Alors que la Formule 1 est secouée par des mouvements importants dans la hiérarchie des écuries, dont le possible retour en piste de Christian Horner, qui songe à prendre le contrôle d’Alpine F1 Team, la réponse officielle d’Alpine face à ses travers est claire, calibrée et sans illusions : plus de plans quinquennaux.
C’est le message que l’on retient des déclarations limpides du nouveau directeur général, Steve Nielsen, en conclusion de la saison 2025, une saison catastrophique achevée dernier du classement des constructeurs avec seulement 22 points.
Lorsque Renault a rebaptisé son équipe Alpine en 2021, elle avait promis un plan sur 100 courses : une chronologie pour revenir aux podiums — d’abord — puis jouer les victoires.
Deux ans plus tard, cette ambition n’a pas survécu aux résultats réels : Alpine a peiné, stagné, puis décroché, au point de stopper le développement de l’A525 en juin 2025 pour se concentrer sur 2026.
Dans ce climat de remise en cause, Nielsen a choisi une ligne « antidogmatique » : « je ne crois pas aux plans sur 100 courses, ni aux plans triennaux ou quinquennaux. »
Pour lui, la reconstruction n’est pas une équation magique que l’on solve avec un calendrier, mais un processus de long terme, méthodique et fondé sur les bonnes personnes, les bons objectifs et un vrai travail d’équipe.
Nielsen vs. Horner : deux philosophies de management opposées pour Alpine
Cette prise de position arrive à un moment crucial et révélateur du paysage F1. Red Bull a licencié Horner en 2025, mettant fin à deux décennies de règne à Milton Keynes.
La rumeur d’une arrivée d’Horner chez Alpine circule dans le paddock, le Britannique visant potentiellement un rôle de contrôle total plutôt que de simple directeur d’équipe. Certains rapports évoquent même une discussion avec le PDG de la F1, Stefano Domenicali, autour de nouvelles structures ou de reprises d’équipe.
Alpine, qui change de moteur pour 2026 (Mercedes) et qui se restructure en profondeur, apparaît comme une cible potentielle pour un Horner déterminé.
Ce contexte fait ressortir avec encore plus de force la déclaration de Nielsen. Là où Horner représenterait une stratégie agressive, à grande vitesse, fondée sur la hiérarchie, la pression de performance immédiate et une gestion très politique des équipes, Nielsen met l’accent sur une progression durable, pas une montée artificielle programmée sur cinq saisons.
Alpine a connu en 2025 sa pire saison moderne, ne marquant des points que lors d’un seul des onze derniers Grands Prix. Pour Nielsen, l’urgence n’est pas de rattraper dix places en championnat en un claquement de doigts, mais de rétablir une base solide, semaine après semaine :
« Je veux participer à des courses chaque semaine, idéalement pour marquer des points. Nous avons amélioré notre structure, recruté là où nous étions faibles. Mais on ne change pas les choses en quelques mois, ni même en un an. »
Ce discours réfléchi contraste nettement avec le style Horner : directif, agressif, orienté résultats immédiats et hiérarchie dure.
Alpine revendique une culture basée sur la construction interne, pas sur une transformation de type « coup de masse ». Le pragmatisme de Nielsen indique une direction qui veut éviter les mêmes pièges que ceux qui ont pu nuire à Alpine dans le passé.
Horner, quant à lui, représente l’approche inverse : une stratégie d’impact, de leadership imposé et de résultats rapides, ce qui peut fonctionner, mais souvent au prix de tensions internes.
Dans un sport où les histoires de leadership font autant parler que celles de performances, la dualité de ces visions pourrait bien définir l’avenir d’Alpine.
Alpine laisse tomber les calendriers idéologiques et adopte une approche pragmatique. Nielsen refuse les plans quinquennaux, préférant la construction structurelle. Cette orientation se place en contraste direct avec la rumeur d’un éventuel retour d’Horner, dont le style est perçu comme plus agressif et orienté « résultats immédiats ».
La reconstruction d’Alpine n’est pas un sprint, mais un marathon , et Nielsen l’assume.
