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C’est avec un Tom Lüthi débordant d’enthousiasme que son responsable technique Gilles Bigot a débuté les essais d’intersaison. Mais l’excès d’enthousiasme conduit parfois à quelques chutes inopportunes qui ne donnent plus confiance au pilote, ni ne facilitent la mise au point de la Kalex 2017. C’est ce long cheminement, parsemé d’émotions fortes et de quelques contusions, que nous narre ici Gilles, qui connut d’autres aventures en 1999 quand il gérait pour la HRC la partie technique de la 500NSR d’Alex Criville, Champion du Monde cette année-là.

Tom Lüthi, l’équipe CarXpert Interwetten et toi avez connu des hauts et des bas lors des essais hivernaux, à Valence, à Jerez et au Qatar, avec sept chutes au total, dont certaines très violentes et difficilement explicables sur le moment. Quelle a été la raison de cette période difficile ?

« Oui, des essais assez laborieux, Valence pour commencer avec deux chutes en 5 tours le premier jour plutôt à cause d’un excès d’enthousiasme. Le lendemain, c’était beaucoup mieux puisque Tom a signé un chrono similaire à celui de Takaaki Nakagami. Donc la confiance est revenue, mais ensuite à Jerez rebelote, Tom chute à nouveau et là le doute s’installe. 

« Il est très tendu donc le retour d’information sur la moto est moins bon et on s’égare un peu au niveau de la mise au point. Et il rechute, il pense aussitôt que la version 2016 était beaucoup mieux car bien sûr il se souvient de sa fin de saison où il se sentait si bien sur sa moto.

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« Lorsqu’un pilote fait une très bonne fin de saison, cela veut dire qu’il a atteint un très bon niveau de pilotage et qu’il a d’excellents reflexes pour contrôler sa machine, il la domine et il est en parfaite osmose avec elle. Lorsqu’il commence sa nouvelle saison, il le fait avec beaucoup d’enthousiasme. 

« Il s’attend à se retrouver avec des sensations similaires, sauf qu’entre la dernière épreuve et la première séance d’essais le temps a fait son effet et ces sensations ne sont plus là. Il faut donc recommencer le processus, rouler et rouler encore. Tom doit aller vite pour avoir des sensations et il a peut-être été un peu trop impatient.

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Le fait que les tests hivernaux se déroulent sans les moteurs ni les pneus définitifs a-t-il compliqué les choses, puisque chaque pilote a un équipement différent, d’où des comparaisons peu évidentes ?

« Non, un très grand nombre d’équipes achètent comme nous des moteurs en fin de vie (utilisés en GP) chez Externpro. Il n’y a peut-être qu’au niveau des pneumatiques que certaines équipes jouent un peu, mais dans l’ensemble c’est devenu assez homogène, surtout cette année. »

Y avait-il une inquiétude au sein de votre équipe en arrivant au Qatar, en redoutant que le ciel ne vous tombe une fois de plus sur la tête ? 

« Pas vraiment, car Tom n’avait pas perdu de sa vitesse et nous avions décidé de commencer les essais du Qatar avec le châssis 2016 pour essayer de lui redonner un peu plus confiance avec la moto avec laquelle il avait connu le succès et aussi pour mieux comprendre, sauf que la météo a écourté les séances d’essais, d’où manque de temps donc pour comparer les deux châssis.

« Alors nous avons décidé de continuer avec le châssis 2016 et de faire le GP avec, et patatras nouvelle chute à cause du vent, la moto fait un gros tonneau et tape durement sur l’avant lors de la deuxième séance d’essais ! La fourche a résisté, les tés de fourche aussi, mais c’est le châssis qui a encaissé le choc et c’en était fini avec le châssis 2016 car nous n’en avions qu’un. Nous avons continué avec le châssis 2017, j’ai dû le convaincre que tout allait bien se passer.

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Tom a réalisé le dixième temps des tests de Jerez début mars (à 0.5 de Nakagami), puis le sixième (à 0.7 de Nakagami) de ceux du Qatar avant le Grand Prix. Etait-ce rassurant ?

« Oui mais la vitesse de Tom n’était pas à remettre en question, c’était plus la constance sur de longs runs que nous cherchions.

Lors du GP, Tom a été le seul à s’opposer à Franco Morbidelli en début de course et il a terminé deuxième. Est-ce que ça a été un soulagement, une confiance retrouvée, et l’affichage de prétentions pour le titre ?

« De pouvoir enfin courir a été bénéfique pour Tom car il a dû mettre de côté ses craintes et se focaliser sur la course, malgré le manque de temps pour se mettre en confiance avec le châssis 2017 (la troisième séance libre et le warm up seulement) et un petit manque au niveau des réglages.

« Je pense qu’il a vraiment bien géré sa course. Il lui manquait 2 ou 3 dixièmes pour rivaliser avec Franco Morbidelli. S’il avait voulu se battre, il aurait dû prendre de trop gros risques, donc il a assuré le podium et cela lui a fait du bien. Penser au titre maintenant c’est trop tôt, il faudra être constant et gagner des courses avant d’en parler. »

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THOMAS LUTHI - SWISS - CARXPERT INTERWETTEN - KALEX

Tom Lüthi et son équipe. Gilles est le deuxième en partant de la droite. Photos CARXPERT INTERWETTEN.

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