Nous avons pu interviewer Loris Baz actuellement aux USA, pour dresser le bilan de ses deux dernières années en WorldSBK Superbike, sa participation au Daytona 200 (si, si !), et son avenir en MotoAmerica.
Comme à son habitude, le pilote français s’est montré extrêmement franc dans ses réponses, d’où en entretien enrichissant qui éclaire certains sujets d’un angle nouveau, le tout agrémenté de son deuxième Vlog disponible en fin d’article.
La première partie est consacrée à ses deux dernières années en Superbike mondial et à Daytona 200, la seconde à son nouveau projet en MotoAmerica aux côtés de Josh Herrin, justement vainqueur des deux dernières éditions de Daytona.
Cette année, retour aux États-Unis dans le même team où
tu as déjà fait une saison, Warhouse Ducati New York, en
MotoAmerica Superbike. Est-ce que déjà tu as vu que le team avait
évolué, par rapport à 2021 ?
“Oui, parce que il y
a 3 années d’expérience, il n’y a pas toute cette découverte et les
motos qui doivent arriver. Les motos étaient déjà là, le staff est
fait, alors que quand je suis arrivé là la première année, le staff
n’était pas fait. Quand on regarde les Vlogs (de l’époque),
même si je n’ai pas tout pu dire, on a eu plein de drama comme on
dit, d’événements qui se sont passés en 2021, avec des mécanos qui
changeaient, qui repartaient, qui ne voulaient plus être là. Donc
on a dû créer un staff qu’on a réussi à fiabiliser au fur et à
mesure de l’année. Mais là, les deux staffs sont créés, ils ont
gagné 2 championnats en 600, et ils ont deux 2 fois 2e depuis en
Superbike. Donc oui, ça a changé, ça a évolué, c’est
beaucoup plus cadré, et ce sont les mêmes personnes avec
qui je m’entends super bien. Mon chef mecano, c’est celui avec qui
j’ai terminé la saison également, il revient, il n’était pas l’an
dernier, il était là il y a deux ans avec Danilo (Petrucci). Mon
télémétriste, c’est celui avec qui j’ai terminé la saison, donc
c’est sympa et tu as moins de choses à découvrir.”
Et tu n’as pas non plus les circuits à
découvrir…
« Oui, ça c’est le gros plus. Surtout
comment sont faits les championnats maintenant, avec les les
premières courses le samedi, car ça ne laisse plus beaucoup de
temps d’apprendre les circuits, en fait. Maintenant, tu es tout de
suite assez pressé d’aller vite, alors qu’avant, quand les courses
étaient seulement le dimanche, tu avais quand même tout ton
vendredi pour te concentrer sur apprendre le circuit. Ce n’est plus
trop possible et c’est sûr qu’en 2021, souvent le dimanche j’étais
mieux que le samedi parce que on apprend au fur et à mesure du
weekend.”
Quelle est l’implication de Ducati, parce qu’on voit
quand même de plus en plus souvent Paolo Ciabatti présent sur place
?
« C’est un team qui a un support technique officiel donc
c’est le seul team Ducati. C’est un support technique
officiel, les motos sont à très, très peu de choses près,
les mêmes qu’en mondial Superbike, voire ont de meilleures
specs que certaines du mondial Superbike. Elles sont en fait très
proches de celles que qu’ont le team officiel. Les
moteurs sont faits comme beaucoup de teams privés par mon chef
mécano, qui lui fait beaucoup de moteurs Ducati pour le
Superbike, pour l’endurance, et pour plein de choses. Donc il y a
un support officiel, après ça reste un team privé, c’est un team
qui paye ses motos et cetera, et ça reste un team privé dans ce
sens-là, mais avec un support officiel.”
Alors si on regarde le championnat, il y a quand même un
garçon qui s’appelle Jake Gagne, qui monopolise un peu tout et fait
figure d’épouvantail. Quelles sont vos
chances ?
