Le choc a été brutal. Terrible. Inacceptable. L’horrible incident entre José Antonio Rueda et Noah Dettwiler lors du tour de reconnaissance Moto3 en Malaisie n’est pas une simple malchance du sport moto. C’est un signal d’alarme, un avertissement violent adressé à un championnat qui semble parfois oublier que derrière les casques, il y a des vies.
Deux jeunes de 19 et 20 ans ont été fauchés avant même que la course ne commence. Une collision incompréhensible. Dans la ligne droite entre les virages 3 et 4, Rueda percute à pleine vitesse une moto ralentie, celle de Dettwiler. Les images font froid dans le dos : moto pulvérisée, corps projetés, stupéfaction générale.
Rueda souffre d’une fracture présumée du poignet et d’une commotion sévère. Dettwiler sera opéré à plusieurs reprises, dans un état encore flou. Pendant des heures, aucune information claire n’est venue de la part de Dorna. Seulement des rumeurs contradictoires relayées jusqu’aux familles. Une gestion indigne.
Et que fait l’organisateur ? Il lance quand même la course Moto3. Pecco Bagnaia, révolté, a parfaitement résumé la situation : « Je ne comprendrai jamais pourquoi ils ont laissé les pilotes courir après avoir vu ce qui venait d’arriver. Les pilotes ont une sensibilité que ceux qui dirigent le championnat n’ont sûrement pas. » Comment donner tort au double champion du monde MotoGP ?
Les premières vidéos laissent croire à un problème technique sur la moto de Dettwiler, jamais signalé. Angel Piqueras, lui, tente d’alerter les autres pilotes de la lenteur de son adversaire. Rueda le voit. Mais trop tard.

Le Warm-Up doit être rétabli en Moto3 et Moto2
On rappelle qu’il n’y a plus de warm-up Moto3 depuis 2023. Pas de check matériel du dimanche matin. Des grilles toujours trop fournies malgré les drames passés. Chaque point mène à une même conclusion : ce tour de reconnaissance aurait pu – et dû – être plus sûr.
En leçons à tirer, une réflexion est lancée pour encadrer la vitesse du tour de reconnaissance avec une voiture de sécurité qui régulerait le rythme. Des groupes espacés, comme en EWC. Des pénalités sévères en cas de non-respect du rythme.
On parle aussi de réintroduire les warm-up Moto2 / Moto3 avec une séance de 10 minutes qui peut sauver des vies. Tester une moto remontée en pleine nuit est un minimum vital.
Il s’agit aussi d’améliorer le protocole d’alerte en cas de panne. Des gestes enseignés et visibles. Des messages sur le tableau de bord immédiats.
Enfin, comment informer rapidement, clairement et officiellement les familles d’abord, les pilotes ensuite, le public enfin ? Montrer un drame sans expliquer ce qu’il se passe, c’est transformer une tragédie en spectacle.
Les commissaires de la FIM ont fait évoluer beaucoup de choses depuis les années 90. Mais ce dimanche, quelque chose a déraillé. On ne doit plus jamais revoir des pilotes partir courir sans savoir si deux de leurs camarades sont encore en vie. On ne doit plus jamais revoir un accident aussi évitable prendre deux vies en otage.
Le MotoGP est un sport beau parce qu’il est aussi dangereux. Mais il n’a jamais été aussi dangereux… parce qu’il est fatigué, trop dense, trop pressé. Ce qu’il s’est passé à Sepang n’est pas un fait anodin. C’est une alerte rouge.
La vraie question n’est plus : « comment cela a-t-il pu arriver ? » Mais : « que faisons-nous maintenant pour que cela n’arrive plus jamais ? »
Des nouvelles concernant l’état de santé du pilote Moto3 ont été publiées lundi après-midi (CET). « Noah a subi plusieurs interventions chirurgicales ces dernières heures, qui se sont bien déroulées. Selon les médecins traitants, son état est stable mais reste critique », ont publié sa famille, son équipe et sa direction sur Instagram le 27 octobre. « Nous vous remercions de votre compréhension et vous demandons de respecter la vie privée de Noah et de sa famille. Merci pour votre soutien et vos messages incroyables. »
— CIP Green Power Team (@CIPMOTO) October 26, 2025
































