À seulement 20 ans, Fermin Aldeguer a terminé la saison 2025 comme l’un des visages forts du MotoGP. Une victoire en Indonésie, trois podiums, le titre de Rookie de l’année : sur le papier, le bilan est éclatant. Mais derrière les chiffres flatteurs, le Murcien cultive une forme de lucidité presque déconcertante pour un pilote de son âge. Loin de se griser par les projecteurs, Aldeguer préfère regarder la réalité en face.
Dans un entretien accordé à MARCA, le jeune pilote le reconnaît sans détour : malgré son potentiel évident, il ne se considère pas encore comme un véritable candidat au titre mondial.
« J’ai le potentiel, oui… mais il me manque beaucoup d’expérience. J’ai besoin de commettre des erreurs, d’apprendre encore. Le niveau est actuellement très élevé », confie-t-il. Une déclaration qui tranche avec la communication souvent formatée du paddock et révèle un pilote conscient du chemin qu’il lui reste à parcourir.
Cette maturité se retrouve dans sa façon d’aborder la comparaison inévitable avec Marc Marquez, référence absolue de la catégorie. Aldeguer ne cherche ni à provoquer ni à embellir la réalité. Il constate, simplement.
« Je n’ai pas encore battu Marc en duel. Et c’est même difficile à envisager, car il était devant moi toute la saison jusqu’à sa blessure. La seule façon de le battre au championnat cette année aurait été de finir deuxième à chaque course, puis de tout gagner après sa blessure. C’était très compliqué. »
Ces mots disent beaucoup. Ils traduisent à la fois le respect profond pour l’octuple champion et la conscience du fossé qui sépare encore un rookie brillant d’un pilote d’exception à pleine maturité. Aldeguer ne veut pas forcer l’histoire ; il préfère la construire.

Fermin Aldeguer redoute Aprilia : « cette année, ils ont prouvé qu’ils pouvaient gagner, et je pense qu’ils le pourront aussi l’an prochain »
Sa confiance, en revanche, est totale lorsqu’il évoque Ducati et l’avenir, y compris à l’horizon 2027, année charnière avec le changement de réglementation. Pour lui, Borgo Panigale ne peut pas passer brutalement du sommet à l’anonymat. L’équilibre des forces évoluera, certes, mais sans bouleversement radical.
Il n’ignore pas pour autant la montée en puissance des rivaux, Aprilia en tête, et se montre là encore mesuré dans son analyse.
« Cette année, ils ont prouvé qu’ils pouvaient gagner, et je pense qu’ils le pourront aussi l’an prochain. Bezzecchi est très fort, Jorge Martin reste un champion du monde, la moto a progressé et Raul Fernández a franchi un cap. Ils seront très compétitifs. »
Chez Aldeguer, pas de discours bravache ni de promesses tapageuses. Seulement une ambition claire, assumée, mais tempérée par une compréhension rare de la complexité du MotoGP moderne. À 20 ans, il sait déjà que le talent ne suffit pas, que l’expérience se paie parfois cher, et que les titres ne se décrètent pas.
C’est peut-être là, précisément, que réside sa plus grande force : avancer vite, mais sans jamais confondre vitesse et précipitation.





























