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Fred Vasseur

L’histoire devait être belle. Elle l’a été sur le papier, beaucoup moins sur la piste. Lewis Hamilton, arrivé chez Ferrari porté par une immense vague d’espoir, a vécu une première saison en rouge nettement plus compliquée qu’anticipé. Et pour la première fois, Fred Vasseur l’admet ouvertement : la Scuderia a sous-estimé l’ampleur du choc.

Lors du débriefing de fin de saison à Maranello, Vasseur n’a pas cherché à masquer la réalité. Le passage de Hamilton de Mercedes à Ferrari s’est révélé autrement plus complexe que prévu.

« Je pense que ça a été difficile pour Lewis, et c’est un euphémisme de dire que ça a été difficile. »

Après près de vingt ans passés dans l’univers Mercedes — d’abord chez McLaren puis chez Mercedes usine — Hamilton a dû réapprendre absolument tout.

« Après 20 ans chez Mercedes, c’était un changement énorme. Personnellement, j’ai sous-estimé l’ampleur de cette étape. »

Vasseur insiste : il ne s’agit pas d’un problème de niveau ou de méthode, mais d’un changement total d’écosystème.

« Il ne s’agit pas de savoir si nous faisons les choses mieux ou moins bien, mais simplement différemment. Chaque logiciel est différent, chaque composant est différent. Les personnes qui l’entouraient étaient différentes. »

Même les détails les plus anodins comptent à ce niveau-là, surtout dans une Formule 1 2025 ultra-serrée, où la moindre imprécision se paie cash.

Hamilton termine l’année sans podium, à 86 points de Charles Leclerc, dans une SF-25 souvent capricieuse. Et Vasseur rappelle à quel point les écarts étaient microscopiques.

« Si vous laissez passer quelques centièmes, aujourd’hui ça change tout. » Il cite un exemple frappant : « à Budapest, Charles était un dixième plus rapide que Lewis en Q2. Lewis était 11e, Charles a décroché la pole position. »

Même constat à Abou Dhabi : « il y avait un dixième de seconde entre la P5 et la P15. » Dans ces conditions, ne pas maîtriser chaque détail revient à disparaître du radar.

Hamilton Pays-Bas

Fred Vasseur : « nous avons sous-estimé, c’est certain, le changement de culture, le changement des personnes qui l’entouraient, le changement de tout »

Vasseur refuse toutefois de se réfugier derrière ces explications. « Ce n’est pas une excuse, ce n’est pas une bonne raison. Il faut être devant, mais pour finir, on parle de détails. »

Le patron de la Scuderia reconnaît cependant que la dimension humaine et culturelle du transfert a été mal anticipée.

« Nous avons sous-estimé, c’est certain, le changement de culture, le changement des personnes qui l’entouraient, le changement de tout. »

Ferrari et Hamilton ont progressivement retrouvé une meilleure compréhension mutuelle dans la seconde moitié de l’année. Pas forcément au classement, mais dans le travail quotidien.

« Je parle de la collaboration et de la compréhension de la voiture. Même là, ça a été difficile. »

Ce premier exercice raté ne condamne pas l’aventure Hamilton–Ferrari, mais il en rappelle une vérité brutale : changer d’équipe au sommet de la F1, même pour un septuple champion, n’est jamais une formalité.

La lune de miel a été rude. Reste maintenant à savoir si cette saison douloureuse servira de fondation solide… ou de cicatrice durable.

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