Il est l’heure de débriefer cette saison. Comme tous les hivers depuis deux ans, cette chronique analyse en détail la campagne de chaque pilote, du moins bien classé au champion du monde. Il s’agit là d’apporter un point de vue argumenté sur la performance de chacun de nos héros, afin d’en discuter tous ensemble. Vous êtes prêts pour ce nouveau volet, consacré à Fabio Di Giannantonio, pilote MotoGP ô combien incompréhensible ? C’est parti !
L’épisode d’hier était consacré à Fermin Aldeguer ; retrouvez-le en cliquant ici.
Chaud et froid
C’est étrange à dire, mais je ne sais pas si je dois être déçu ou content de la campagne 2025 de Fabio Di Giannantonio. Sa saison est très complexe à analyser, et je pense qu’il ne faut pas s’arrêter aux simples chiffres. Mais ils comptent quand même, alors, parlons-en.
« Diggia » a terminé l’année en sixième position du classement général, soit son meilleur résultat. Il n’a pas gagné, mais, contrairement à 2024, il est monté sur le podium à plusieurs reprises, quatre fois pour être exact, sans compter les cinq top 3 en Sprint. Sur le papier, c’est donc une petite réussite, car, finalement, il a progressé, de fait. Mais c’est plus compliqué que ça.

J’adore le numéro noir à la Rossi. Photo : Michelin Motorsport
Le tableau est un peu terni, car honnêtement, je l’attendais plus haut. Quand je dis plus haut, c’est bien plus haut. En effet, je l’avais pronostiqué troisième du classement général, derrière Marc Marquez et Pecco Bagnaia. J’imaginais que l’outsider qui allait émerger en 2025, ça serait lui, et non pas Alex Marquez. De toute évidence, j’avais tort, même si j’avais de bonnes raisons de le penser.
En ce sens, je suis déçu, pour ne pas dire extrêmement déçu. Je voyais en lui un vainqueur de Grand Prix, qui pouvait faire trembler les pilotes officiels Ducati. Et au final, nous avons eu un outsider correct, avec des résultats, qui, finalement, sont à peine meilleurs que ceux de Franco Morbidelli, 31 points derrière seulement après avoir manqué deux courses pour blessure.
Ce paradoxe, avec Di Giannantonio, est difficile à juger. Lui aussi avait des circonstances atténuantes : il s’est assez lourdement blessé lors des essais de pré-saison à Sepang, et avait une toute nouvelle moto, en comparaison de son coéquipier. Parfois, en piste, il était complètement à la rue, sans aucune raison. J’ai, notamment, ce week-end à Brno en tête, où il n’a terminé que 16e, totalement déboussolé. Il a lui-même avoué s’être perdu dans les réglages, si bien que sur la fin, il est reparti d’une feuille blanche ou presque.
De l’autre côté, j’ai quand même pu voir des bribes de génie de sa part. Je n’ai pas peur des mots, et aucun ne le définit mieux. Quand il est en forme et que tout va en son sens, Fabio Di Giannantonio, en course, est inarrêtable. Il a l’un des meilleurs rythmes du monde, est capable de prodigieuses remontées, et, surtout, a une capacité d’élimination hors du commun, meilleure que celle de Marc Marquez ou de Marco Bezzecchi.
Je le maintiens : il est celui qui dépasse le mieux sur la grille, juste devant Fabio Quartararo et Bagnaia. Justement, ce qu’il a fait à ce dernier dans les ultimes boucles du Grand Prix d’Italie était sensationnel, et il s’agissait là, d’après moi, de sa meilleure prestation de l’année. Fabio Di Giannantonio me fait rêver car il trouve toujours un moyen de passer proprement, à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur quand c’est nécessaire. Placements, freinages, bonnes décisions… il sait tout faire en bagarre, c’est un vrai plaisir de le voir à l’œuvre. Et cette année, il a quelques courses mémorables à son actif, qui m’empêchent totalement de qualifier sa campagne de ratée.
Une affaire de pilote ou de MotoGP ?

Ce que j’adore, aussi, c’est sa mentalité. Il ne lâche jamais rien. Photo : Michelin Motorsport
Sa saison est aussi difficile à juger car il avait une moto… particulière. Lui qui possédait la seule Ducati Desmosedici GP25 non officielle n’a peut-être pas hérité d’un cadeau comme je l’imaginais. À de nombreuses reprises, ça lui a beaucoup coûté, lorsqu’il n’arrivait plus à trouver la moindre sensation au guidon, par exemple. Mais, de l’autre côté, ça l’a sûrement aidé aussi.
On ne connaîtra jamais la vérité sur cette machine aux résultats étranges, mais d’après mon humble avis, la GP25 n’était pas si bien née que ça. Oui, je pense que la GP24 était meilleure et que Marc Marquez, comme il l’a si souvent fait chez Honda – jusqu’à ce qu’il s’en aille – a complètement effacé ses défauts pour l’imposer chaque week-end ou presque. Le cas Bagnaia m’aide beaucoup dans cette analyse, bien sûr, mais certains moments de l’année de « Diggia » me permettent aussi de déduire telle conclusion.
Conclusion
L’heure du verdict est arrivée. Vous allez peut-être m’en vouloir et me dire que mon avis est biaisé car j’adore ce pilote, mais je trouve qu’il s’en est bien sorti en 2025. Je m’étais trompé sur le pronostic, je le reconnais, et il n’a pas été à la hauteur des attentes que j’avais placées en lui. Cependant, je ne peux pas disqualifier ses efforts et minimiser ses prouesses en piste, qui ont été, à matériel égal, souvent bien plus impressionnantes que celles de Pecco Bagnaia.
Vous avez parfaitement le droit d’être déçu de lui ou de critiquer négativement sa saison, car il y a des choses à redire. Ce n’est là que ma lecture de la situation, mais je continue de croire en lui car il me semble qu’il a vraiment quelque chose de spécial.
Suis-je en train de faire fausse route sur Fabio Di Giannantonio ? Dites-le-moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Ses courses aux États-Unis, en Italie et en Australie sont magnifiques. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport




























