Le SuperShow du circuit de Charade, organisé chaque année en Auvergne, est bien plus qu’une simple manifestation classique : c’est une célébration de la passion, du partage et des souvenirs qui traversent les époques. Ce rassemblement, qui réunit pilotes, fans et légendes du sport automobile et motocycliste, offre chaque année des moments uniques, où l’émotion côtoie la performance. En 2025, le rendez-vous fut fixé le week-end du 22 juin, l’occasion de revenir sur cette édition avec deux anciens pilotes, qui ont enfilé un cuir le temps de l’événement : Christian Sarron et Philippe Alliot.
Organisé les 21 et 22 juin en Auvergne, le Charade Supershow a rassemblé de nombreuses personnalités des sports mécaniques. Outre Christian Sarron, champion du monde Français en Grand Prix, et Philippe Alliot, ex pilote de Formule 1, d’autres figures issues de toute discipline, que ce soit sur deux ou quatre roues, se sont réunies pour l’occasion. Parmi ces derniers, on retrouvait notamment Franck Montagny (Formule 1) et Gérard Larousse, Ari Vatanan (Rallye) ou encore Antoine Méo (Enduro).
Le Supershow, c’est l’occasion d’apercevoir des bolides d’époque en piste, mais aussi d’échanger avec ces stars qui animaient les championnats de sports mécaniques par le passé. Et lorsqu’on interroge les protagonistes de l’événement, la ferveur des passionnés semble ne pas avoir changé.
« Ça fait toujours plaisir, c’est vrai, nous confie Christian Sarron au lendemain de l’édition 2025 du Supershow. Ça me fait surtout prendre conscience que je leur dois beaucoup. J’ai beaucoup de respect pour tous les fans qui viennent, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je participe à ces manifestations classiques. C’est une manière de pouvoir côtoyer à nouveau les fans, et de les remercier de leur soutien. »
« Il y a une phrase qui revient très souvent, c’est quand ils me disent : ‘Tu m’as fait rêver toute ma jeunesse.’ Ça me touche énormément, poursuit-il. On est toujours ravis de se retrouver entre copains, voire frères d’armes, parce qu’en moto, je considère qu’à une époque, on partait à la guerre. Il y avait des risques, et j’ai perdu beaucoup d’amis. Donc entre frères d’armes, même si on était adversaires sur la piste, il y avait un profond respect entre nous. Il y en a toujours eu dans la moto, et encore plus avant que maintenant. Donc à ces occasions là, ça me fait plaisir de retrouver des amis. »
Des moments conviviaux partagés dans l’atmosphère unique du circuit de Charade, qui rappelle aux plus vieux des souvenirs de jeunesse, permettent aux jeunes de se plonger dans le passé. Mais ils ne sont pas les seuls à avoir la tête chargée de souvenirs sur ce circuit historique. « Quand j’étais jeune, avec mon frère, on allait voir la F1 à Charade, confie Philippe Alliot. Avec Jackie Stewart et Helmut Marko, donc j’étais un peu ému d’y retourner. Ce sont des souvenirs de jeunesse qui font que c’est toujours un plaisir de retourner là-bas. »

Philippe Alliot et Christian Sarron équipé de cuirs d’époques, datant du Bol d’Or 1994 © Philippe Alliot
Deux motos historiques de Christian Sarron exhibées à Charade
Le week-end dernier, le champion du monde 1984 en 250cc avait affrété deux motos sur le circuit de Charade. La première, une XSR 900 Sarron, une moto commercialisée par Yamaha il y a deux ans, aux couleurs de la 500cc du pilote. La deuxième, la réplique de la 250cc de Christian Sarron, floquée du n°2 (photo ci-dessus). Une machine confectionnée par Yamaha Amsterdam, de la mécanique à la peinture.
Pour piloter ces deux motos, il y avait d’un côté Christian Sarron, et de l’autre Philippe Alliot. Deux pilotes qui ont évolué au plus haut niveau dans leurs disciplines respectives, à la même époque, et dont l’amitié perdure depuis plus de 30 ans. Leur démonstration à Charade n’était d’ailleurs pas leur première ensemble, puisqu’un beau jour, ils avaient déjà échangé leurs bolides sur le circuit Paul-Ricard, comme nous le raconte le pilote Français. Une seconde machine que le propriétaire du circuit s’est fait une joie d’acquérir, comme nous le précise Christian Sarron.
« Quand j’étais en Formule 1, je lui avais prêté ma monoplace, et il m’avait prêté sa moto de Grand Prix, ajoute Philippe Alliot. C’était un échange extrêmement intéressant, car j’adore la moto aussi. Là où je passais à 300 en F1, en moto, je passais à 160. En revanche, en accélération et en ligne droite, la moto est supérieure à la F1. Au niveau des sensations, évidemment, comme tu touches la route et que tu es à l’extérieur du véhicule, elles sont différentes, mais les deux outils sont exceptionnels à piloter. »
30 ans plus tard, le constat est identique : « Cette fois-ci, il m’a mis à disposition une Yamaha très sophistiquée, avec un pneu de course que Michelin lui avait donné. Donc autant te dire que je me suis régalé. »
Un regret ? Ne pas avoir pu pousser la machine dans ses retranchements, car même si les années passent, l’adrénaline coule toujours dans leurs veines quand il s’agit de reprendre le guidon. Après quelques hectomètres, l’esprit de compétition qui les a animés tout au long de leur carrière les a d’ailleurs vite rattrapés. « Le circuit de Charade n’est pas vraiment adapté à ce genre de moto, mais c’était tout de même formidable. Je savais que j’avais Christian derrière moi, avec une moto de course, et il n’a pas pu s’empêcher de me doubler et de me montrer qu’il était plus fort que loi (rires) ! »
Outre le plaisir partagé en piste au guidon de ces bolides classiques, les deux pilotes auraient passé des heures à signer des autographes avec des fans, rarement venus les mains vides, issus de tout coin. « C’est toujours un plaisir de voir que les gens se rappellent de ce que j’ai fait, sourit Christian Sarron. Ils viennent avec des souvenirs de l’époque, des livres, des photos ou des magazines. Parfois même des anecdotes. Ça me fait vraiment plaisir. »
« Je n’imaginais pas passer 4 heures à signer des autographes sur les deux jours, ajoute Philippe Alliot. Les gens viennent avec des journaux dans lesquels tu étais, et toute sorte d’objets. De voir des gens absolument passionnés, et de se rendre compte qu’ils sont toujours là, toujours autant passionnés par les sports mécaniques, c’est formidable. Dans ces événements-là, ton ego est flatté. Tu es adulé par les foules, trente ans plus tard. Quelque part, c’est une grande émotion, j’en suis fier. Ce sont des passionnés sympas, et il y a une super ambiance là-bas, en Auvergne, dans un environnement sublime. »