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Portugal

Ce Grand Prix du Portugal de Moto2, qui clôturait un cinquième rendez-vous de la saison haut en couleur, restera dans les mémoires et pas forcément en bien. On a même entendu le mot « scandale » souvent répété, une fois la course relancée après avoir relevé les infortunés et dégagé les machines, laissant à penser à un complot, un hold-up, d’aucuns se persuadant même que l’aubaine avait été saisie par la VR46 dont le patron était sur place pour rafler la mise. Mais il n’y a rien eu d’illégal ou de prémédités pour des projets obscurs. Après l’accident collectif constaté et les suraccidents regrettés, tout a été fait dans les règles. Ce qui n’empêche pas de poser une autre question : étaient-ils évitables ?

Cette course de Moto2 sur une piste de Portimao qui ne s’humidifiait pas franchement a fini par donner le coup de grâce aux 11 hommes de tête qui ont découvert, forcément en premier, que les conditions n’étaient plus viables pour rouler en slick. Il n’y avait pas d’averse franche si bien que la direction de course devant ses 25 écrans a étudié les chronos de chaque tour pour évaluer la pertinence de tout arrêter et de faire revenir tout le monde pour s’équiper en pneus pluie.

Il se trouve que cette décision n’est jamais venue, la chute collective se chargeant de faire sortir un drapeau rouge que certains observateurs sur place jurent qu’il aurait mérité d’être présenté deux tours avant le cataclysme. A ce stade de la réflexion, il faut se souvenir qu’avant, les pilotes jugeaient des conditions et levaient le bras pour alerter la direction de course qu’elle serait bien avisée d’arrêter les frais.

Une gestuelle qui n’est pas interdite mais elle est devenue désuète tandis que les enjeux et les mœurs ont changé… Ainsi, les droits de télévision sont sensibles et, faire une carrière aujourd’hui, c’est rouler, faire des résultats, coûte que coûte. Aucun des 11 malheureux n’a esquissé le moindre mouvement pour prévenir que la limite était atteinte.

Certains coureurs n'étaient apparemment pas pressés d'amener les motos aux stands

Moto2 Portugal : le règlement, c’est le règlement

Pour le reste, une fois le mal fait, la procédure réglementaire s’est impitoyablement mise en branle : les pilotes devaient ramener leurs motos dans la voie des stands dans les cinq minutes suivant l’accident sans prendre tous les raccourcis de la piste. Puis une procédure courte de mise en grille et de départ s’est déroulée pour une course de 7 tours. Tout ça est prévu et rentre dans le cadre de la retransmission télé. Mais en Moto2, comme en Moto3, pour des raisons économiques, il n’y a qu’une seule moto. Et beaucoup avaient été bien trop endommagées pour retourner au combat. Ce qui nous a donné la suite que l’on sait, jusqu’au drapeau à damier…

Canet, Beaubier, Ogura, Fernandez, Arbolino, Chantra, Lowes, Arenas, Acosta, van den Goorbergh et Corsi comme Ramirez ont vu ça de loin, et le premier cité qui perd gros au championnat n’en a peut-être pas terminé avec ses malheurs puisqu’il s’est cassé un radius et un doigt. Il devra être opéré à Barcelone… Maintenant, une réflexion a été lancée pour l’avenir afin d’éviter de revivre ce type d’événement. Mais la marge de manœuvre est plus que réduite. Cela s’annonce plus difficile que l’interdiction prononcée en un temps record du FRHD de Ducati… Mais une chose est certaine : le Directeur de Course de longue date Mike Webb, les deux anciens champions du monde Franco Uncini et Loris Capirossi, également habilités à prendre des décisions, n’ont été à la solde de personne au Portugal.



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