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Alex Marquez

Il est l’heure de débriefer cette saison. Comme tous les hivers depuis deux ans, cette chronique analyse en détail la campagne de chaque pilote, du moins bien classé au champion du monde. Il s’agit là d’apporter un point de vue argumenté sur la performance de chacun de nos héros, afin d’en discuter tous ensemble. Vous êtes prêts pour ce nouveau volet, consacré à Alex Marquez ? C’est parti !

L’épisode d’hier était consacré à Marco Bezzecchi ; retrouvez-le en cliquant ici.

 

L’éclosion tardive d’Alex Marquez

 

Alex Marquez a fait une campagne formidable, il n’y a rien à redire là-dessus. Du point de vue des résultats uniquement, il s’agissait de l’une des plus belles de ces dernières années, tout simplement, et c’est peut-être la meilleure performance d’un pilote satellite sur une moto datée d’un an… de tous les temps. Enfin, il a atteint le niveau que j’imaginais à sa montée en MotoGP, enfin, il a explosé.

 

Alex Marquez

Sa plus belle victoire ? Jerez, la première. Photo : Michelin Motorsport

 

Cette ascension aura pris du temps, beaucoup de temps, même, mais c’est aussi l’exemple qui prouve que la carrière d’un pilote ne se joue pas à grand-chose. Voyez-vous, j’étais très optimiste à son propos lors de son arrivée en catégorie reine, début 2020 ; je l’avais même comparé à son frère à l’époque. Lors de sa saison rookie, chez Honda Repsol, il a été assez performant, avec deux très beaux podiums. Puis le marasme a commencé.

D’abord chez Honda LCR, avec deux saisons extrêmement difficiles. Lorsqu’il roulait pour Cecchinello, il disait souvent que, mentalement, il n’y était plus, qu’il pensait même à arrêter. Puis vint cette opportunité chez Gresini Racing, formation désormais équipée de Ducati. J’attendais de sa part des coups d’éclat, et, mieux que ça, une véritable renaissance… qui ne vint pas.

Il s’agit de l’un de mes plus gros points de désaccord avec vous. En effet, j’ai toujours qualifié de décevantes ses saisons 2023 et 2024, malgré trois podiums, deux victoires en Sprint et une pole. Beaucoup pensaient que je détestais le petit frère de Marc, mais pas du tout : au contraire, j’avais des attentes très élevées pour un pilote qui m’avait montré, en Moto3 comme en Moto2, qu’il pouvait jouer devant. Avant lui, au XXIe siècle, seuls Dani Pedrosa, Manuel Poggiali et Marc Marquez avaient réussi le doublé petite et moyenne catégorie. C’est un club très fermé, dont fait aussi partie Valentino Rossi, si l’on remonte le temps. Voilà pourquoi j’en voulais plus de lui, et d’ailleurs, je crois qu’il m’avait donné des raisons légitimes de le critiquer. Et cette année prouve que l’on était en droit d’attendre de si grandes choses de sa part.

 

Alex Marquez, la solidité incarnée

 

Même si je ne suis pas fan à proprement parler, je suis forcé de reconnaître qu’il m’a beaucoup impressionné en 2025. Il a fait un bond dans tous les domaines, ou presque, mais nous y reviendrons. Sur l’une des meilleures motos de tous les temps, il faut le dire, il a réussi à tenir une régularité dans la performance rarement vue au plus haut niveau ! En plus de ses trois victoires, il compte neuf autres apparitions sur le podium, dont sept deuxièmes places. C’est juste fou. À titre de comparaison, c’est plus que Jorge Martin en 2023 alors que celui-ci jouait le titre, mais c’est près de deux fois plus que Marco Bezzecchi la même année, qui avait été exceptionnel également, et deux fois plus exactement qu’Enea Bastianini en 2022.

De ce fait, pour moi, Alex Marquez n’était même plus un outsider, mais un favori qu’il était normal d’attendre chaque week-end. Le tout sans même évoquer ses performances en Sprint, égales à celles du dimanche.

