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Bagnaia

Loin du bruit, des clans et des débats passionnels qui saturent le paddock, une voix experte et respectée a pris la parole. Dans son très suivi Jomo Grand Prix, Nobuatsu Aoki dissèque sans détour la saison compliquée de Francesco Bagnaia. Et son constat est sans appel : le problème n’est pas uniquement Marc Marquez. Il est aussi — et peut-être surtout — technique.

Aoki commence par un point que peu osent formuler aussi clairement : partager le box avec Marc Marquez peut devenir psychologiquement insupportable. Il s’appuie sur un précédent lourd de sens, celui de Dani Pedrosa chez Honda HRC :

« Comme Marc pilote chaque moto comme si elle était parfaite, il ne prête pas attention aux détails : et pour des pilotes sensibles comme Pedrosa et Bagnaia, qui y sont très attentifs, cela devient vraiment difficile. »

Traduction brute : Marquez s’adapte, les autres doivent subir. Là où certains pilotes ont besoin d’un retour précis, d’un équilibre finement ajusté, Marc roule, attaque… et gagne. Une philosophie qui laisse peu d’oxygène à un coéquipier aussi méticuleux que Bagnaia.

Aoki, ancien pilote de pointe en 500 cc et ingénieur de développement chez Suzuki et Proton, ne s’arrête pas au facteur humain. Il cible deux nouveautés techniques de la Ducati 2025 qui ont littéralement saboté le pilotage de Bagnaia : le holeshot et le frein moteur.

Photo : Michelin

Holeshot et frein moteur instable : le talon d’Achille de Bagnaia

Aoki explique que la Ducati Desmosedici 2025 a reçu une évolution majeure du système hydraulique de réglage de la hauteur de selle :

« En 2025, un nouveau mécanisme a été installé dans le carénage, destiné à contrôler la vitesse de variation de la hauteur de la moto. »

Sur le papier, une amélioration. En réalité, un cauchemar pour Bagnaia. « Le réglage est devenu plus progressif. Or, le dernier holeshot et le style de pilotage de Bagnaia ne faisaient pas bon ménage. »

Pecco voulait faire glisser l’arrière, provoquer un léger dérapage pour fermer ses trajectoires. Le système l’en empêchait : « le système de réglage l’empêchait d’atteindre l’angle de dérapage désiré. »

Résultat ? Un pilote bridé dans sa propre zone de confort, un problème qui l’a poursuivi jusqu’à la fin de la saison.

Comme si cela ne suffisait pas, Aoki pointe un second défaut, bien plus grave encore pour Pecco : « il y avait aussi un frein moteur instable. »

Pour Bagnaia, dont le pilotage repose énormément sur le contrôle à l’entrée des virages, c’est un coup de massue : « c’était probablement dû à un manque de friction interne : un problème sérieux. »

Ducati a tenté de bricoler des solutions intermédiaires : « l’équipe a utilisé des réglages spécifiques appelés “modèle 24.8” ou “modèle 24.3”, quelque chose à mi-chemin entre le 24 et le 25… sans parvenir à trouver une véritable solution. » En clair : des rustines, pas un remède.

L’intérêt majeur du regard d’Aoki tient à sa neutralité. Ni pro-Marquez. Ni pro-Bagnaia. Juste factuel.

Il ne nie pas l’impact écrasant d’un coéquipier comme Marc Marquez, mais il rappelle une vérité essentielle : Bagnaia n’a jamais roulé avec une Ducati qui lui parlait vraiment en 2025.

Dans un paddock MotoGP où les débats deviennent souvent émotionnels, cette lecture technique, froide et argumentée, fait l’effet d’une douche glacée.

Et pose une question qui dérange : Pecco a-t-il réellement échoué… ou a-t-il été piégé par une moto trop évoluée pour lui ?

La réponse, elle, pourrait bien redéfinir la hiérarchie interne chez Ducati bien plus que n’importe quelle déclaration publique.

MotoGP. Aoki : « Pecco Bagnaia a souffert face à Marc Marquez, mais aussi face à deux nouveautés sur la Ducati 2025. »

 

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