Le MotoGP traverse une tempête politique à l’aube d’un nouveau cycle technique. Alors que les équipes satellites ont signé leur prolongation pour la période 2027-2031, aucun constructeur n’a encore validé le nouveau contrat proposé par Dorna Sports. En coulisses, le ton est monté. Les discussions entre Carmelo Ezpeleta et les représentants des marques virent désormais à un véritable bras de fer pour le contrôle du futur du MotoGP.
Ducati, Aprilia, KTM, Yamaha et Honda parlent d’une seule voix : le nouveau cycle réglementaire ne peut pas s’ouvrir sans un accord économique solide. Les marques réclament plus de garanties financières et une stabilité contractuelle à long terme, à l’image du modèle de la Formule 1.
« Les constructeurs ne veulent plus signer pour cinq ans sans visibilité », explique une source proche du dossier à GPOne. « Ils investissent des centaines de millions, ils veulent un accord type Accord de la Concorde. »
Le message est clair : le MotoGP ne peut plus fonctionner sur la base de promesses et de cycles renouvelables. Le paddock réclame une redistribution plus équitable des revenus et une part accrue dans la gouvernance sportive.
Face à la pression, Carmelo Ezpeleta n’a pas mâché ses mots. Le patron de Dorna, fidèle à son style direct, a balayé l’idée d’une augmentation des contributions.
« Je ne veux pas entendre ça ! » a-t-il lancé, excédé, lorsqu’on lui a parlé du modèle de la Formule 1. « Il est ridicule de penser que le championnat va grandir simplement parce que Dorna doit payer plus. »
Derrière cette sortie brutale se cache une logique claire : Ezpeleta refuse de céder le pouvoir. Pour lui, c’est Dorna – et non les constructeurs – qui doit continuer à dicter la direction du championnat.
Le MotoGP est à la croisée des chemins
Son entourage estime que céder aux revendications actuelles ouvrirait une boîte de Pandore : plus d’argent, plus d’influence, et à terme, un MotoGP gouverné par les marques, comme la F1 l’a été dans les années 2000.
Ce bras de fer tombe au pire moment. Les constructeurs ont déjà validé la révolution technique de 2027 – moteurs réduits, pneus Pirelli, aérodynamique simplifiée – mais refusent de s’engager sans un cadre financier clair.
L’absence d’accord complique les plans de Dorna, qui veut boucler le dossier avant la fin de la saison 2025. Or, les marques pourraient ralentir leurs investissements, voire retarder certains développements tant que le contrat ne sera pas signé.
En clair, l’avenir du MotoGP se joue maintenant, dans des réunions à huis clos où chacun tente de tirer la couverture à soi.
Officiellement, personne ne parle de crise. Officieusement, les relations entre Dorna et la MSMA (l’association des constructeurs) sont glaciales.
Les réunions se multiplient sans avancée concrète, et les équipes indépendantes – déjà sous contrat – observent la situation avec inquiétude.
« On a le sentiment que Dorna sous-estime la lassitude des constructeurs », glisse un directeur technique. « Ils ne peuvent pas continuer à exiger toujours plus de spectacle sans garantir un retour équitable. »
Même au sein des marques, les positions se durcissent. Ducati pousse pour une approche “business”, Yamaha plaide la stabilité, KTM veut une visibilité industrielle, et Honda réclame un cadre plus flexible pour ses projets techniques.
Ce conflit dépasse la simple question d’argent : il oppose deux visions du MotoGP.
Celle de Dorna, centralisée et rigide, qui veut garder le contrôle total du championnat, et celle des constructeurs, qui veulent un partenariat équilibré et pérenne.
Mais derrière les déclarations d’Ezpeleta se cache un aveu : Dorna ne veut pas dépendre financièrement des marques, même si leur départ plongerait le championnat dans le chaos.
À ce stade, personne ne veut céder. Ezpeleta tient la ligne, les constructeurs serrent les rangs. Et pendant que les négociations s’enlisent, le MotoGP joue avec le feu.




