“Bah c’est un mec qui est très fort et personne comprenait en
2021 que je ne le batte pas (rire). Mais depuis, il y a un mec qui
a gagné en MotoGP, qui est venu et qui a galéré à le battre, et il
y a Josh qui a fait 2e. Il est battable., ils l’ont prouvé, on
peut le battre, mais il est en totale confiance avec le même team
depuis beaucoup d’années. Donc c’est sûr, c’est l’homme à
battre cette année, mais il n’y a pas que lui. Il y a
aussi Beaubier sur la BM qui va aller très vite, et il y a Josh,
mon coéquipier. Donc voilà, pour l’instant je vois ces trois là
comme les trois concurrents principaux. Il y a aussi le coéquipier
de Cameron Beaubier, JD Beach, qui revient à la vitesse après avoir
fait beaucoup beaucoup de flat track, donc je ne sais pas, il
faudra voir. Il y a aussi le coéquipier de Gagne,
Petersen, qui a eu une grosse blessure l’an dernier. Donc il y
a quand même des mecs qui vont vite sur des très bonnes motos,
mais oui, l’homme à battre c’est bien sûr Jake, qui a gagné les 3
derniers titres. Avant lui c’était Beaubier qui en avait gagné 5.
Donc voilà, on le sait, dans ce sport quand on est dans des
spirales de confiance et que peu de choses changent d’une année à
l’autre, on continue sur nos acquis. Je le sais, en 2021, il fait
des choses qui sont impressionnantes sur une moto, mais il n’est
pas imbattable. Ça a été prouvé l’année dernière par Josh, et ça a
été prouvé par Danilo. Le team et Ducati continuent de travailler
tout le temps d’année en année, pour progresser, et donc le
but, c’est sûr, c’est de le battre.”
Est-ce que ton principal adversaire ne sera pas ton
coéquipier Josh Herrin, justement parce que lui est là depuis
des années ?
« Au début de la saison, on part
tous avec le même nombre de points, et pour moi, logiquement si on
regarde le championnat de l’an dernier, les trois hommes les plus
forts sont Jake, Josh et Cameron, et je me mets dans les 4.
Après, Cameron n’a pas terminé la saison, donc faudra voir. Ça
dépendra de comment chacun a travaillé pendant l’hiver, et cetera,
mais voilà, on part sur un pied d’égalité au début et on va essayer
de faire le mieux possible. Je pense que c’est une force pour nous
d’être maintenant deux pilotes dans le team, pas comme l’année
dernière, pas comme en 2021 et 2022. Là, j’ai un coéquipier qui va
vite, qui va très vite sur ces pistes américaines, et donc on
peut se comparer. En plus, c’est un mec que j’aime bien, et lui ça
fait très longtemps qu’il n’a pas eu de coéquipier aussi, donc ça,
ça permet, quand on s’entend bien avec son coéquipier, de
travailler ensemble. Et je pense que ça, c’était une des forces de
Yamaha aussi avec Jake, c’est qu’ils ont toujours eu beaucoup de
Yamaha qui allaient vite, et ça leur permettait de travailler
ensemble. Donc on va pouvoir faire ça cette année, et je
pense que ça va être un plus, comparé aux années
précédentes.”
Dernière question, on a cru comprendre que les motos
allaient être en bleu, cette année ?
“Non. Je ne
peux pas trop en parler, mais on vit dans une ère assez étrange…
On sera en rouge.”
D’accord, et là tu devais rouler 2 jours à New Jersey,
c’est ça ? Et puis ça a été annulé à cause de la
tempête…
« Oui, on y est allé, mais il avait
beaucoup d’eau. C’est un circuit qui vient d’être resurfacé, donc
ça aussi c’était bien pour nous, parce que c’est un des circuits où
on galérait énormément avec la Ducati, parce qu’il y avait beaucoup
de bosses. Là, il a été resurfacé, mais il vient d’être surfacé, il
a été terminé la semaine dernière, donc comme toutes les pistes qui
ont été resurfacées, c’est toujours très glissant, et là il
pleuvait énormément, il faisait 4°, et il y avait beaucoup de vent.
On est parti un moment avec Josh pour faire 3 tours et on a fait 3
tours, on est rentré car c’était vraiment inroulable, alors que
sous la pluie j’adore ça. Donc on a pris la décision sage
et triste de rentrer, et là, le prochain test c’est le
13/14, donc le weekend d’avant Atlanta, à
Barber. »
Merci et bonne saison, Loris !
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