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L’incertitude autour de l’organisation du Grand Prix d’Argentine du week-end dernier aura duré jusqu’à la dernière minute, alors que le paddock MotoGP attendait toujours l’arrivée des 20% de fret retardés de la dernière manche du championnat en Indonésie. Avec 21 courses au calendrier, dont 7 outre-mer, les déplacements sont un casse-tête à organiser. La plupart des teams se situant en Europe, les déplacements les plus chers en termes de logistique et de mouvements humains se situent outre-mer, pour atteindre des pays comme l’Argentine, le Japon ou l’Australie.

Lors de ces voyages exotiques, auxquels les teams doivent se réhabituer après la pandémie de COVID 19, et du fait de l’éloignement des circuits par rapport à l’Europe, le paddock du Championnat du Monde MotoGP – qui compte habituellement quelques 3000 personnes – doit organiser, avec l’aide d’une entreprise spécialisée dans la logistique, l’expédition de tout le matériel. Quand une course se termine, chaque équipe se précipite pour mettre les motos dans des containers spécifiques et démonter le box et l’hospitality en un temps record. Les camions doivent être chargés en direction de l’aéroport. Pour les teams, il n’y a pas de temps à perdre, tout comme sur la piste ! Lorsque les weekends de GP se suivent, comme cela risque de se reproduire en fin d’année, ils n’ont que 36 heures pour que la totalité du matériel voyage d’un circuit à l’autre. Et vu les soucis rencontrés ce WE, l’enchainement du Japon avec Aragon en Espagne en fin d’année s’annonce compliqué.

 

 

Cinq avions cargo Boeing 747 et 777 transportent plus de 380 tonnes de marchandises entre chaque Grand Prix, répartis dans 150 conteneurs. L’ensemble du matériel est réparti dans des caisses spécialement conçues. Chaque caisse répond aux besoins exacts de son contenu en termes de dimensions et de sécurité.  En règle générale, on peut dire que plus l’équipe est grande, plus le nombre de flight cases est élevé; les équipes d’usine MotoGP pouvant en utiliser jusqu’à 50 et une équipe Moto3 à deux pilotes n’en nécessitant pas plus de 3.

Cela représente au total environ 600 caisses pour les écuries MotoGP, à ajouter à 200 ou 300 autres pour Dorna.  Lors des GP outre-mer, 30 de ces caisses voyagent en avion et 15 en bateau. Dans les 30 envoyées par avion se trouvent tous les éléments essentiels pour la prochaine course, en particulier les 4 motos, les principaux outils, les ordinateurs, les panneaux, les téléviseurs, etc… Mais également les produits les plus dangereux tels que les huiles, lubrifiants, etc… Mais n’oubliez pas l’organisateur, ils doivent déplacer leur matériel de production TV (50 tonnes), le système de chronométrage (7 tonnes), deux BMW Safety et Medical Car et deux motos (5.5 tonnes) ainsi que leur hôpital mobile.

 

 

Chaque équipe du MotoGP a le droit de transporter par avion un fret de 9.5 tonnes payé par Dorna. Si la limite de poids est dépassée, les kilos supplémentaires coutent excessivement cher, voilà pourquoi certains conteneurs voyagent par bateau. Même si c’est plus long, avec une organisation sans faille, cela permet d’économiser un tiers du budget qui serait dépensé si tout voyageait en avion !

Par voie maritime, plusieurs conteneurs de 40 pieds (environ 12 mètres) sont envoyés. À l’intérieur, on retrouve environ 4,5 tonnes de matériel pour construire l’hospitalité (tables, chaises, matériel de cuisine…). L’autre moitié du conteneur est composée d’autres éléments non techniques utilisés pour construire le box : câbles, panneaux, outils supplémentaires et autres marchandises.

