L’année 2026 s’annonce comme un véritable point de bascule pour Maverick Viñales. Après une carrière faite de fulgurances, de frustrations et de renaissances successives, le pilote espagnol a pris une décision lourde de sens : s’entourer d’un coach directement dans le garage KTM Tech3. Et pas n’importe lequel. C’est Jorge Lorenzo, quintuple champion du monde et figure parmi les plus méthodiques de l’ère moderne du MotoGP, qui l’accompagnera désormais dans son quotidien de pilote.
Une association qui, sur le papier, semblait improbable il y a encore quelques saisons. Et pourtant, elle est aujourd’hui bien réelle, assumée et surtout profondément réfléchie. Jorge Lorenzo n’a jamais été sensible au bruit extérieur. Il l’assume d’entrée :
« Certains disent qu’on n’arrivera même pas ensemble à Buriram, mais je n’ai jamais prêté attention à ce que les autres disaient. »
La genèse de cette collaboration remonte à bien avant l’arrivée de Viñales chez KTM.
« On a commencé à discuter quand il était encore chez Aprilia, et cette année, on s’est rencontrés en Indonésie. Là-bas, Maverick m’a dit qu’il allait se consacrer entièrement à moi, qu’il deviendrait mon soldat. »
Ce qui a convaincu Lorenzo n’est pas un discours, mais une attitude : « mon intuition me disait qu’il était du genre à prendre les choses au sérieux. Et en effet, je l’ai trouvé très calme, très mature, et dans un état de sérénité absolue. »
Pour Lorenzo, cette démarche dépasse largement le cas Viñales. Elle touche à un retard structurel du MotoGP face aux autres sports de haut niveau.
« Au tennis, depuis les années 1970, tous les joueurs ont d’anciens joueurs comme entraîneurs. Au football, l’entraîneur est crucial. En moto, jusqu’à présent, on se contentait d’aller s’entraîner et de faire des tours de piste. »
Il pointe une évidence longtemps ignorée : « on était à des années-lumière des athlètes, des gymnastes, etc. Si on y réfléchit, mon père a été le premier véritable entraîneur. J’aurais aimé avoir un champion du monde comme Doohan ou Biaggi à mes côtés, ou un entraîneur technique comme mon père, avec tout le savoir qu’il a accumulé. »

Jorge Lorenzo : « je ne veux pas seulement gagner, je veux dominer. Mon but est que Maverick soit le pilote numéro un de KTM en 2026 »
Talent, moto, corps, esprit : tout doit s’aligner … Lorenzo ne réduit jamais la performance à un seul facteur. Pour lui, la victoire est une équation complète.
« Il y a tellement de facteurs qui contribuent à la victoire ou à la défaite, il faut tous les prendre en compte. »
Et il est clair sur le point de départ de Viñales : « il possède déjà le premier : le talent. Ensuite, il y a la moto ; puis l’aspect physique, et enfin l’aspect mental. »
Mais il ajoute une nuance essentielle, presque philosophique : « la moto peut être un frein, car une fois qu’on en a tiré le maximum de performance, elle peut devenir un obstacle. »
Avant de lâcher sur Motorsport une phrase lourde de sens : « je n’ai jamais vu un pilote aussi talentueux que lui. »
Lorenzo n’est pas venu pour jouer un rôle consultatif ou symbolique. Son ambition est frontale, presque brutale dans sa clarté. Et l’objectif final ne laisse place à aucune ambiguïté :
« Je ne veux pas seulement gagner, je veux dominer. Mon but est que Maverick soit le pilote numéro un de KTM en 2026. »
Il sait toutefois que la route sera semée d’embûches : « ce sera difficile, car Pedro Acosta est très bon et travaille dur depuis des années. » Mais Lorenzo tranche, fidèle à sa vision « En termes de vitesse et de talent, Maverick est meilleur ; il a plus que lui. »
Cette collaboration n’est pas un pari marketing, ni une lubie de fin de carrière. C’est une tentative structurée de transformer le talent brut de Viñales en domination durable, avec la rigueur obsessionnelle qui a fait la grandeur de Jorge Lorenzo.
Si cette méthode prend racine chez KTM Tech3, 2026 pourrait marquer le début d’un Viñales nouveau, moins imprévisible, plus froid, plus méthodique… et potentiellement bien plus dangereux pour ses rivaux.
Une chose est sûre : cette alliance ne laisse personne indifférent. Et en MotoGP, c’est souvent le premier signe que quelque chose de sérieux est en train de naître.





























