MotoGP Jerez 1 J3 Conférence Fabio Quartararo : LA VICTOIRE (Intégralité)

Via le site officiel MotoGP.com, nous avons assisté aujourd’hui à la première conférence MotoGP post-course « du monde d’après », c’est-à-dire avec les pilotes espacés les uns des autres, répondant aux questions des journalistes via le logiciel Zoom.

Étaient présents Fabio Quartararo, Maverick Viñales et Andrea Dovizioso.

Comme à notre habitude, nous reportons ici l’intégralité des propos de Fabio Quartararo, sans la moindre mise en forme.

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Fabio, vous avez 21 ans et cela fait 21 ans que l’on n’avait pas entendu l’hymne national français en catégorie reine. Vous avez fait une course extraordinaire. Quelle était votre stratégie et comment cela s’est passé pour vous ? Et félicitations !

Fabio Quartararo : « merci beaucoup ! Oui, c’était une course vraiment difficile, avant tout car je n’ai pas fait un très bon départ. Mais au final j’étais cinquième derrière Pecco et Jack, et nous savions il était très difficile d’utiliser notre vitesse de passage en virage derrière les Ducati, en particulier dans le dernier secteur. J’ai doublé Pecco et Jack dans le dernier virage, puis j’ai vu l’erreur commise par Marc mais il était difficile de rattraper Maverick. Il a alors commis une petite erreur dans le virage six et j’ai alors pris mon propre rythme. Honnêtement c’était très étrange, car hier en FP4 l’adhérence était très bonne et on sait que normalement le grip descend après les Moto2, mais je ne m’attendais pas à ce que cela soit autant le cas. Si vous regardez les rythmes d’aujourd’hui et d’hier, c’est presque une seconde plus lent. Il était donc difficile de comprendre la piste, mais le plus important est que nous ayons remporté notre première victoire aujourd’hui. »

Marc Márquez avait un très bon rythme mais a connu les problèmes que vous savez. Qu’avez-vous vu et pensez-vous qu’il était impossible de maintenir ce rythme dans ces conditions ?

« Honnêtement, je n’ai pas vraiment vu Marc faire encore une fois un rattrapage incroyable. Vous savez, quand vous êtes concentré, vous ne vous occupez de rien autre. Mais j’espère qu’il est OK car je viens seulement de voir sa chute dans la salle de conférence. Donc oui, j’espère le voir en forme la semaine prochaine ».

On a vu votre émotion une fois que vous avez passé le drapeau à damier. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous avez ressenti ?

« C’était fantastique mais étrange à réaliser, car quand les fans ne sont pas là autour de la piste, c’est difficile de le réaliser sur le moment, dès que j’ai retrouvé mes mécaniciens, l’émotion était exactement la même. Nous devons beaucoup profiter aujourd’hui car ce n’est pas tous les jours que vous avez votre première victoire en MotoGP. Nous nous concentrerons sur la course de la semaine prochaine à partir de demain. »

Que pensez-vous de la mentalité de Marc qui est remonté de la 16e à la 3e position avant de chuter ?

« Je pense que tout le monde sait que la mentalité de Marc est celle d’un gagnant. Selon moi, il avait aujourd’hui le meilleur rythme par rapport à tout le monde, et il a également été très impressionnant ce matin. Il va vraiment très vite. Mais les conditions ont complètement changé, et pour moi il était vraiment difficile de comprendre la piste, mais son mental est vraiment très fort. J’espère qu’il va bien après sa grosse chute (ndlr : à l’heure de cette conférence, on n’avait pas de nouvelles officielles concernant Marc Márquez). »

Considérant qu’il a marqué zéro point aujourd’hui, et qu’il sera peut-être absent la semaine prochaine, qu’est-ce que cela change à votre stratégie pour le championnat ?

« Pour moi, rien. Cela peut arriver à tout le monde. La semaine prochaine, tout le monde peut connaître une chute et marquer zéro points. L’année dernière, j’ai connu un problème technique alors que je me battais pour 20 points, et j’ai donc marqué zéro point. Donc pour moi, cela ne change rien : tout le monde peut connaître une chute ou avoir un problème technique. »

Vous êtes seulement le quatrième Français à avoir remporté une victoire en catégorie reine depuis la création du championnat. À quel point en êtes-vous fier ?

