Le paddock du Continental Circus est en train de perdre son âme, et Stefano Bedon ne compte pas se taire. Dans une sortie fracassante pour GPone, le manager dénonce la métamorphose d’un sport autrefois brut et authentique en une machine marketing aseptisée. Pour lui, le départ de Valentino Rossi a marqué la fin d’une époque de passionnés pour ouvrir celle des athlètes « formatés ».
Bedon ne mâche pas ses mots. Il dresse un parallèle brutal entre l’ambiance électrique et fraternelle de l’ère Rossi et la froideur des années 2020. Selon lui, la « Formule 1-isation » du MotoGP a transformé les pilotes en produits de consommation lisses.
« Quand Rossi était là, nous étions tous des motards. Aujourd’hui, on ressemble à des joueurs de tennis. »
Cette comparaison avec le tennis n’est pas fortuite : elle pointe du doigt l’individualisme forcené, le contrôle millimétré de l’image et la disparition de cette « folie » qui faisait l’essence même des Grands Prix. On ne parle plus de cambouis et de duels à la vie à la mort, mais de nutrition, de préparation mentale et de hashtags.

Bedon : « on a perdu cette connexion viscérale avec la moto et avec le public qui faisait que les fans s’identifiaient à nous »
Selon Bedon, les pilotes actuels vivent dans une tour d’ivoire, déconnectés de l’essence mécanique de leur sport. Là où un Rossi ou un Roberts incarnaient une forme de rébellion et de liberté, la nouvelle génération semble enfermée dans un carcan professionnel qui étouffe le spectacle.
« Tout est devenu trop propre, trop poli. On a perdu cette connexion viscérale avec la moto et avec le public qui faisait que les fans s’identifiaient à nous. »
Le cri d’alarme de Bedon dépasse la simple nostalgie de « vieux motard ». C’est un avertissement économique : si le MotoGP perd son identité de sport mécanique « rock’n’roll » pour devenir une simple discipline athlétique parmi d’autres, il risque de perdre sa base de fans la plus fidèle.
En devenant des « joueurs de tennis » sur deux roues, les pilotes risquent de rendre les courses interchangeables et de vider les tribunes de ceux qui cherchent encore l’odeur de la gomme et de l’essence.
































