L’année 2025 de Jorge Martin chez Aprilia restera comme l’une des plus tumultueuses de l’histoire récente du MotoGP. Le Madrilène a enchaîné les blessures catastrophiques, a tenté de rompre son contrat pour rejoindre Honda, avant de finalement se réconcilier avec l’équipe italienne, galvanisé par les succès de son coéquipier… Champion du monde en titre après avoir battu Francesco Bagnaia en 2024, Martin débarquait à Noale avec le numéro 1 sur la moto et l’ambition de s’installer durablement parmi les références. Mais très vite, tout s’est fissuré.
La première saison de Jorge Martin chez Aprilia Racing devait être celle de la confirmation. Elle s’est transformée en une année de fractures, de doutes… et de tensions contractuelles rarement vues en MotoGP.
Martin n’a jamais caché que son plan A restait Ducati Lenovo Team. Après deux saisons à jouer le titre avec Pramac, il se voyait naturellement promu en usine. Ducati en a décidé autrement, préférant miser sur Marc Marquez. Résultat : direction Aprilia pour deux saisons à partir de 2025. Un choix rationnel sur le papier, mais émotionnellement difficile à digérer.
Sportivement, 2025 tourne rapidement au cauchemar. Martin ne dispute que 7 Grands Prix sur 22, enchaînant les blessures graves : fractures de la main droite et du pied gauche à Sepang, fracture de la main gauche à l’entraînement en Supermoto, 11 côtes fracturées et un hémopneumothorax au Qatar et fracture de la clavicule lors du Sprint au Japon …
L’accident de Doha marque un tournant. Cloué sur son mit d’hôpital, Martin commence à douter de tout… y compris de son avenir chez Aprilia.
Au Grand Prix de France, au Mans, Martin informe Aprilia de son intention d’activer une clause de performance pour rompre son contrat et viser un transfert chez Honda HRC dès 2026.
Mais Aprilia ferme la porte. Pour Noale, l’absence prolongée du pilote, liée à ses blessures, rend cette clause inapplicable. Le conflit s’enlise.
En coulisses, Martin signe même un contrat de trois ans avec Honda, mais l’opération capote : Honda refuse d’officialiser tant qu’Aprilia ne libère pas son pilote. Finalement, Honda recule et conserve Luca Marini.
Martin n’a alors plus le choix : rester chez Aprilia en 2026.

Bezzecchi gagne… et ça dérange Jorge Martin
Pendant que Martin est blessé et négocie, Marco Bezzecchi fait parler la RS-GP25. À Silverstone, profitant de l’abandon de Fabio Quartararo, il offre à Aprilia une victoire majeure et enchaîne les podiums.
Un succès qui laisse Martín… partagé. « De mon point de vue, c’était une situation difficile, car j’étais en conflit avec Aprilia. D’un côté, c’était bien qu’Aprilia soit performante, et ça me motivait pour mon retour. »
« Mais de l’autre, j’étais en conflit avec eux, et je n’aimais pas vraiment qu’ils réussissent. »
À ce moment-là, Jorge Martin avoue même avoir cessé de suivre les courses, ayant besoin de couper totalement pendant sa convalescence.
Avec le recul, le regard change. Bezzecchi signe neuf podiums en 2025, dont trois victoires, et prouve que la RS-GP a un vrai potentiel.
Martín finit par l’admettre. « Maintenant, c’est certain, je vois bien que c’était une excellente chose. Je me sens vraiment bien chez Aprilia et fier d’être un pilote Aprilia. Je suis content que Massimo Rivola m’ait gardé et qu’au final nous ayons progressé ensemble dans la bonne direction. »
2025 restera une année blanche sur le plan des résultats pour Jorge Martin. Mais elle aura servi de révélateur : sur la solidité d’Aprilia, sur la valeur du projet, et sur la difficulté de quitter le sommet sans se brûler les ailes.
La fracture n’a pas seulement été physique. Elle a été mentale, politique et émotionnelle. Reste à voir si cette réconciliation tardive permettra à Martin de redevenir, en 2026, le pilote conquérant qui a décroché le titre mondial MotoGP un an plus tôt.
