« Bien sûr, je suis très fier d’avoir remporté ma première victoire en MotoGP lors de la première course 2020, et en particulier comme je l’ai dit hier et jeudi, c’est seulement ma première course sur la moto 2020 et je n’ai pas exactement les mêmes sensations que sur la moto de l’année dernière. Bien sûr, j’ai beaucoup appris aujourd’hui car quand vous faites une course vous apprenez à chaque tour. Aujourd’hui, la piste était complètement différente par rapport à vendredi et samedi, et j’ai progressé dans l’apprentissage de la connaissance des conditions de piste. Et je pense qu’aujourd’hui, c’était un point clé car l’adhérence était beaucoup plus basse. Honnêtement, c’est une très belle sensation d’avoir finalement notre première victoire en MotoGP. »

L’année dernière, vous avez raté la victoire à plusieurs reprises dans le dernier tour. Aujourd’hui, quel était votre état d’esprit dans le dernier tour ?

« La situation de l’année dernière était différente. Je me suis battu avec Marc jusqu’au dernier tour, peut-être pas à Misano mais en Thaïlande où nous avons fini la course en moins d’un dixième. Ici, au final, cela a été un jeu complètement différent car j’avais créé un écart. Il était donc plus facile de rester concentré dans le dernier tour car j’étais bien plus en sécurité que lors du dernier tour en Thaïlande où j’étais à la limite. Mais c’était les 10 derniers tours les plus longs de ma vie ! Il fallait rester concentré et avec ces conditions l’adhérence était vraiment basse. Je suis donc très heureuse du résultat et nous allons essayer de travailler dans ces conditions. »

A ce moment de la conférence, on apprend que Marc Márquez s’est fracturé l’humérus et qu’il va être opéré à Barcelone mardi prochain…

« (Soupir) et bien, avant tout, qu’il se rétablisse rapidement ! C’est la première chose que je peux dire, car sa chute était vraiment grosse. Ce sera étrange car Marc est le favori du championnat, et ce sera étrange d’être sans lui ici la semaine prochaine. Je ne peux rien dire d’autre à part lui souhaiter un rapide rétablissement et que j’espère le revoir bientôt sur la piste. »

Il y aura une course ici même la semaine prochaine. Qu’avez-vous appris de cette première course et quelle est la chose que vous allez changer ?

« C’est difficile à dire car la piste change beaucoup avec les Moto3 et les Moto2. Après l’année dernière, nous savions que l’adhérence était critique à la suite des Moto2, mais selon moi aujourd’hui c’était encore pire que l’année dernière. Je pense que c’est une chose à laquelle nous devons faire attention. Ce week-end, je me suis également concentré sur le pneu avant dur et le pneu arrière tendre, et peut-être que nous allons essayer des pneus différents lors des FP1 et FP2, car même si nous nous sommes sentis très bien avec dur/tendre, c’est quelque chose dont nous devons parler avec l’équipe avant vendredi. Nous prendrons une décision avec l’équipe, mais honnêtement notre base est très bonne, donc nous verrons ce que nous ferons avec l’équipe. »

Avec les restrictions sanitaires, allez-vous fêter votre victoire ?

« Nous verrons comment fêter ça. Je serai dans le motorhome mais nous ne pouvons pas beaucoup fêter ça car il y a une autre course la semaine prochaine. Bien sûr, nous allons organiser quelque chose du mieux que nous pouvons avec les restrictions et nous nous amuserons. Pas de la façon dont nous aurions voulu mais nous nous amuserons. »

Pouvez-vous nous parler de l’influence que Wilco Zeelenberg et votre mécanicien néerlandais ont sur votre développement ?

