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Isack Hadjar

La Formule 1 adore les fins de saison explosives. Mais rarement une annonce aura jeté autant d’ombre sur un week-end de clôture que celle-ci : Yuki Tsunoda ne sera pas reconduit par Red Bull pour 2026, une décision officialisée à la veille même du Grand Prix d’Abu Dhabi comme celle de son remplaçant, l’explosif Isack Hadjar. Un timing brutal, presque cruel, qui a immédiatement soulevé une question dérangeante dans le paddock : Red Bull n’a-t-il pas fragilisé son propre équilibre sportif au pire moment ?

Dans une équipe construite autour de la domination de Max Verstappen, chaque détail compte. Et annoncer publiquement l’éviction d’un pilote juste avant la dernière course de la saison n’est jamais neutre. Certains y voient une simple gestion froide, d’autres une erreur humaine et stratégique, susceptible d’avoir parasité l’atmosphère interne alors que Verstappen jouait encore gros.

Comme si ce contexte n’était pas déjà inflammable, Red Bull a confirmé dans le même temps l’arrivée d’Isack Hadjar comme futur coéquipier de Verstappen. Un choix audacieux, sportif, mais loin d’être consensuel.

Hadjar, immense espoir de l’académie Red Bull, n’est pas un produit formaté. Il l’a encore prouvé en avouant sans détour avoir brisé sa télévision lors du Grand Prix d’Abu Dhabi 2021, cette course devenue un traumatisme collectif pour une partie du monde de la F1. Une confession presque anodine en apparence, mais hautement symbolique.

Car ce soir-là, Verstappen remportait son premier titre face à Lewis Hamilton dans des conditions qui divisent encore le sport. Or Hadjar n’a jamais caché son admiration pour Hamilton. Il l’a même revendiquée publiquement, sans filtre, malgré son appartenance à la galaxie Red Bull.

Ce décalage est révélateur : Hadjar n’adhère pas aveuglément au récit officiel de Red Bull. Il en fait partie, mais garde sa propre lecture de l’histoire. Une indépendance d’esprit rafraîchissante… ou potentiellement explosive dans une équipe historiquement peu tolérante à la dissonance.

À 21 ans, Hadjar a le talent pour la F1. Reste à savoir s’il est prêt à affronter l’autre réalité du paddock : la politique, les symboles, les loyautés implicites.

Isack Hadjar

Avec Isack Hadjar, Red Bull a choisi le talent explosif au détriment du confort

Pendant ce temps, Lewis Hamilton, désormais engagé dans un nouveau chapitre avec Ferrari, semble déjà penser à l’après. Ou plutôt, son entourage s’y prépare.

Son père, Anthony Hamilton, aurait enregistré une nouvelle entité baptisée HybridV10. Un nom lourd de sens, presque manifeste, qui laisse entendre que la carrière de Lewis ne se limitera pas éternellement au cockpit. Investissements, technologie, image : Hamilton construit son héritage bien au-delà des titres.

À 40 ans, il reste un pilote de premier plan. Mais il est aussi devenu une marque, une voix, une influence — et cela change profondément sa place dans le sport.

Le départ de Tsunoda et l’arrivée d’Hadjar ne sont pas un simple changement de pilote. C’est l’introduction d’un élément imprévisible et passionnel dans l’équipe la plus calculatrice du plateau.

Red Bull a choisi le talent au détriment du confort. Cette décision définira non seulement la saison 2026 de l’équipe, mais révélera aussi si la froide mécanique du titre mondial peut digérer la charge émotionnelle d’un rookie qui n’a pas encore tourné la page d’Abu Dhabi 2021. Le spectacle, en tout cas, est garanti.

Red Bull domine encore les chronos, mais les fissures humaines, culturelles et symboliques sont bien réelles. Entre décisions abruptes, pilotes aux convictions assumées, carrières qui basculent et héritages qui se construisent, la Formule 1 traverse une phase de transition profonde.

Et comme souvent dans ce sport, ce ne sont pas les monoplaces qui racontent le mieux l’histoire — mais les hommes qui les pilotent… et ceux qui décident pour eux.

Isack Hadjar