pub

Cadillac

C’est désormais officiel : Cadillac a franchi l’un des murs les plus redoutés de la Formule 1 moderne. À un an de ses débuts en championnat du monde, le constructeur américain a réussi les crash-tests d’homologation FIA de son tout premier châssis. Un feu vert technique majeur, confirmé par le directeur d’équipe Graeme Lowdon, qui marque un véritable point de non-retour dans l’aventure F1 de la marque.

Mais derrière l’annonce triomphale se cache une réalité bien plus complexe : Cadillac arrive en Formule 1 au moment le plus exigeant de son histoire récente.

Le timing n’a rien d’anodin. Cadillac entre dans un sport qui s’apprête à basculer en 2026, avec un règlement entièrement repensé : voitures plus légères, aérodynamique simplifiée, nouvelles unités de puissance et exigences de sécurité renforcées par la FIA.

L’un des défis majeurs ? Une réduction de 30 kg du poids minimum, tout en respectant des normes de crash-tests plus strictes que jamais. Pour une équipe existante, c’est un casse-tête. Pour une équipe qui conçoit son châssis à partir d’une feuille blanche, c’est un Everest.

Lowdon ne s’en cache pas : « réussir ces tests avant décembre est un accomplissement énorme pour l’équipe de conception de Cadillac F1. Pour n’importe quelle équipe, c’est difficile. Pour nous, qui n’avons pas des décennies d’expérience accumulée, c’est encore plus significatif. »

La suite est déjà planifiée. Cadillac effectuera son premier shakedown fin janvier sur le circuit de Circuit de Barcelona-Catalunya, avant d’enchaîner trois sessions d’essais de présaison.

La philosophie est claire : fiabilité avant performance. Pas de coups médiatiques, pas de chronos tapageurs, pas de bluff. Lowdon l’assume : Cadillac veut apprendre, pas impressionner trop tôt.

La voiture devra être opérationnelle dès le premier jour, quitte à sacrifier la performance pure. Les évolutions viendront plus tard, grâce aux nombreuses opportunités d’essais prévues en 2026.

Depuis l’officialisation de son entrée comme 11e équipe sur la grille, Cadillac a accéléré à tous les niveaux : base technique flambant neuve à Silverstone, accord moteur avec Ferrari, duo de pilotes expérimentés : Valtteri Bottas et Sergio Perez, 16 victoires en F1 à eux deux

Sur le papier, c’est solide. Dans la réalité, le paddock reste prudent… voire sceptique.

Cadillac

Le paddock prévient Cadillac : personne ne débarque en F1 sans souffrir

Les souvenirs de l’arrivée chaotique de Haas en 2016 sont encore frais. Bernie Collins, aujourd’hui analyste chez Sky F1, tempère l’enthousiasme : « monter une nouvelle équipe, recruter, intégrer les systèmes, mettre la voiture sur la grille… C’est une tâche qui ne peut pas être sous-estimée. »

À l’inverse, Simone Resta, désormais chez Mercedes, refuse de sous-estimer Cadillac : « Cadillac investit énormément, recrute massivement et aborde le défi avec sérieux. Avec un moteur Ferrari, ils ont déjà levé un énorme obstacle. »

Même son de cloche chez Aston Martin, via son directeur sportif Andy Stevenson : « ce que nous voyons, c’est une équipe très professionnelle, avec des moyens et une vraie structure. »

Le diagnostic le plus lucide vient peut-être de Paul Monaghan, ingénieur en chef chez Red Bull :

« Nouvelle voiture, nouvelles unités de puissance, nouveaux pneus, nouvelles électroniques, carburants durables… et vous essayez de bâtir une équipe autour de tout ça. Voilà ce que Cadillac affronte. » Autrement dit : le défi est colossal.

Cadillac n’arrive pas en Formule 1 pour faire de la figuration. L’investissement est massif, la stratégie réfléchie, le calendrier maîtrisé. Mais la F1 n’a jamais pardonné l’apprentissage lent.

Soit Cadillac pose les bases d’un futur géant, soit elle rejoint la longue liste des projets ambitieux broyés par la complexité du sport.

Une chose est certaine : le paddock regarde, les rivaux observent, et la Formule 1 s’apprête à tester un nouveau prétendant comme elle sait si bien le faire soit sans pitié. Le compte à rebours est lancé.

Cadillac