La saison 2025 tourne au cauchemar pour Pecco Bagnaia. Triple champion du monde, dont deux fois avec Ducati en MotoGP, l’Italien est aujourd’hui méconnaissable : en difficulté constante sur la piste, incapable de jouer les premiers rôles, il est dépassé non seulement par Marc Marquez – son coéquipier au sein de l’équipe d’usine Ducati – mais aussi par son frère Alex Marquez, sur une GP24 que Pecco ne cesse de réclamer.
Car c’est bien là que se situe le cœur du problème : le moteur GP25, que Bagnaia n’arrive pas à dompter, et qu’il accuse désormais ouvertement de ruiner sa saison. À l’inverse, ceux qui roulent avec le moteur de l’an passé – notamment Alex Marquez, Franco Morbidelli et le rookie Fermin Aldeguer – obtiennent des résultats bien plus solides. Le contraste est frappant. Et Bagnaia le martèle : la seule solution, c’est de revenir au moteur 2024.
Mais ce n’est pas si simple. Selon la réglementation actuelle de la FIM, les moteurs MotoGP sont gelés jusqu’à fin 2026, sauf pour les constructeurs bénéficiant de concessions (ce qui exclut totalement Ducati, au sommet de la hiérarchie technique). Impossible donc de revenir en arrière… sauf si l’on utilise déjà une version antérieure, homologuée.
Or, Ducati dispose de deux types de moteurs homologués pour 2025 : le GP25 (utilisé par Marc Marquez, Pecco Bagnaia et Fabio Di Giannantonio), et le GP24 (confié à Alex Marquez, Morbidelli et Aldeguer). Et c’est là que se dessine un plan de sauvetage… à condition de faire quelques sacrifices.
Le « plan B » pour Pecco Bagnaia : retour au moteur 2024 en 2026 ?
Techniquement, rien n’empêcherait Ducati de réorganiser sa répartition moteur pour la saison 2026. Trois motos pourraient être alignées avec le moteur GP24… et Bagnaia pourrait en faire partie. Mais il y a une clause bloquante : selon le règlement MotoGP, les deux pilotes de l’équipe usine doivent utiliser la même configuration moteur.
Autrement dit, pour que Bagnaia puisse revenir au GP24, Marc Marquez devrait lui aussi abandonner son GP25 – le moteur avec lequel il survole actuellement le championnat. C’est là que tout se complique.
Accepterait-il ? Rien n’est moins sûr. Marquez est en route vers un neuvième titre mondial, sa première saison en rouge Ducati frôle la perfection, et le GP25 semble parfaitement adapté à son pilotage. Le voir renoncer à cette configuration pour aider Bagnaia serait un geste de solidarité rarissime en MotoGP, où la moindre concession technique peut coûter un championnat.
Et ce ne serait pas le seul effet domino : deux moteurs GP25 resteraient disponibles pour les équipes satellites. Un serait presque logiquement attribué à Fermin Aldeguer, jeune espoir sous contrat direct avec Ducati. Le second, en revanche, deviendrait une denrée stratégique… avec un dilemme entre Alex Marquez – performant sur GP24 et frère de Marc – et Franco Morbidelli, également lié à l’univers Ducati mais sans contrat usine.
Pour Ducati, le dilemme est redoutable. Faut-il privilégier l’équilibre interne et écouter son champion en souffrance ? Ou maintenir l’élan de domination incarné par Marc Marquez ? Entre logique sportive, hiérarchie technique et enjeux contractuels, la direction de Borgo Panigale devra trancher. Et Marc Marquez pourrait bien avoir le dernier mot.
Reste à savoir s’il sera prêt à lever le pied pour relancer Bagnaia… ou s’il préférera continuer de tracer sa route vers l’histoire.