C’est une page majeure de l’histoire moderne du MotoGP qui se tourne. Après plus de trente ans passés au sein de Yamaha, Lin Jarvis a définitivement mis fin à sa collaboration avec le constructeur d’Iwata. Après une dernière saison dans un rôle de consultant externe, le Britannique a décidé de prendre son indépendance et d’embrasser une nouvelle carrière : celle de consultant indépendant dans le paddock MotoGP.
Selon les informations de Motorsport.com Espagne, Jarvis a déjà informé plusieurs figures clés du championnat de sa décision. Un choix mûrement réfléchi, qui marque la conclusion logique d’un parcours exceptionnel… et la fin d’une influence tentaculaire sur la stratégie de Yamaha en Grand Prix.
Arrivé chez Yamaha en 1993, Lin Jarvis n’était pas un ingénieur ni un ancien pilote, mais un homme de communication et de marketing. Il a pourtant gravi tous les échelons jusqu’à devenir l’un des dirigeants les plus puissants et respectés du MotoGP. Peu de managers peuvent se targuer d’avoir façonné une équipe sur trois décennies, à travers plusieurs générations de pilotes, de règlements et de crises.
Avant le lancement de la saison 2025, Jarvis avait officiellement cédé son poste de directeur général de Yamaha MotoGP à Paolo Pavesio, tout en restant dans l’organigramme comme conseiller. Un rôle plus discret, avec une présence réduite sur les circuits, mais une influence toujours réelle en coulisses.

Lin Jarvis : un départ qui libère… et qui intrigue
Ces derniers mois, Jarvis a surtout été au cœur des négociations stratégiques entre les constructeurs et Dorna, le détenteur des droits du MotoGP, pour définir le nouveau cadre économique du championnat à partir de 2027.
Le directeur sportif de Dorna, Carlos Ezpeleta, confirmait récemment l’état d’avancement des discussions :
« Nous sommes dans la phase finale des négociations. Je suis très optimiste ; je pense que nous sommes sur la même longueur d’onde. »
Jarvis continuera d’assister à certaines réunions dans les prochains mois, jusqu’à la signature définitive de l’accord couvrant la période 2027–2031. Une fois cette mission achevée, son rôle d’intermédiaire entre les constructeurs et Dorna Sports prendra fin.
Impossible d’évoquer Lin Jarvis sans rappeler son héritage sportif. Sous sa direction, Yamaha a décroché huit titres de champion du monde pilotes, dont le dernier en 2021 avec Fabio Quartararo. C’est également Jarvis qui a piloté la prolongation de contrat du Français à un moment clé, malgré l’intérêt d’autres constructeurs.
Mais son coup de maître reste gravé dans l’histoire : la signature de Valentino Rossi en 2004, un transfert qui a redéfini l’équilibre du MotoGP et transformé Yamaha en machine à gagner. Plus récemment, l’un de ses derniers grands projets a été le retour d’une équipe satellite compétitive, avec l’arrivée de Pramac Racing chez Yamaha en 2025, après une longue collaboration avec Ducati.
En quittant Yamaha, Lin Jarvis ne quitte pas le MotoGP. Bien au contraire. En se lançant comme consultant indépendant, il devient potentiellement l’un des cerveaux les plus convoités du paddock : connaissance intime des constructeurs, maîtrise des équilibres politiques, crédibilité totale auprès de Dorna comme des équipes.
Son départ symbolise aussi autre chose : la fin d’un MotoGP dirigé par des figures historiques, au profit d’une ère plus fragmentée, plus politique, plus industrielle. Jarvis ne disparaît pas. Il change simplement de camp… ou plutôt, il n’en a plus.
Une chose est sûre : même loin du box Yamaha, Lin Jarvis continuera d’influencer le MotoGP. Et dans un championnat en pleine mutation, son regard extérieur pourrait bien peser plus lourd que jamais.
































