Aleix Espargaró, qui rêvait d’une double carrière après sa retraite MotoGP, voit son aventure cycliste s’achever aussi vite qu’elle avait commencé. Après une seule saison au sein de l’équipe de développement Lidl-Trek, le pilote catalan met fin à son engagement… sur ordre direct de Honda.
Une décision lourde, frustrante, mais qui montre à quel point HRC veut un pilote d’essai entièrement dévoué à la renaissance de sa RC213V.
Aleix ne l’a pas caché : l’arrêt du cyclisme n’est pas un choix personnel, mais la conséquence d’une demande claire — et ferme — venue de la direction Honda.
« Alberto Puig connaît ma passion pour le vélo, mais il m’a demandé de me concentrer davantage sur la moto. »
Honda est engagée dans une reconstruction totale de son projet MotoGP. Et pour faire revivre une RC213V à la dérive depuis 2020, Puig estime qu’Espargaró doit être 100 % dédié au rôle de pilote test, sans distractions, sans seconde carrière, sans risque de blessure supplémentaire.
Aleix reconnaît d’ailleurs avoir sous-estimé la charge mentale et physique d’un double engagement :« je pensais pouvoir être dans les deux mondes, mais ce n’était pas le cas » rapporte moto.it.
Même très courte, l’expérience cycliste professionnelle d’Espargaró n’a rien eu d’anecdotique. Loin d’être une opération marketing, il s’agissait d’une vraie reconversion sportive, menée avec sérieux et résultats, qui l’a amené à la 7è place de la 114e UCI World Series Gravel Race. Prestation remarquable pour un pilote venu d’un tout autre univers.
Au Tour d’Autriche, l’une des épreuves les plus dures du calendrier. Aleix a dû abandonner après une chute lors de la 3e étape — un premier avertissement pour Honda et Puig.
Sur le Circuito de Getxo, une autre course de prestige dans la péninsule ibérique, il a continué à accumuler les kilomètres comme un véritable coureur pro.
Ces performances donnent la mesure de sa condition physique… mais aussi du risque permanent lié au cyclisme professionnel. Un risque que l’usine Honda n’est pas prête à accepter, surtout au moment où la marque tente de reconstruire son statut en MotoGP.
Honda veut un Aleix Espargaró totalement engagé dans le MotoGP 2025–2027
HRC reconstruit sa RC213V autour de la nouvelle direction technique menée par Romano Albesiano, des retours d’Aleix Espargaró, des efforts combinés de Zarco, Mir et Marini, et d’un plan de développement étalé sur deux saisons.
Pour Honda, l’apport d’Aleix est devenu indispensable. Son expérience, sa sensibilité technique, sa franchise dans les retours, et sa capacité à identifier les faiblesses d’un prototype sont utiles.
Impossible, donc, de le laisser poursuivre une carrière secondaire qui mange du temps, de l’énergie… et augmente drastiquement le risque de blessure.
Espargaró l’assure cependant : même s’il ne pourra plus courir en pro, il n’abandonne pas définitivement le cyclisme. Il continuera à s’entraîner avec Lidl-Trek dès que le calendrier MotoGP lui laissera une fenêtre.
Autrement dit, la relation reste excellente. Plus de compétition officielle, mais toujours une porte ouverte pour s’entraîner avec l’équipe, et une amitié sportive intacte.
Honda reprend la main, Espargaró ferme une parenthèse et revient à son rôle clé. Ce n’est pas une fin idéale pour Aleix Espargaró, qui voyait dans le cyclisme une nouvelle carrière possible après le MotoGP. Mais c’est une décision logique dans le contexte actuel.
Honda a besoin d’un pilote test à plein temps, la RC213V reste l’un des projets les plus complexes du paddock, et Espargaró est devenu une pièce maîtresse de ce redressement.
Il tourne donc la page Lidl-Trek, à contrecœur mais sans amertume, convaincu qu’il peut aider Honda à redevenir une force incontournable.
