Pedro Acosta n’a pas mâché ses mots après le Grand Prix de Grande-Bretagne. Malgré une belle sixième place, à moins de deux secondes du podium, le prodige espagnol a tiré la sonnette d’alarme sur la situation de KTM, et pas seulement lui…
« C’est assez triste de voir que vous essayez d’accélérer parfaitement, de choisir de bonnes lignes, de vous pencher dans les virages, de rester proche – et puis vous perdez tout dans la ligne droite », a lâché Acosta, visiblement frustré. « On n’a pas l’adhérence des autres motos. Ce qui me fait bouillir, c’est d’être si près et de ne pas pouvoir attaquer. Quoi qu’on fasse, on n’y arrive pas. »
Et l’Espagnol, lucide, ne parle pas qu’en son nom : « regardez les quatre KTM : aucune en Q2, toutes peinent à être compétitives. Nous avons besoin de l’aide de l’usine. Je parle au nom des quatre pilotes ici présents. »
Son coéquipier Maverick Viñales, onzième à l’arrivée, partage une analyse similaire mais plus mesurée : « l’adhérence en sortie de virage n’est pas notre point fort. Silverstone est un circuit très particulier. Pour moi, ce n’est pas le véritable potentiel de la moto. »
Mais en coulisses, la tension est bien là. Acosta le confirme : « j’ai clairement indiqué ce week-end que j’avais besoin d’aide. Je ne veux pas venir ici juste pour brûler de l’essence avec la KTM. Je veux me battre. »
Et le message est on ne peut plus clair : « les opportunités ne se présentent qu’une fois dans une vie. Je ne vais pas consacrer toute ma vie à devenir champion du monde dans ce championnat. J’ai signé ce contrat pour me battre. »
« La KTM ne tenait plus la route et l’électronique ne fonctionnait pas »
S’il réaffirme croire au projet KTM et vouloir honorer son contrat jusqu’en 2026, le Murcien insiste : « ce ne sont pas des problèmes nouveaux. J’en parle depuis les tests en Malaisie. Et il est toujours là. Toujours le même. »
Mais Acosta n’est pas le seul à sonner l’alarme. Enea Bastianini, ancien vainqueur à Silverstone sur Ducati, a vécu un week-end cauchemardesque avec KTM. Quinze et dix-septième, pénalités comprises, pour celui qui dominait la piste britannique l’an dernier.
« Je pense que je mérite tous les applaudissements de KTM, car en ce moment je suis le pire pilote sur la piste », ironise-t-il. « Et l’an dernier, j’ai gagné deux courses ici. C’est impossible de finir dernier cette année. »
Bastianini pointe du doigt un combo infernal : « la moto ne tenait plus la route et l’électronique ne fonctionnait pas. On freine fort, mais avec le vent, ce n’est pas notre point fort. Et ce circuit ne nous convient pas du tout. »
Le message des pilotes KTM est limpide : le potentiel est là, mais les solutions tardent. Dans deux semaines, une journée d’essais officiels MotoGP au MotorLand Aragon pourrait être décisive pour calmer les tensions… ou les raviver. Si KTM ne réagit pas, la grogne pourrait bien se transformer en crise ouverte.