Une fois chargé, le premier cargo décolle, le plus souvent vers midi le lundi qui suit la course. Les trois autres avions suivront à intervalle de six heures. Après le cargo contenant le matériel de l’organisateur, qui décolle toujours le premier, vient ensuite celui des MotoGP, des Moto2 et enfin des Moto3. Ça, c’est quand tout se passe bien dans cette organisation bien rodée. Mais parfois, la guerre en Ukraine vient s’en mêler, ce qui dévie les couloirs aériens. Ajoutez à cela non pas un, mais deux avions des flottes d’Aerostan à tomber en panne, et les organisateurs ont dû s’arracher les cheveux et s’adapter pour proposer un spectacle digne de ce nom ce WE. En effet, le spectacle doit toujours continuer. Annuler un Grand Prix parce que le matériel est en transit n’est pas concevable : la pression a été lourde sur les épaules de l’organisateur, qui a réussi à s’en sortir avec brio.

 

 

Ainsi, selon les informations qui ont été transmises aux équipes, il y a eu la semaine dernière un retard dans le départ du matériel de Lombok vers l’Argentine en raison d’une panne technique sur l’un des avions qui devait être utilisé. En raison du manque d’avions disponibles pour une alternative immédiate, la seule solution était que l’un des cargos qui transportaient la cargaison initiale à Termas de Rio Honda retourne à Lombok. Initialement, on espérait que cet avion pourrait atterrir à Tucuman mercredi après-midi, mais l’horaire a dérivé de jeudi vers midi pour finalement arriver à minuit. La liste complète des équipes qui ont été affectées, en tout ou en partie, par le retard dans l’envoi de matériel de l’Indonésie vers l’Argentine est la suivante :

Team Ducati : 10 conteneurs manquants, contenant l’aménagement des boxes, de pièces de rechange, d’outils, de fournitures d’accueil, etc.

Équipe VR46 MGP : Tout

Équipe Gresini MGP : Tout

RNF : 2 conteneurs manquants

Moteurs Team Yamaha : 3 conteneurs manquants

Team Yamaha MGP : 7 containers manquants

Team Tech 3 MGP : 2 conteneurs manquants

Team KTM : 7 conteneurs manquants

Team Suzuki : 2 conteneurs manquants

Equipe Gresini M2 : tous

Team Ajo : il manque tout le Moto2 et Moto3

Team MVS : 9 conteneurs manquants

Team VR46 M2 : 9 conteneurs manquants

Team VR46 Mastercamp : 1 conteneur manquant

Équipe Léopard : tout

Team Avintia : 1 conteneur manquant

De plus, la plupart des fournisseurs, dont Michelin, ont été touchés.

 

 

Les deux avions qui ont subi des avaries techniques, appartenant à la compagnie aérienne kirghize Aerostan, ont tous deux plus de 35 ans – mais au milieu d’une pénurie mondiale d’avions cargo causée à la fois par la pandémie de coronavirus et l’invasion russe de l’Ukraine, l’organisateur du MotoGP Dorna a été laissé dans une situation peu enviable et a réussi à bien réagir aux obstacles extérieurs qui se sont dressés jusqu’ici sur son chemin. Sa première réponse majeure a été une modification complète du programme du week-end, avec toutes les actions sur piste annulées vendredi au profit d’un programme du samedi fortement chargé avant la journée de course relativement normale de dimanche.

Mais une fois le matériel arrivé à l’aéroport, après un passage aux douanes en bonne et due forme, il faut encore transporter tout le matériel sur le circuit, sur lequel ce n’est pas aussi simple que d’ouvrir les flight cases et de faire la course. Les motos sont normalement emballées «telles quelles» après les courses, ce qui signifie qu’après une dernière course humide et sale en Indonésie, une quantité importante de nettoyage sera nécessaire.

 

 

Ensuite, l’entretien de routine régulier effectué avant tout week-end de course doit également être terminé et le box doit être mis en place – un processus qui peut facilement prendre encore huit heures et comprend normalement le travail d’une journée complète pour les mécaniciens le mercredi et le jeudi.

Le MotoGP est une course contre la montre sur la piste, mais aussi dans les airs, sur la route, dans les aéroports et autour du monde.