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Lewis Hamilton

La Formule 1 vit rarement de périodes calmes. Mais certaines saisons marquent plus que d’autres, non pas par leurs statistiques, mais par ce qu’elles révèlent de la fragilité des empires et de la brutalité du temps qui passe. La saison 2025 appartient à cette catégorie, tant elle a mis en lumière un Lewis Hamilton en lutte avec son propre héritage, tandis que la Formule 1 semble s’installer dans une nouvelle dimension.

Pour la première fois de sa carrière, Lewis Hamilton a terminé une saison sans podium. Un chiffre froid, presque irréel, pour un pilote dont la légende s’est bâtie sur la régularité, la capacité à transcender la machine et à imposer sa loi même dans l’adversité. Son arrivée chez Ferrari devait être celle d’un dernier défi romantique, d’un mariage entre deux mythes. Elle s’est transformée en année de désillusion technique et mentale.

La SF-25 ne lui a jamais vraiment parlé. Le frein moteur, la gestion des phases d’entrée de virage, le comportement global de la voiture ont rappelé à quel point l’adaptation, à 40 ans, n’est plus une évidence. Ses meilleures performances — quatrièmes places à Imola, Spielberg, Silverstone ou Austin — ont davantage ressemblé à des résistances qu’à des démonstrations. Avec 156 points seulement, Hamilton a vécu une saison à l’opposé de ses standards.

Le point de rupture émotionnel est survenu en Hongrie. Éliminé en Q2, douzième sur la grille, Hamilton s’est livré à un rare moment de brutalité envers lui-même : se disant « inutile », allant jusqu’à suggérer que Ferrari devrait « prendre un autre pilote ». À Interlagos, il a résumé son année d’un mot glaçant : « cauchemar ».

Trois éliminations consécutives en Q1 — une première depuis 2009 — ont scellé une évidence : quelque chose s’est brisé. À Abu Dhabi, Hamilton a annoncé vouloir couper totalement pendant l’hiver, comme s’il lui fallait reprendre souffle loin d’un sport qui ne lui répond plus instinctivement.

Lewis Hamilton

Lewis Hamilton n’a plus le droit à l’erreur et, Ferrari joue gros

Johnny Herbert a osé dire tout haut ce que beaucoup murmurent : « Il n’est plus le Lewis Hamilton d’avant. Avant, tout était instinctif. Aujourd’hui, tout semble compliqué. »

Le constat est dur, mais il touche juste. La question n’est pas de savoir si Hamilton est devenu lent — il ne l’est pas — mais s’il possède encore la marge mentale et émotionnelle nécessaire pour reconstruire dans un environnement aussi impitoyable. La saison 2026, avec son grand bouleversement réglementaire, apparaît désormais comme un ultimatum silencieux : renaissance ou sortie par la petite porte.

Comme si les doutes d’Hamilton ne suffisaient pas, Ferrari fait face à une inquiétude structurelle : les difficultés de Shell à garantir une conformité totale avec le futur carburant 100 % durable imposé par la F1. Dans un sport où chaque micro-gain compte, ce flou technique pourrait coûter très cher en 2026, au moment même où Maranello espère reconstruire une crédibilité mondiale.

Pendant que les anciens doutent, les nouveaux avancent sans trembler. Oscar Piastri, solide malgré un titre manqué de peu, affiche un engagement total avec McLaren jusqu’en 2028. Lando Norris, enfin sacré, incarne une F1 plus émotionnelle, plus humaine, mais tout aussi cruelle. Zak Brown peut se permettre de plaisanter. D’autres non.

La Formule 1 entre dans une phase charnière. Hamilton n’a plus le droit à l’erreur et, Ferrari joue gros. La question n’est plus seulement sportive. Elle est existentielle : jusqu’où peut-on repousser le temps ? Et quand faut-il accepter de passer le relais ? La saison 2026 ne sera pas une saison comme les autres. Elle sera un jugement.

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