante. Une qualité que Moreira reconnaît lui-même sans détour.
« Oui, je le pense. Pour finir, je crois que nous avons beaucoup appris cette année, et le plus important, c’est que nous sommes restés calmes toute l’année, et c’est ce qui compte pour moi. »
Dans un championnat Moto2 où la pression écrase souvent les plus talentueux, cette capacité à rester maître de ses émotions a fait la différence. Pas de précipitation, pas d’excès. Juste une progression constante, presque silencieuse.
Avant même son titre mondial, Diogo Moreira avait déjà attiré l’attention du grand public grâce à un fait devenu presque légendaire : avoir battu Valentino Rossi au Ranch, en duo avec son partenaire, lors de l’édition 2024. Un détail qui avait marqué les esprits… mais que l’intéressé relativise avec une étonnante simplicité.
« Les conditions sont un peu différentes là-bas, n’est-ce pas ? Et cette année, nous sommes aussi allés au Ranch et avons terminé deuxièmes, donc pour moi, c’est une course amusante, je me suis beaucoup amusé. »
Pas de provocation, pas de mise en scène. Pour Moreira, le Ranch n’est pas un trophée symbolique, mais un terrain de jeu, un lieu d’apprentissage, presque une parenthèse ludique dans une carrière déjà très sérieuse.
Cette humilité ne l’empêche pas de chercher le plus haut niveau possible. Quand l’occasion se présente, Moreira n’hésite pas à s’entraîner avec les meilleurs. Même avec Marc Marquez.
« Oui, oui. Quand je peux, nous y allons ensemble. C’est important pour moi. »
Une phrase simple, mais révélatrice. Apprendre, observer, absorber. Là encore, pas d’ego, juste la volonté de progresser.

Le Grand Prix du Brésil sera chargé d’émotion pour Diogo Moreira
Champion du monde Moto2, Moreira a déjà goûté au MotoGP et s’apprête à franchir un cap majeur en rejoignant l’équipe LCR Honda de Lucio Cecchinello, avec un contrat de trois ans avec HRC. Un engagement rare, synonyme de confiance… mais aussi de patience.
Ce qui l’a frappé en MotoGP ? Tout. « C’est un tout autre monde, complètement différent. La vitesse est différente, les freins et les pneus sont différents, donc nous devons apprendre et aborder la saison avec sérénité, et nous verrons bien. »
Et surtout, il insiste sur le temps. « Nous avons trois ans et je pense que nous pouvons faire un grand pas en avant. »
À une époque où beaucoup exigent des résultats immédiats, Moreira accepte l’idée de la construction. Lentement. Solidement.
Né et élevé au Brésil jusqu’à l’âge de 12 ans avant de s’installer en Espagne, Diogo Moreira portera une attention toute particulière au Grand Prix du Brésil, qui fera son retour au calendrier. Favori ? Il refuse l’étiquette.
« Oui, je connais bien le circuit. Nous y avons couru au Brésil, alors c’est un peu comme chez moi, non ? »
Mais la lucidité revient aussitôt. « Après tout, c’est la deuxième course de l’année, et je pense que nous avons encore beaucoup à apprendre. »
Diogo Moreira n’est pas un champion bruyant. Il ne cherche ni la lumière ni la confrontation.
Son calme, sa maturité précoce et sa capacité à rester ancré font de lui un champion d’un nouveau genre, peut-être plus rare encore que les talents explosifs : un pilote qui gagne sans s’agiter, qui apprend sans s’effacer, et qui avance sans jamais oublier d’où il vient.
Le Brésil attendait un champion du monde moto. Il l’a trouvé — et il n’a pas fini de surprendre.




























