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Propulsé chez Red Bull pour 2026, Isack Hadjar s’attaque au défi le plus redouté de la Formule 1 : devenir l’équipier de Max Verstappen. Un choc des réalités que le Français aborde avec une lucidité rare… et presque dérangeante.

La décision est tombée à la veille de la finale d’Abu Dhabi : Isack Hadjar pilotera pour Red Bull en 2026. À 21 ans, le Français quitte Racing Bulls pour rejoindre l’équipe reine de la grille, en remplacement de Yuki Tsunoda. Une promotion prestigieuse, mais aussi la plus périlleuse qui soit : affronter, de l’intérieur, Max Verstappen.

Depuis sept ans, le deuxième baquet Red Bull est devenu un piège. Gasly, Albon, Pérez, Lawson, Tsunoda… tous s’y sont cassé les dents, à des degrés divers. Seul Sergio Pérez, fort de son expérience, est parvenu à résister un temps avant de céder, emporté par l’évolution technique d’une monoplace façonnée autour de Verstappen.

Isack Hadjar : l’année rookie qui a forcé Red Bull à trancher

Isack Hadjar n’arrive pas par hasard. Sa première saison complète en Formule 1 avec Racing Bulls a marqué les esprits : régularité dans les points, maturité stratégique et un premier podium décroché à Zandvoort. Assez pour convaincre Red Bull qu’il était temps de tenter autre chose.

Mais le Français sait exactement où il met les pieds.

L’un de ses rares avantages se nomme 2026. Une réglementation entièrement nouvelle qui redistribuera les cartes.

« Ce n’est pas comme si Max connaissait déjà la voiture ; on repart tous de zéro. »

Pour Hadjar, le timing est idéal :

« C’est le meilleur timing possible. Je me sens très, très chanceux de rejoindre Red Bull de cette manière. Si la voiture part dans une direction, je serai là aussi pour la valider. »

Un reset technique, oui. Un reset hiérarchique, non.

Là où beaucoup se sont brûlé les ailes, Hadjar adopte une posture radicalement différente. Il ne promet pas l’exploit immédiat. Il l’écarte presque.

« S’il y a un objectif, c’est d’accepter que je serai plus lent le premier mois. »

Une phrase presque taboue à ce niveau.

« Ça va être très frustrant. Regarder les données et voir des choses que tu ne peux pas encore faire… Mais si tu le sais, alors tu es mieux préparé. »

Même avec un changement de règlement, Hadjar ne se fait aucune illusion sur l’ampleur de la tâche.

« Si j’arrivais avec une année supplémentaire de cette réglementation, aucune chance. »

Et sur Verstappen lui-même, le constat est limpide :« Il n’a pas de style de pilotage. Il s’adapte à ce qu’on lui donne, et c’est ça qui fait sa force. »

« Il sera aussi fort avec la voiture de l’an prochain qu’avec celle de cette année, et qu’avec celle d’avant. Il s’adapte en permanence. »

Cette lucidité n’est pas une résignation, insiste-t-il. C’est une stratégie.

« Tout le monde arrive en se disant : “C’est un humain, je vais le battre.” Et ensuite tu te fais écraser. Et là, l’effet boule de neige commence. »

Hadjar veut briser ce cycle.

« Si tu arrives en te disant : “Je suis très loin”, ça ira mieux pour la progression. On parle du meilleur pilote de la grille. La probabilité que je sois lent au début est très élevée. Autant l’accepter maintenant. »

Cette approche s’inscrit dans un trait déjà bien connu du paddock : l’auto-exigence presque excessive du Français.

« En qualifications, je suis toujours énervé. Je n’ai jamais l’impression d’avoir fait le tour parfait. »

« C’était seulement ma première année, et j’ai peut-être été trop dur avec moi-même. Je me mets énormément de pression, et parfois ça mène à des erreurs. »

Red Bull ne mise pas sur un pilote qui promet de battre Verstappen. Elle parie sur un pilote qui sait pourquoi tant d’autres ont échoué.

Lucide, autocritique, ambitieux sans arrogance, Isack Hadjar arrive armé mentalement là où le talent brut ne suffit plus. Reste à savoir si cette honnêteté froide sera suffisante pour survivre – et peut-être, un jour, exister – face au pilote le plus dominant de sa génération.