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L’homme est doué pour piloter une moto, tout le monde s’en est rendu compte, mais son talent concernant le maniement de la prose est nettement plus confidentiel. Qu’à cela ne tienne, La Gazzetta dello Sport (version papier) lui a confié ses colonnes pour que le pilote Pramac Ducati puisse nous faire vivre son Grand Prix du Qatar de l’intérieur, ce qu’il s’est empressé d’écrire dans l’avion qui le ramenait en Italie.

« Les gens de la nuit », chantait Jovanotti*. Et quels gens, ajouterais-je.

« Comme toutes les premières qui se respectent, celle du MotoGP se tient aussi la nuit, sous les lumières d’une lune immense et de centaines de projecteurs qui illuminent la piste comme en plein jour.

« Et c’est génial, laissez-moi vous le dire. J’en ferais plein, des courses la nuit, il y a une atmosphère surréaliste. Et puis elles sont même plus confortables pour nous les pilotes, on se réveille calmement et on arrive au circuit très tard par rapport à d’habitude, à l’heure du déjeuner. J’ai envie de dormir le matin et de me coucher tard le soir, alors courir ici me donne l’idée que tout est plus calme.

« On court au milieu du désert. Il y a Doha, une ville qui change de jour en jour, un énorme chantier à ciel ouvert avec des gratte-ciel qui surgissent d’année en année comme des champignons.

« Pendant que j’écris, je suis dans un avion qui me ramène à la maison. Je n’ai pas eu l’occasion de revoir la course à la télé, mais j’ai toujours été spectateur au premier rang. Dans tous les sens parce que je partais du premier rang, troisième.

« Bravo », je me suis dit. A côté de moi Marquez deuxième et en pole Zarco. Nous trois avons battu samedi soir le record de la piste qui tenait depuis dix ans.

« Il n’y avait plus que Dovi. Il était le plus redouté. Je me suis entendu nommer beaucoup de fois ces jours-ci parmi les favoris pour cette course et en fait je m’y sentais aussi, amoureux de la moto et de la piste où je me sentais fort. Mais je craignais Dovi et Marquez, je savais que quand il y aurait à sortir ce petit plus ils seraient là. Dovi avec son expérience et sa technique, Marc son génie et sa folie. Je n’avais pas tort.

« J’étais convaincu qu’une place sur le podium était la mienne. Je n’avais pas fait les comptes avec un jeune homme nommé Rossi Valentino de Tavullia.

« J’ai essayé de le passer à mi-course environ, je me suis jeté à l’intérieur dans un virage à gauche serré, il m’a résisté à l’extérieur donc j’ai élargi pour prendre de la vitesse et le passer dans la courbe suivante, un long virage en accélération en cinquième. Nous l’avons parcouru côte à côte. Même si j’avais l’avantage de la trajectoire, Valentino de Tavullia m’a résisté à l’extérieur.

« J’ai eu peur de faire une bonne omelette, mais je voulais être devant. Je n’ai pas pu le passer. C’était une course qui ressemblait à une escalade vers un sommet de col de Coppi lors du tour d’Italie.

« Zarco s’est effondré dans la finale, et c’est alors que Marquez et Dovizioso se sont affrontés juste au moment où j’ai été surpris par Pedrosa et j’ai élargi pour éviter le contact. J’ai raté le bon train. J’ai terminé juste à temps pour attraper le top. C’est bon.

« Je veux regarder le verre à moitié plein. J’ai ouvert ce texte en citant Jovanotti parce que j’ai pensé à une phrase de cette chanson : « Le jour change des lois et change des gouvernements, passent les étés et passent les hivers mais les gens de la nuit survivent toujours ». Ça s’est passé en hiver en effet, mais ce sont encore les deux mêmes à jouer pour les marches les plus hautes du podium.

« P.S. Bravo Dovi !!!! »

*(ndlr : Jovanotti, de son vrai nom Lorenzo Cherubini, né le 27 septembre 1966 à Rome, chanteur, rappeur, disc jokey et compositeur italien, considéré comme l’un des pionniers du hip-hop italien).

Photos © Pramac Racing et Petrux perso

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