pub

Vasseur

Alors que les échos d’une saison 2025 tumultueuse résonnent encore à Maranello, Fred Vasseur, le patron sur le terrain de la Scuderia Ferrari, assume un management sans concession. Face aux critiques très publiques de ses deux pilotes stars, Charles Leclerc et Lewis Hamilton, le directeur français ne cherche pas à éteindre le feu. Au contraire, il l’attise, y voyant le combustible indispensable à la renaissance de la légende.

La saison a été rude pour le cheval cabré, cloué au quatrième rang des constructeurs sans une seule victoire au compteur. Une frustration qui a explosé au grand jour, notamment sur les ondes radio, et qui avait valu un rappel à l’ordre du président John Elkann, enjoignant ses pilotes à « se concentrer sur le pilotage et à parler moins« .

Mais Vasseur, lui, balaie d’un revers de main les apparences. « Je ne fais pas attention à la réaction dans le paddock », assène-t-il, après une nouvelle déconvenue à Abu Dhabi. Pour lui, l’essentiel se joue loin des caméras, dans le huis clos des briefings où la vérité doit éclater.

Le Français ne considère pas les emportements de ses champions comme un problème, mais comme une solution. Il connaît Leclerc depuis plus de dix ans et son caractère exigeant ne lui est pas étranger. « Charles a toujours été un peu critique, mais c’est toujours dans une dynamique positive« , analyse Vasseur. « Il se plaignait toujours de tout, mais c’est une dynamique positive parce que nous sommes ici pour faire un meilleur travail. »

Pour Vasseur, la critique est vitale pour le progrès et la complaisance est l’ennemie

Cette exigence, il l’étend à Hamilton, dont les mots cinglants après le double abandon au Brésil – qualifiant la situation de « cauchemar » – sont perçus comme un signal d’alarme salutaire.

La philosophie de Vasseur est sans équivoque : la complaisance est l’ennemie. « Je serais détruit si j’avais les pilotes me disant que nous faisons du bon travail« , confie-t-il. Selon lui, le rôle fondamental d’un pilote de F1 est de pousser sans relâche les limites de l’équipe. « C’est ce que nous leur demandons de faire« , insiste-t-il, les encourageant à mobiliser tous les services, du simulateur à l’aérodynamique, pour gratter chaque millième de seconde. « C’est l’ADN de leur travail et l’ADN de notre sport. »

Ce management volontairement provocateur n’est pas un coup de tête. C’est une stratégie délibérée pour forger une équipe plus résiliente et réactive à l’aube d’un tournant majeur : le changement de réglementation en 2026. Vasseur est convaincu que seule une culture où la critique constructive circule librement, même si elle est brutale, peut permettre à Ferrari de concevoir la monoplace qui lui rendra sa grandeur.

Alors que la Scuderia tourne la page d’une année douloureuse, tous les regards se portent sur ce duo pilote-patron hors norme. Vasseur parviendra-t-il à transformer la vive passion de Leclerc et la froide détermination d’Hamilton en une force motrice invincible ?

En légitimant leur droit à l’insatisfaction, il a en tout cas allumé la mèche. La question n’est plus de savoir si Ferrari va exploser, mais si cette explosion contrôlée la propulsera enfin vers le sommet. Le pari est audacieux, mais pour Fred Vasseur, c’est le seul possible.