« Avant tout, avec Wilco et mon mécanicien Robin, je suis ici depuis l’année dernière et c’est donc toujours positif pour nous. Pas seulement avec la connexion néerlandaise, parce qu’il beaucoup d’autres nationalités dans l’équipe, mais c’est important car Wilco a beaucoup d’expérience avec Yamaha. Il a été assez longtemps dans l’équipe d’usine, en bord de piste pour voir si tout se passe bien ou s’il voit quelque chose de mauvais. Et bien sûr il y a mon mécanicien Robin qui travaille sur la moto. Nous sommes une équipe, et quelle que soit la nationalité, il est important d’être comme une famille. Et je suis donc très satisfait de cela. »

Est-ce à partir de la course de Jerez ici même l’année dernière, où vous avez fait une très belle performance, que vous avez réalisé que vous aurez beaucoup d’opportunités de remporter des victoires dans le futur ?

A ce moment, Johann Zarco monte sur l’estrade et vient féliciter Fabio en criant…

« Il est fou (rires) ! »
« L’année dernière, à Jerez, j’ai eu la possibilité de me battre pour le podium et peut-être pour la victoire. C’est le moment où j’ai réalisé. Nous avions fait la pole position donc nous savions que nous étions rapides lors d’un tour de qualification. Mais en course, je ne m’attendais pas à être troisième, puis deuxième en créant un écart. J’ai beaucoup appris au sujet des pneus et oui, c’est à ce moment que j’ai su que nous avions les capacités pour nous battre pour de très bons résultats, et d’être rapides pas seulement en qualifications mais aussi pendant les courses. »

Il n’y avait pas les écrans géants. Quelle influence cela a-t-il eu sur votre course ? Étiez-vous davantage inquiet ?

« Honnêtement, je regardais les écrans géants en Moto3 et en Moto2, mais on va trop vite en MotoGP pour les regarder. Là où ils m’ont manqué, c’est en qualification. Vous pouvez voir le dernier tour de quelqu’un très rapide, mais normalement vous les regardez en tournant la tête à droite dès que vous avez franchi la ligne d’arrivée pour voir votre position, au virage 1 où il y a un écran. C’est la première chose que je faisais lors des qualifications. Là, il y a une sorte de suspense jusqu’à temps que vous arriviez dans le paddock, sans savoir exactement le résultat que vous avez fait. Donc ce n’était pas un problème durant la course, mais c’était un peu étrange de ne pas connaître sa position lors des qualifications. »

Vous étiez derrière les deux Ducati Pramac, étiez-vous inquiet que cela se passe comme en Malaisie l’année dernière ou confiant de pouvoir les dépasser et vous battre pour la victoire ?

« Honnêtement, je me sentais assez mal ! Je ne dirais pas mal, mais je dirais que ce n’était pas la façon dont je voulais commencer le Grand Prix. Quand vous êtes doublé par ces motos rapides… »
« Quand Jack m’a doublé dans la ligne droite, j’ai pensé que j’étais dans une catégorie différente car il a rattrapé presque une demi-seconde. Mais, honnêtement, j’ai géré afin de rester vraiment calme. Je les ai doublés au même endroit car je savais que c’était dans ces virages rapides nous pouvions utiliser notre vitesse de passage. Je suis donc resté calme et c’est le plus important car j’étais vraiment très nerveux l’année dernière. Je suis resté très calme et c’est quelque chose que j’ai appris durant le confinement, de ne pas toujours être hyperactif et de rester un petit peu plus calme. »

On dit que la première victoire change votre vie. Commence pensez-vous que cela va changer la vôtre ? Et avec le problème de Marc, pensez-vous que vous êtes un prétendant au championnat ?

« Changer ma vie, je ne sais pas car je ne réalise toujours pas que j’ai remporté ma première course. Comme je l’ai dit avant de connaître la blessure de Marc, je me vois bien sûr davantage prétendant au championnat. Mais comme je l’ai dit, nous devons rester concentrés et je veux penser course par course, comme nous l’avons fait lors de la première. Nous devons bien sûr rester très concentrés car nous savons que nous avons beaucoup de courses qui vont se dérouler sur une période très courte. Donc le plus important est d’essayer de ne pas chuter et de ne pas se blesser. Honnêtement, je me sens super bien sur la moto et nous continuerons dans cette direction car je pense nous avons une très bonne base sur la moto. Nous pouvons travailler un peu plus sur l’électronique car j’ai vu de très intéressants détails, donc nous verrons. »

Classement du Grand Prix d’Espagne MotoGP à Jerez de la Frontera :

Crédit classements et photo : MotoGP.com