Cependant, après avoir dit tout ça, je suis au regret de vous confesser qu’il m’a moins fait rêver que Marco Bezzecchi en 2025, en 2023, ou que Bastianini en 2022, pour reprendre l’exemple précédent. Mais pourquoi donne-t-il l’impression d’un vice-champion du monde « oubliable » ? C’est toute la question.

 

Tout n’était pas rose

 

Je crois que ça s’explique assez simplement. Premièrement, il vit toujours dans l’ombre de son frère. Il n’y peut rien, mais quand on pense Marquez, on pense à Marc, le champion de retour au sommet, très large vainqueur du championnat. D’ailleurs, à de nombreuses reprises, nous avons tous pu constater qu’Alex ne roulait pas avec son intensité habituelle lorsqu’il était derrière l’officiel Ducati.

 

Alex Marquez

Le poids du nom. Photo : Michelin Motorsport

 

Deuxièmement, et c’est lié, son attitude. Jamais, il ne m’a semblé voir quelqu’un qui était déterminé à aller chercher le titre. Alors, a posteriori, on pouvait se dire que c’était inutile tant Marc lui était supérieur, mais dès le premier GP, en Thaïlande, Alex Marquez disait qu’il ne se voyait pas disputer le championnat. Un peu étrange pour un tel compétiteur. D’ailleurs, ses résultats sont d’une régularité exemplaire, c’est vrai, mais finalement, l’image que l’on a de lui, c’est surtout d’un pilote en deuxième place ! Sur les 44 courses disputées cette année, il en a terminé 19 à la deuxième position, le plus souvent derrière son frère.

Le fait de le voir aussi souvent là ne fait pas de lui l’un de ces « perdants magnifiques », malheureusement, mais plus un Dovizioso, en un sens. Je n’ai pas compris, par exemple, pourquoi il célébrait la deuxième position au général avec une livrée spéciale à Valence. De mémoire, ça n’avait jamais été fait et je ne comprends pas trop le message renvoyé. N’espère-t-il pas viser plus haut dans le futur ?

Troisièmement, sa vitesse de pointe. Ce paramètre aide, en général, à rentrer dans les esprits. Regardez Martin en 2023 qui, à bien des égards, avait fait une moins bonne saison qu’Alex Marquez. Avec une excellente moto, Alex ne compte qu’une seule pole sur l’année, en Catalogne. C’est moins que Pecco Bagnaia, pourtant en grande difficulté technique avec sa GP25 ; moins que Bezzecchi, aussi. C’est étrange, car il s’agissait là d’un de ses points forts.

Quatrièmement, son éternel défaut, ses dépassements. Je ne peux pas dire que je suis déçu, car je lui reproche depuis 2023, désormais. Alex Marquez a énormément de mal à dépasser proprement. Cette année, alors qu’il semblait doté d’un package supérieur aux pilotes que je vais citer, il a commis plusieurs bourdes qui sont presque indignes d’un pilote de son niveau. Premièrement, ce tampon sur « Diggia » au Qatar dont serait fier Brad Binder – ce n’est pas un compliment. Deuxièmement, cette erreur à Assen qui lui coûte un passage à l’hôpital. Et, le pire d’entre tous, ce découpage en règle de Joan Mir à Brno.

 

Conclusion

 

Alex Marquez a réalisé une saison très solide, c’est le mot. Il était toujours là, quoi qu’il arrive, même dans des conditions délicates. Il a parfois cédé à la pression lorsqu’un très bon résultat était à la portée de son talent (Le Mans, Sprint en Catalogne), mais, globalement, il a réalisé un travail monstrueux, du début à la toute fin. Comme précisé dans le point précédent, je pense tout de même qu’il peut s’améliorer sur plusieurs points, dont certains sont essentiels s’il désire, un jour, soulever le plus prestigieux des trophées à son tour. Personnellement, je l’avais vu seulement huitième du général en me basant sur les années précédentes, mais je ne me referai plus avoir.

Qu’avez-vous pensé de sa campagne 2025 ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Il n’a fait qu’une bouchée de la concurrence à Sepang, l’une de ses pistes préférées. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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