Cervera n’avait jamais vécu pareille journée. La petite ville catalane de 10 000 habitants, berceau des deux frères Marquez, s’est transformée en capitale mondiale du sport samedi. Aux balcons, sur les façades, dans les rues : partout les mêmes deux chiffres, 93 et 73, imprimés sur des drapeaux et affiches sous un slogan devenu viral : « Back 2 Back – Marquez Brothers making history ».
Une manière d’officialiser ce que toute la Catalogne savait déjà : Marc Marquez, champion du monde MotoGP 2025, et Alex Marquez, vice-champion, ont écrit une page unique de l’histoire.
Pour Marc, ce titre a une saveur particulière.
Un neuvième sacre mondial, le premier depuis 2019, après une chute abyssale : quatre années de souffrance, d’opérations, de rechutes et de doutes.
Sur la grande scène installée dans la Plaça Major, devant une foule venue de toute l’Espagne, d’Europe et même d’Australie, il a dit tout haut ce que ses proches savaient depuis longtemps :
« Pendant cette période sombre, vous m’avez soutenu, et c’est grâce à vous que nous pouvons aujourd’hui célébrer ensemble. »
Il a ensuite confié avoir perdu du temps, mais gagné bien plus :
« J’ai perdu trois ans de ma carrière, mais j’ai gagné six ans de maturité personnelle. Ma passion est intacte. »
Et, comme souvent, il a rebondi pour parler de son frère :
« Alex peut être champion l’an prochain. Il a été le seul à me devancer cette saison, il a tout ce qu’il faut pour réussir. »
Alex Marquez, la consécration attendue : “après six années difficiles, c’est unique”
Si Marc revient de loin, Alex signe, lui, la saison de sa vie. Son titre de vice-champion du monde, le premier pour lui en MotoGP, a bouleversé Cervera autant que les exploits de son frère.
Sur scène, avec l’émotion qui lui est propre, il a résumé cette renaissance fraternelle d’une phrase simple :
« Après six années difficiles, notre retour en forme à tous les deux est quelque chose qui dépasse l’histoire. C’est unique. »
Alex était d’ailleurs le maître de cérémonie improvisé de la journée : chant, danse, discours… il a mis l’ambiance du début à la fin.


Une ville Cervera paralysée… et transfigurée par les frères Marquez
Le programme avait débuté par la traditionnelle visite institutionnelle à La Paeria, l’hôtel de ville. Le maire, Jan Pomés, camarade de classe d’Alex, leur a rendu hommage :
« Nous nous considérons comme la capitale mondiale du sport, et c’est grâce à vous. C’est un jour de gloire. Nous sommes très fiers de vous. »
Les autorités catalanes étaient présentes, tout comme la ministre espagnole de l’Éducation, Pilar Alegría, venue saluer « l’extraordinaire capacité de Marc à revenir au sommet » et encourager Alex dans son objectif déclaré : battre son frère.
Blessé à l’épaule lors du GP d’Indonésie, Marc n’a toujours pas été autorisé à remonter sur une moto. Il n’a donc pas pu conduire lors du traditionnel cortège.
C’est Alex qui a guidé sa Panigale rouge à travers la ville, tandis que Marc… se tenait debout à l’arrière, jambes fléchies, filmant la foule avec une GoPro comme un enfant surexcité.
Lors d’un burn improvisé, il bloquait même la roue avant pour permettre à son frère d’enflammer l’arrière : les rôles inversés, mais la complicité intacte.
La fête s’est conclue par une pluie de messages de stars du sport mondial : Rafa Nadal, Pau Gasol, Fernando Alonso, Andrés Iniesta, Alexia Putellas. Tous ont félicité les deux frères pour leur saison historique.
L’émotion a gagné Marc, les larmes aux yeux, avant que l’immense photo de famille ne referme quatre heures de communion totale.
Toute l’équipe Ducati Corse était présente – Gigi Dall’Igna, Davide Tardozzi – ainsi que la structure Gresini, arrivée dans le mythique VW Bully bleu ciel d’Alex.
Même les jeunes champions étaient là : Diogo Moreira, champion Moto2, et Maximo Quiles, révélation Moto3.
Samedi, Cervera n’était plus une ville : c’était un sanctuaire de la vitesse, la capitale mondiale du deux-roues, le théâtre d’une double renaissance sportive à nulle autre pareille.
Les frères Marquez, le champion et le vice-champion, ont vécu leur moment d’éternité. Et tout porte à croire que l’histoire n’est pas terminée.





























