Serait-ce la panique à Noale ? Aprilia Racing, qui misait tout sur le recrutement du champion du monde Jorge Martin pour briller en 2025, se retrouve dans une galère monstre. Trois accidents graves en ce début de saison – un vrai cauchemar – ont cloué le « Martinator » au sol, avec des fractures multiples (côtes, poignet, pied) et un pneumothorax qui le tiendront éloigné des circuits pour deux à trois mois, selon les médecins interrogés. Exit les rêves de titre, place à une crise de capacité pour Massimo Rivola, le boss d’Aprilia Racing, qui doit revoir ses plans à la vitesse grand V.
C’est un véritable séisme que traverse Aprilia en ce printemps 2025. La nouvelle absence prolongée de Jorge Martin, champion en titre et grande recrue de l’année, vient fendre l’édifice méthodiquement construit par Massimo Rivola. En quelques semaines, les espoirs d’une saison flamboyante ont volé en éclats – trois lourdes chutes, des côtes brisées, un pneumothorax… et un retour qui ne se fera probablement pas avant l’été.
Jusqu’ici, le plan pouvait tenir bon, au prix de quelques ajustements. Mais l’idée d’une saison partielle pour Martin s’effondre face à la réalité clinique. Et Rivola doit maintenant réagir : car au-delà de la perte d’un prétendant au titre, Aprilia se retrouve confrontée à un déficit structurel – un problème de capacité humaine.
Officiellement, Lorenzo Savadori reste le remplaçant désigné. Mais entre son rôle de pilote d’essai déjà très étiré et des performances en course qui plafonnent, la solution a vite montré ses limites. Et surtout, que faire si un deuxième pilote Aprilia est contraint à une pause dans le calendrier infernal du MotoGP 2025 ?
Rivola le sait : l’équilibre est trop fragile. La double casquette de Savadori, louable dans le concept, devient risquée dans la durée. Et si Aprilia profitait de cette période troublée pour poser la première pierre de son futur ? Il est évident que Savadori ne représente pas une solution d’avenir. Alors pourquoi ne pas promouvoir un jeune talent de Moto2 pour les remplacements de Martin ?
Aprilia doit choisir entre limiter la casse ou prendre un risque calculé
Les résultats sportifs ne seraient probablement pas inférieurs… mais l’investissement stratégique, lui, serait considérable, une démarche que la prestation d’Ai Ogura légitime. lors des wild-cards futures, ce pilote pourrait déjà offrir de meilleures garanties que la configuration actuelle.
Sur le papier, cette stratégie a du sens. Mais la pratique s’annonce bien plus complexe : la plupart des meilleurs profils Moto2 sont sous contrat jusqu’en 2026 ou en pleine bataille pour le titre. Il est peu probable qu’un Canet, un Dixon ou un Lopez accepte une mission temporaire sans perspective claire. Et surtout, Aprilia n’a actuellement ni structure satellite forte ni levier politique suffisant pour imposer un programme junior à la manière de Ducati ou KTM.
Le constat est implacable : Aprilia a misé gros sur Martin, sans plan B crédible. Et si la blessure du Madrilène est un coup du sort, ne pas en tirer les conséquences serait une erreur stratégique. Deux pistes réalistes pour Aprilia : renforcer dès maintenant son équipe d’essai, avec un profil jeune et rapide. Le futur de l’équipe passe par là. Entrer rapidement en contact avec des managers Moto2, pour verrouiller une solution à moyen terme. Et pourquoi pas offrir quelques wild-cards d’ici la fin de saison pour tester ces profils.
La saison 2025 est encore longue… mais Rivola n’a plus le luxe d’attendre. Les ambitions d’Aprilia pour cette saison n’ont pas disparu. Mais le plan Jorge Martin n’est plus viable seul, du moins pour l’instant. Et si Rivola ne veut pas que cette saison bascule dans le chaos, il doit rapidement transformer le coup dur en opportunité, en restructurant l’organigramme sportif autour d’un vrai plan B.
Sinon ? Aprilia pourrait perdre bien plus qu’un championnat. Elle pourrait perdre l’élan patiemment construit ces trois dernières années en MotoGP.