Arrivé cet hiver chez Honda en tant que pilote d’essai, Aleix Espargaró ne s’attendait pas à un tel choc culturel. Après des années passées dans un environnement de développement « à l’européenne » chez Aprilia, l’Espagnol a dû apprivoiser la célèbre — et parfois rigide — méthode d’ingénierie nippone.
Et il l’avoue clairement : ses débuts ont été un casse-tête. « Au début, j’avais vraiment du mal à comprendre comment fonctionnaient les Japonais », raconte Espargaró.
« Chez Aprilia, quand tu as un problème avec le châssis, tu vas voir la personne responsable du châssis. Pour l’électronique ou le moteur, c’est pareil. Chez Honda, c’est beaucoup plus compliqué. Il y a beaucoup de monde, et il est difficile de comprendre exactement qui est responsable de quoi. »
Heureusement pour Espargaró, il n’est pas seul. Romano Albesiano — ex-directeur technique Aprilia — a également rejoint Honda. Ensemble, ils ont travaillé à simplifier la communication interne, accélérant la circulation des informations essentielles au développement de la RC213V.
« J’ai beaucoup parlé avec Romano. Il comprend mieux leur système, il a passé beaucoup de temps au Japon. »
« Aujourd’hui, quand j’ai besoin de quelque chose rapidement, je sais à qui m’adresser. L’information est plus directe. »

Aleix Espargaró : « Honda a fait un effort considérable, notre méthode actuelle n’a plus rien à voir avec celle du début »
Ce changement interne se reflète sur la piste : première victoire en deux ans, trois podiums sur le sec, et sortie du fond du classement Concessions.
Une progression que le nouveau pilote d’essai estime clairement liée à cette transformation culturelle : « Honda a fait un effort considérable. Ils ont compris que travailler comme nous le faisons maintenant est plus efficace, c’est mieux. »
Et il conclut : « notre méthode actuelle n’a plus rien à voir avec celle du début. »
Avec une structure plus agile, l’expertise d’un ingénieur européen de haut vol, et l’expérience d’un pilote qui a su se réinventer après sa retraite sportive, Honda semble enfin revenu sur le bon chemin.
Mais dans un MotoGP où Ducati règne encore largement, la réelle victoire d’Espargaró ne sera visible que le jour où la Honda redeviendra une arme gagnante régulière.





























