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Très largement critiqué, l’architecte allemand Hermann Tilke a pourtant dessiné la majorité des circuits qu’empruntent la Formule 1. Mais depuis longtemps, la MotoGP pose ses roues sur nombre de ses constructions. En 2019, pas moins de six circuits comptant pour le calendrier ont été conçus ou modifiés dans leur histoire par Tilke. Mais au final, sont-ils si mauvais que ça ?

Le public est loin d’être tendre avec l’Allemand. En effet, les fans de Formule 1 le considèrent comme étant le responsable du spectacle ennuyeux qui  aurait « tué » la catégorie durant les années 2000. La principale critique est la nature même des circuits. Ceux-ci sont « sans âme ». Le choix de ne pas donner de noms aux virages n’aide pas, tout comme les larges bandes de bitume aux abords de la piste.

Ces échappatoires sont le fruit du travail de Tilke. Si vous avez un circuit de ce type en tête, il y a de fortes chances pour qu’il soit impliqué. Il est aussi accusé de faire toujours la même chose, ce qui dans les faits, est vérifiable.

La MotoGP a fait quelques passages par la Chine, à Shanghai plus précisément. Ce tracé qui n’a jamais drainé les foules était l’un des favoris de Dani Pedrosa, qui y a pris sa première victoire en catégorie reine en 2006 (photo). Photo : Box Repsol.

Tout d’abord prenez un circuit large, très large, Sepang par exemple. Ajoutez-y un virage à l’angle, ou une épingle au bout d’une très grande ligne droite (le dernier virage du circuit Malaisien). N’hésitez pas à mettre des virages à 90° et des très grosses accélérations, puis pensez à rajouter un « escargot » ou un pif paf très serré comme les deux premiers virages à Sepang. Assaisonnez le tout avec une courbe très rapide, qui génère beaucoup de G latéraux et vous obtenez le « Tilkedrome » parfait.

Maintenant que vous l’avez en tête, intéressons nous aux circuit en question. Sepang, dans un premier temps : ouvert en 1999, la première œuvre de Tilke est considérée comme sa meilleure. Le circuit est beau, se marie bien avec l’environnement …et a toujours convenu aux motos. La chaleur étouffante habituelle rend la manche extrêmement physique. D’ailleurs, les Grands Prix y passent depuis l’année d’ouverture.

Citons rapidement le Red Bull Ring et Catalunya. Ces derniers n’ont pas été créés par Tilke, mais rénovés respectivement en 1995 et 2007. Les deux circuit ne présentent donc pas les caractéristiques d’un tracé « à la Tilke », mais sont néanmoins assez plaisants; la bagarre y est toujours présente. Spielberg nous a offert d’excellentes batailles depuis 2016, tout comme la manche catalane, incontournable du calendrier.

Pour l’instant rien de bien méchant. Continuons avec Aragón, bouclé pour 2009. Nous retrouvons tous les ingrédients du « Tilkedrome », mais le circuit reste beau à voir et les courses correctes, bien que la plupart du temps remportées en solo par un pilote. La Moto3 propose toujours de belles joutes; mention spéciale à l’édition de 2015, un véritable classique de la petite catégorie.

Vient ensuite le Circuit Of The Americas, à Austin. Ce dernier a été conçu en collaboration avec son bras droit, Tavo Hellmund. Ce n’est clairement pas sa meilleure réalisation. Depuis la première édition du Grand Prix en 2013, les pilotes se plaignent de l’énorme freinage au bout de la plus longue ligne droite du calendrier (plus d’un kilomètre) et des bosses jonchant la piste. L’écrasante domination de Marc Márquez de 2013 à 2018 n’a pas aidé à la réputation du tracé. Dessiné pour la Formule 1, il ne fait l’unanimité dans aucune des deux catégories.

Peu de gens le savent, mais c’est bien Tilke qui rénova l’ex Österreichring, qui s’appela successivement A1-ring, circuit de Spielberg puis Red Bull Ring. La bataille y est toujours présente. Photo : Box Repsol.

Le dernier en date n’est autre que le circuit de Chang, en Thaïlande. Un des tracés les plus simples de la longue carrière de l’architecte, mais pas le moins intéressant. Les éditions 2018 et 2019 ont tenu leur rangs et ont offert un très beau spectacle. Seul petit bémol : les interminables lignes droites, au nombre de trois toutes coupées par un virage lent ou presque.

Au cours de son histoire, les Grands Prix motos sont également passés sur deux autres de ses « enfants », mais ne sont plus au calendrier. Il s’agissait de l’Istanbul Park en Turquie (le GP s’y étant tenu de 2005 à 2007) et du Shanghai International Circuit qui accueillait des courses de 2005 à 2008. Dans les deux cas, de très belles courses s’y déroulaient même si les tracés étaient dessinés pour la Formule 1.

Alors, si mauvais que ça ? De toute évidence, non. Les circuits en eux-mêmes sont certes moins jolis, car bordés de bitume et de dégagement aux couleurs ternes. Il manque clairement une âme aux circuit d’Hermann Tilke, mais force est de constater que le spectacle est souvent au rendez-vous. Paradoxalement, il fait largement moins débat en Grands Prix motos qu’en Formule 1, qui est pourtant sa vocation première. À part Austin. Mais bon, personne n’est parfait…

 

Photo de couverture : Box Repsol

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