Dans un message sans équivoque adressé à la direction d’Alpine, Pierre Gasly a fait savoir que l’équipe avait déjà « tous les ingrédients » pour réussir avec ses leaders actuels, Flavio Briatore et Steve Nielsen, écartant implicitement la nécessité d’un retour de Christian Horner.
Alors que Christian Horner nourrit l’ambition de faire son grand retour en Formule 1 en prenant les rênes d’Alpine, un homme sur le terrain oppose une résistance solide et argumentée : Pierre Gasly. Dans des déclarations publiques au site officiel de la F1, le pilote français, leader de l’équipe, a dressé un éloge appuyé de la direction actuelle, envoyant un message clair à quiconque envisagerait de perturber l’écosystème d’Enstone. Pour Gasly, le duo Flavio Briatore et Steve Nielsen incarne déjà la parfaite alchimie pour ramener Alpine au sommet.
Cette prise de position n’est pas anodine. Elle révèle une stratégie interne de consolidation et une méfiance naturelle envers une figure aussi polarisante et impériale que Christian Horner, dont le dernier acte chez Red Bull a été tumultueux.
Pierre Gasly ne s’est pas contenté de soutenir ses patrons ; il a disséqué les raisons de son soutien, dessinant les contours d’une direction qu’il estime idéale.
Gasly se dit en parfaite symbiose avec l’état d’esprit du consultant italien Flavio Briatore. « Il ne se soucie de rien d’autre que de gagner… Il ne se contente de rien de moins que la perfection, et c’est aussi ma mentalité », a-t-il déclaré. Il voit en Briatore un leader obsessionnel qui tire le maximum de chaque individu, une qualité essentielle dans un sport où les marges sont infimes.
Gasly apprécie le contrepoint apporté par le directeur général Steve Nielsen. « Il est très pragmatique et objectif. Si nous sommes bons dans un domaine, nous sommes bons, mais si nous avons des faiblesses, ne les ignorons pas.» Nielsen incarne la rigueur analytique et la gestion quotidienne, complétant la vision gagnante de Briatore.
Pour Pierre Gasly, cette combinaison de feu (Briatore) et de raison (Nielsen) est une force. « Je pense qu’ils se complètent bien », a-t-il souligné. Il perçoit cette dualité comme l’équilibre parfait entre l’ambition dévorante et la gestion rationnelle nécessaire pour construire une équipe gagnante.

Le message sous-jacent de Pierre Gasly : un « Non » politique à Horner
En insistant sur le fait que l’équipe a « tous les ingrédients pour réussir » et qu’il ne reste plus qu’à « concrétiser ce succès », Gasly envoie un signal politique fort à plusieurs niveaux.
Il y a d’abord une opposition à l’instabilité : recruter Horner, dont la fin chez Red Bull a été marquée par des luttes de pouvoir, impliquerait un bouleversement majeur, un « reset » de la direction. Gasly, qui cherche la stabilité pour performer, y voit un risque inutile.
Il y a aussi un rejet de la « solution miracle » externe : son discours valorise le travail interne et la confiance dans le personnel existant. Il sous-entend que les solutions sont déjà à l’intérieur de l’équipe, et non dans le recrutement d’une star extérieure au passé récent controversé.
Enfin, il défend son propre environnement. Gasly s’épanouit visiblement sous cette direction. En la soutenant publiquement, il protège l’écosystème dans lequel il évolue et dans lequel il croit. C’est une manière d’affirmer son propre poids au sein de la structure.
La position de Gasly crée une équation complexe pour Christian Horner et les propriétaires d’Alpine (Renault).
Ignorer l’avis du pilote leader* serait un pari risqué, susceptible de créer des tensions immédiates au sein de l’équipe.
Les actionnaires doivent décider s’ils croient au projet de stabilité et de croissance interne défendu par Gasly et incarné par Briatore, ou s’ils estiment qu’un choc externe et l’expérience titrée de Horner sont nécessaires pour accélérer la remontée.
En somme, Pierre Gasly a habilement utilisé son statut et la tribune qu’on lui a offerte pour ériger le premier et plus important barrage au retour de Christian Horner. Il a placé la direction d’Alpine devant un choix : soutenir la dynamique actuelle, plébiscitée par son pilote, ou prendre le risque de tout chambouler pour un avenir incertain. Le duel pour le contrôle d’Alpine ne se joue pas seulement dans les conseils d’administration, mais aussi dans l’atelier et le garage, là où la voix du pilote compte.
































