L’année 2025 s’achève pour Honda avec un goût d’inachevé. Le constructeur japonais a bouclé ses derniers essais de la saison sur le circuit international de Sepang International Circuit, mais les conditions météorologiques ont sérieusement brouillé les cartes. Pluie torrentielle, roulage limité, données incomplètes : à l’heure de tirer le rideau, Honda se retrouve avec plus de questions que de réponses à l’aube de 2026.
Ces essais de Sepang devaient marquer une étape clé : le premier vrai roulage de la Honda MotoGP version 2027, équipée du nouveau moteur 850 cc, conforme à la future réglementation. Mais pendant trois jours, la météo s’est invitée comme juge de paix. Trop d’eau, trop peu de tours significatifs, et une récolte de données largement amputée.
Le développement du moteur comme l’évaluation des nouveaux pneus Pirelli, appelés à remplacer Michelin en catégorie reine, ont été directement impactés. Honda a toutefois choisi de transformer la frustration en communication, en diffusant sur les réseaux sociaux le tout premier son officiel du moteur 850 cc, un avant-goût très attendu de la future RC214V.

Nakagami, homme-clé du projet Honda 2027
C’est Takaaki Nakagami qui a porté à lui seul le poids de ce test stratégique. Le Japonais a roulé avec une moto de base, dotée d’un package aérodynamique allégé, tandis que Joan Mir et Luca Marini étaient volontairement absents.
Un choix clair : Honda a fait de Nakagami le pilote de référence pour la RC214V, celle qui incarnera la nouvelle ère MotoGP. Déjà très impliqué en 2025, il devient désormais le pivot du développement 2027.
Ces essais ont également marqué un tournant administratif majeur. Grâce à ses résultats 2025 (35 % des points récoltés), Honda quitte la catégorie D pour passer en rang C dans le système de concessions MotoGP.
Conséquence immédiate : plus de tests privés pour les pilotes titulaires, un quota limité à 260 pneus d’essais par saison, obligation de travailler exclusivement lors des essais officiels Pirelli.
En clair : moins de liberté, plus de pression, et une planification chirurgicale indispensable pour mener de front les projets 2026 et 2027.
Malgré tout, Sepang n’a pas été inutile. Nakagami a pu tester les prototypes de pneus Pirelli aussi bien sur piste humide que – brièvement – sur le sec. Mieux encore : Honda est devenu le premier constructeur MotoGP à tester les pneus pluie Pirelli en conditions réelles.
Un détail ? Pas vraiment. Dans une catégorie où l’adaptation aux pneus est souvent décisive, ce premier pas sous la pluie pourrait s’avérer précieux lorsque la nouvelle ère débutera officiellement.
Le plan est désormais établi : Aleix Espargaró se concentrera sur l’évolution de la RC213V en 2026, Nakagami poursuivra le développement exclusif de la RC214V, Espargaró rejoindra le projet 2027 en milieu de saison.
Pendant ce temps, la concurrence avance : KTM a déjà fait rouler sa 850 cc à Jerez, et l’ensemble du plateau a commencé à goûter aux pneus Pirelli dès septembre à Misano.
Ces essais de Sepang ont envoyé un message clair : Honda ne subit pas la transition, elle la prépare activement. Mais entre météo capricieuse, nouvelles limitations réglementaires et révolution technique à venir, le constructeur japonais entame 2026 avec un retard de données et une marge d’erreur réduite à néant.
La route vers 2027 est lancée. Elle sera glissante, exigeante… et impitoyable.
































